Blacklist n°5 | Céline Boutier nous met au fond du trou


D’ordinaire, le golf est un sport ami. Une de ces disciplines que nous n’avons aucun mal à regarder et commenter. Pour la simple et bonne raison que très souvent, de belles surprises se cachent derrière le tee. Jean Van de Velde, Thomas Levet, Ugo Coussaud, Julien Guerrier, Matthieu Pavon ou bien encore Jean-François Remésy. Ces noms ne vous disent sans doute rien, mais ils ont pourtant donné des lettres de noblesse au golf français. Puis Céline Boutier est arrivée sur les greens.

On va mettre fin au suspense de suite ; avec Céline Boutier, nous avons affaire à la joueuse ayant obtenu le meilleur classement de l’histoire du golf français, hommes et femmes confondus. Autant vous dire que nous ne pouvons, et ne devons pas prendre ce dossier à la légère. Cela constituerait une faute professionnelle grave.

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On aura vécu 20 belles années…

Native de Clamart, petite commune dans les Hauts-de-Seine, Céline Boutier s’expatrie aux Etats-Unis pour développer son jeu. A l’instar de Léon Marchand, nous voyons d’un mauvais œil ces jeunes Français qui partent aux USA. Et elle n’a pas attendu très longtemps pour nous faire vivre l’enfer. Numéro 1 mondiale en 2014, elle atterrit dans le circuit professionnel dès 2016. De là, elle participe deux fois à la Solheim Cup, le pendant féminin de la Ryder Cup, et remporte 5 tournois sur les circuits européens et américains. Mais la saison passée, c’est la bérézina. Aucun trophée soulevé, et la FFL prend déjà la confiance. Mal lui en a pris.

Dès le 26 mars, Céline Boutier ouvre son compteur de la saison en soulevant son 3ème titre sur le LPGA. Elle devient ainsi la golfeuse française la plus titrée de l’histoire sur le circuit américain. Rien que ça. Puis tout bascule le 30 juillet dernier. Celle qui a débuté au Paris Country Club remporte l’Amundi Evian Championship. C’est tout simplement la première Française à remporter un Majeur depuis Catherine Lacoste en 1967, et Patricia Meunier-Lebouc en 2003. On avait eu la paix durant 20 ans, c’est désormais fini. Céline vient de déterrer le club de guerre.

Et non seulement elle remporte le tournoi, mais en plus avec des coups de ce genre.

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La mission de Boutier : nous détruire

On pourrait penser que le gain du premier Majeur de sa carrière suffise à la combler pour toute l’année. Mais c’est visiblement (très) mal connaître la Francilienne. En effet, dès la semaine suivante, Céline s’inscrit sur le Scottish Open, et le remporte of course. Deux titres en deux semaines pour la native de Clamart. Un doublé tout simplement historique, car aucune golfeuse n’était parvenue à accomplir un tel exploit depuis Jin Young Ko en 2021. Et bien sûr, il fallait que cela tombe sur nous. Cela commence à bien faire.

“Gagner deux fois d’affilée c’est incroyable” C. Boutier

 

Bis repetita le 24 septembre. La Solheim Cup 2023 ouvre ses portes, et ce sera également l’occasion pour la Française d’ajouter un nouveau trophée cette saison.

Contrairement aux apparences, Céline n’hésite pas à perdre plusieurs matchs lors de ce tournoi, et à mettre à mal la Team Europe. Mais les Etats-Unis ne profitent pas de l’occasion, et offrent la troisième Solheim Cup consécutive à Boutier et aux Européennes. Que la saison se termine, et vite.

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Le MayBank Championship pour nous achever

La Française s’engage sur le MayBank Championship en Malaisie. Et on ne va pas être déçus du voyage. Fin octobre, alors que la saison se termine et que les organismes comment à tirer, Céline nous offre sans doute le plus beau pire duel de l’année. La victoire se joue entre elle et Atthaya Thitikul. Et les deux joueuses vont mettre du temps, beaucoup de temps pour se départager. Alors qu’on pense que le quatrième trou de play-off sera le bon, les deux golfeuses réalisent tour à tour un birdie. Écœurant.

Puis arrive le huitième trou de play-off, Boutier réalise une superbe approche, certainement suffisamment pour se défaire de son adversaire. Que nenni. Le même coup sort de son club.

Dans ce jeu à mort subite, c’est finalement Céline qui sort gagnante au neuvième trou de play-off. On éprouve encore des difficultés à regarder ces images.

“On n’est que trois femmes et un homme à avoir remporté un Majeur. Mais gagner trois autres tournois au regard de la densité sur le circuit, ça commence à peser. Seuls les grands champions comme Tiger Woods y parviennent” P. Meunier-Lebouc

Cela n’a pas le don de nous rassurer, Patricia.

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La place de numéro 1 mondiale en vue pour Boutier

Avec ce lot de trahisons, c’est en toute logique que Céline Boutier vise la place de numéro 1 mondiale. Comme si les trophées qui jonchent son placard ne suffisent pas à notre malheur. Pour y parvenir, la Française doit faire mieux que ses concurrentes à l’occasion du Annika driven by Gainbridge at Pelican. Oui, le dernier tournoi de la saison régulière du LPGA Tour porte bel et bien ce blaze. Céline Boutier est 3e mondiale (7,62), à un rien du leader Yin Ruoning (7,76). Mais la Française manque finalement le cut pour 1 seul point, et est éliminée du tournoi. Ouf.

Toutefois, par la magie des barèmes, Céline vire en tête du classement juste avant la grande finale annuelle, le CME Group Tour Championship. L’équivalent du Masters au tennis. L’épreuve a lieu à Naples, non pas dans le sud de l’Italie, mais en Floride. La beauté de la géographie mondiale. Boutier est n°1 mondiale virtuelle, et doit s’assurer de terminer devant ses concurrentes. Amy Yang remporte finalement le tournoi, et Lilia Vu en profite pour terminer numéro 1 mondiale. Au nez et à la barbe de Céline. Notre seule joie de la saison. Oui, nous sommes heureux de voir une Française terminer 2e du Rolex Player of the Year.

Les temps ont définitivement changé.

“Je me sens prête à mieux gérer la pression du public français” C. Boutier

Ça, on en reparlera en juillet prochain lors des JO.

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Les raisons de notre choix

Les +

  • Céline a passé 19 semaines d’affilée dans le Top 10 cette saison.
  • Avec une saison à 5 trophées dont 1 Majeur, il ne faut pas s’étonner de figurer si haut dans notre Blacklist.
  • A 7 mois des JO de Paris, sa forme du moment et sa connaissance aigüe du parcours de Saint-Quentin-en-Yvelines posent véritablement problème.

Les –

  • Ne pas sous-estimer sa performance mi-figue mi-raisin lors de la Solheim Cup.
  • Rater la place de numéro 1 mondiale lors du dernier tournoi de la saison, cela n’a pas de prix.

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