FFL d’Or n°5 | Rémi et Charly, la célébration de l’année


Dans le cyclisme, il n’y a pas que le Tour de France. Même si cette course prend beaucoup, beaucoup de place. En effet, il y a aussi l’immense Grand Prix Cycliste de Saint-Symphorien-sur-Coise. Inutile de vous le présenter, sa réputation le précède. Après plusieurs années d’absence, la course revient au calendrier pour une 52e édition. Et Rémi et Charly vont lui rendre un fier hommage.

Nous sommes le 18 juin, il est 15 heures quand le départ est donné sur l’Avenue Etienne Billard. Au programme, 28 tours pour une distance totale de 93 kilomètres piégeux, avec du dénivelé et des descentes. Les coureurs se rendent notamment à La Neylière à Pomeys, ainsi qu’au Château de Pluvy. Bref, le tour de la France condensé en moins de 100 bornes.

A cette occasion, l’équipe EC Saint-Etienne-Loire, ou ECSEL pour les matheux, est invitée. Et parmi ses coureurs figurent notamment Rémi et Charly. Deux inconnus au départ, mais qui vont devenir d’immenses stars à vos yeux d’ici quelques minutes. A cette période de l’année, les deux jeunes hommes ont déjà disputé une quinzaine de courses, autant vous dire que cette épreuve dominicale, c’est leur “journée au boulot” à eux.

Le résumé rapide de la course de Rémi et Charly

Dès le kilomètre 10, Charly décide de sortir du peloton et de placer une attaque. Dès lors, une échappée de 7-8 se forme, dont 3 font partie de l’équipe stéphanoise. Les veinards. Puis à 10 tours de la fin, c’est la bascule. L’échappée se coupe en deux, réduisant le groupe de tête à quatre coureurs, puis à trois. Rémi, Charly et un certain Simon. Dès lors, le remake de l’étape du col du Granon voit le jour. Dans la peau de Roglic et Vingegaard, nous avons Rémi et Charly. Puis dans celle de Pogacar, la bête harcelée, c’est Simon qui interprète ce rôle avec brio.

Et comme entre les coureurs de la Jumbo et celui d’UAE, Simon finit par exploser à quelques kilomètres de l’arrivée. Le coureur du VC Villefranche Beaujolais voit ses deux adversaires prendre le large, un retard qui semble définitif. À 1,5 kilomètre de l’arrivée, les deux coureurs de tête possèdent environ 40 secondes d’avance. Et, comment dire, la grosse confiance les habite tout à coup.

“Les gens au bord de la route nous disaient qu’on avait une grosse avance, donc on était sûrs de gagner” Charly

Et comme si la certitude de cette avance n’était pas assez grande, la bataille pour la victoire entre Rémi et Charly est même annoncée au micro. Mais il n’y aura pas de bataille. En effet, les deux zigotos commencent à discuter pour savoir qui va s’imposer. Et à ce petit jeu, c’est Rémi qui sort le vainqueur de ces négociations. Son avenir chez Micromania est tout tracé.

“Rémi m’avait laissé gagner plus tôt dans l’année. Donc je devais lui laisser la victoire, un genre d’échanges de bons procédés” Charly

Le finish hors du commun de Rémi et Charly

Comme le hasard fait bien les choses, pile sur cette course, aucun ardoisier n’est présent pour indiquer les écarts. Une situation qui n’a jamais été vécue auparavant par Rémi et Charly. Mais pour chasser le doute qu’ils pourraient avoir, ils s’aperçoivent qu’une voiture les suit. Ce qui signifie que l’écart entre les leaders et les poursuivants et d’au moins 45 secondes. Enfin, en théorie. En effet, la voiture les suit alors même que ce diable de Simon est juste derrière. Pour mieux les surprendre, me direz-vous.

“On entendait les gens crier, on pensait que c’était pour nous. On ne savait pas que c’était pour nous avertir que Simon arrivait” Rémi

Alors que les deux jeunes coureurs sont bras dessus bras dessous, et pensent franchir la ligne d’arrivée en faisant une accolade à la Van Aert – Laporte, voici que Simon leur coupe l’herbe sous le pied à 5 mètres de l’arrivée. Rémi et Charly rêvaient d’un doublé, ils finissent 2 et 3. Sensationnel.

Rémi et Charly étaient donc à un dos d’âne de remporter l’étape. Littéralement.

La plus grosse difficulté du jour : gérer l’après-course

Une fois que l’adrénaline redescend, la raison reprend le dessus. Et allez expliquer à votre cerveau que vous n’avez pas remporté l’étape alors que vous voyiez la ligne d’arrivée à 5 mètres, et personne devant. Cela revient à diviser un nombre par zéro.

“Au début on se sent un peu cons, on se regarde et on se dit ‘qu’est ce qu’on a foutus ?’” Charly

Fort heureusement pour les deux coureurs, le troisième lascar sait leur remonter le moral. Enfin, à sa manière.

“Simon nous a dit ‘bien joué’” Rémi

Puis une fois que la déception passe, l’opportunisme pointe le bout de son nez. Visiblement, nous ne sommes pas les seuls charognards sur cette planète.

“Après cela fait toujours de la visibilité pour le club, si ça peut nous aider à trouver d’autres sponsors…” Charly

On n’aurait pas dit mieux. Avec un tel scénario et un si beau dénouement, Rémi et Charly ne pouvaient être membres que d’une équipe basée à Saint-Etienne. Cela tombe sous le sens. On se quitte avec la morale du jour, et qui d’autres que nos deux protagonistes pour la prononcer en chœur ?

“On n’a pas gagné tant qu’on n’a pas franchi la ligne…” Rémi & Charly

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Les raisons de notre choix

Les +

  • Se faire chiper la victoire à 5 mètres de l’arrivée, cela peut arriver, mais avec un équipier à ses côtés, c’est tout bonnement zinzin.
  • Arriver à faire parler de soi au sein d’une équipe de National, c’est très fort.
  • Un petit bonus pour avoir porté le maillot d’une équipe stéphanoise lors de cet exploit.

Les –

  • Rémi et Charly font tout de même 2 et 3, et selon les dires de Simon, “ils étaient plus forts que lui et l’ont semé à la pédale“. Pas très FFL tout ça.
Tom