GP Monaco 1992 | Nigel Mansell perd une course impossible à perdre


Nigel Mansell

En 1992, les Williams Renault dominent de la tête et des épaules le championnat. En interne, Nigel Mansell écrase Riccardo Patrese. Mais l’Anglais parvient à réaliser un exploit encore plus grand : ne pas s’imposer à Monaco malgré 30 secondes d’avance.

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Un début de course seul au monde

La course de Mansell débute comme sa saison ; à savoir sans concurrence. Vainqueur des cinq premières manches du championnat, Nigel débarque à Monaco avec l’étiquette (ou plutôt la pancarte) de grandissime favori. Et ce ne sont pas les qualifs qui vont contredire cette théorie. L’Anglais claque la pole position avec près de 9 dixièmes d’avance… sur son propre coéquipier, et plus d’1 seconde sur Senna. Autant vous dire que le suspense n’a pas tenu à faire le déplacement pour le cinquantième anniversaire du Grand Prix de Monaco.

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Au moment de l’extinction des feux, Mansell conserve la tête de la course après le premier virage ; la sieste peut enfin commencer. Dès le deuxième tour, Mansell compte déjà 2 secondes et demie sur Senna, 13 secondes au 14e, 20 secondes au 40e et même 30 secondes jusqu’au 69e. Mansell possède donc une demi-minute d’avance à 10 tours de l’arrivée.

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Mais personne n’est étonné sur le Rocher ; au Brésil, Nigel avait terminé avec 29 secondes d’avance sur son coéquipier, seul pilote à avoir fini dans le même tour que lui (oui, vous avez bien lu). L’écart grimpera même à 46 secondes au GP de France. Et dire que certains osent rager de l’avance des Red Bull aujourd’hui ; on est bien loin de l’époque de tonton Nigel.

Dans le clan Williams Renault, on commence à anticiper les préparatifs pour la victoire. Mais à 8 tours de l’arrivée, Mansell est en délicatesse avec sa voiture. Il peine à prendre la corde sur tous les virages, alors il plonge sans réfléchir dans les stands. Espérant que son équipe va déceler le problème. Ce sera surtout le début de la fin.

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Un duel pour l’éternité

Les mécanos inspectent la monoplace, mais ils ne trouvent rien. L’arrêt aux stands aura seulement permis à Nigel de changer de pneus. Alors même que le point du meilleur tour n’existe pas encore. Nigel, ce précurseur. Mais cet arrêt a une autre incidence sur la course ; Senna a repris les commandes tel un filou. Le Brésilien compte 4 secondes d’avance. Rarement cette avance aura fondu aussi vite dans l’histoire du sport automobile. A coup de 2 secondes par tour, l’Anglais retrouve le Brésilien sans avoir à forcer.

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Les trois derniers tours sont irrespirables, Senna élargit les épaules comme il peut dans chaque ligne droite, ferme toutes les ouvertures possibles et imaginables sur chaque virage. Derrière, Mansell klaxonne, lève les mains, bout sous son casque. On ne se croirait plus à Monaco, mais bel et bien sur le périph parisien. Le duel est encore aujourd’hui l’un des plus iconiques de l’histoire de la F1. En balance avec le restart des Alpine en Australie.

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Vous l’aurez compris, Nigel est incapable de trouver la moindre ouverture sur Ayrton. Le Brésilien franchit la ligne d’arrivée avec 2 dixièmes d’avance sur l’Anglais (+00.215s). Une éternité pour une course à Monaco. Alors même que Mansell possédait 30 secondes d’avance à 10 tours de l’arrivée, toujours important de le rappeler. Lors de la cérémonie du podium, Senna tient à peine debout, quand Mansell a besoin d’être soutenu par un commissaire de course, épuisé et sans plus aucune énergie.

Ça change des cool rooms actuelles.

“Je souffre d’avoir perdu une course que je contrôlais” N. Mansell

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Tom