Coupe du Monde 98 | Ni oubli, ni pardon


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La Coupe du Monde 98 a traumatisé à jamais le peuple brésilien et la FFL. Alors pour effectuer notre thérapie, nous avons justement décidé de vous offrir le récit de cette fameuse journée du 12 juillet 1998, placée sous le signe de haute trahison à la Nation.

Si tout le monde parle en boucle du 12 juillet 1998, l’aventure commence elle pourtant six ans plus tôt, un certain 2 juillet 1992. À Zurich, le comité exécutif de la FIFA désigne la France comme pays organisateur de la Coupe du Monde 98. Le début de la fin pour la FFL.

Un avant-match mouvementé

19h30 : Le bus des Bleus arrive au Stade de France. Et contrairement à Knysna douze ans plus tard, les joueurs de l’équipe de France vont descendre du bus.

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20h50 : À dix minutes seulement du coup d’envoi, Jacques Chirac découvre l’identité des joueurs de l’équipe de France. Un playback presqu’parfait.

Jacques Chirac, passion : prononcer uniquement la dernière syllabe des noms de joueurs.

20h55 : La Marseillaise est reprise en chœur par les 80 000 spectateurs, la Garde républicaine, le staff sur le banc de touche et les 10 joueurs alignés sur la pelouse. Seul Christian Karembeu paraît impassible, aucun mouvement de lèvre. À croire qu’il a oublié les paroles avec la pression. Le bougre n’aurait pas duré très longtemps chez Nagui.

20h58 : Exclu en demi-finale face à la Croatie après un petit geste d’amitié sur Slaven Bilic, Laurent Blanc est encore en survêtement à quelques secondes du coup d’envoi. Puis Lolo va être traversé par une fulgurance. Le libéro se dirige vers Barthez et lui dépose un baiser langoureux sur le crâne entièrement lisse. Roberto Carlos regarde cette scène de l’autre côté de la pelouse, terriblement jaloux. Fabulous Fab sera géant par la suite. Le Baiser maudit.

Le résumé du match France – Brésil

21h00 : Le coup d’envoi est donné par les Français. Les Bleus ont tout gagné ce soir-là, jusqu’au toss. Insupportables.

21h03 : Guivarc’h ne met pas longtemps pour se mettre dans le bain. Le buteur de l’AJA se présente devant Taffarel et envoie une retournée au-dessus des cages. Tir non cadré, le premier d’une longue série pour Stéphane.

21h20 : Roberto Carlos manque tellement son centre qu’il est à deux doigts de lober Barthez en trouvant la lucarne. La plus grosse occasion des Brésiliens au bout de 20 minutes de jeu est donc un centre dévissé. Dès cet instant, nous aurions dû comprendre.

21h24 : Sur un corner frappé par Leonardo (tiens tiens), Rivaldo reprend le ballon de la tête et le loge sous la barre. À peine nous commençons à nous lever que les gants de Barthez nous font nous rasseoir immédiatement. Le divin chauve vient de frapper une première fois ce soir.

21h27 : D’un coup de tête décroisé, Zinédine Zidane ouvre le score, et marque son tout premier but de la compétition. Le timing est à revoir de A à Z, tout comme notre ligne éditoriale. Notons ce petit cri mexicain à la 42e seconde.

21h30 : Lancé en profondeur, Ronaldo nous montre sur cette action que son malaise subi avant la finale n’est qu’un lointain souvenir. Mais Il Fenomeno n’a pas le temps de kiffer sa finale que Barthez réalise une sortie schumacheresque. Sans le genou avant, ni l’air arrogant une fois l’attaquant cloué au sol. L’original était quand même d’un tout autre level.

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21h45 : Malgré son mètre 92, Júnior Baiano se troue dans son intervention aérienne. Malheureusement pour lui, un joueur français a suivi et se dirige seul au but. Mais heureusement pour le Brésil, il s’agit de Stéphane Guivarc’h. Le Breton se présente seul face à Taffarel, et malgré le but ouvert, il parvient à trouver son gant gauche.

21h46 : Dans le temps additionnel de la première mi-temps, le multirécidiviste du coup de boule frappe une nouvelle fois. Zizou place un second coup de boutoir avec son crâne dégarni, bien aidé par la glissade au pire moment de Dunga qui le tenait au marquage. Le numéro 10 devient par la même occasion l’ennemi public numéro 1 de la FFL.

Le numéro de Guivarc’h n’est pas terminé

21h50 : À la réception d’un centre de Roberto Carlos au second poteau, Ronaldo arme une lourde frappe. Arrêtée non pas par les gants de Fabulous Fab, mais par son estomac. Valait mieux avoir digéré son repas avant le match.

22h18 : Stéphane Guivarc’h profite d’une nouvelle intervention foirée du capitaine Dunga pour tenter un énième duel face à Taffarel. Mais le gardien brésilien ne peut effleurer le ballon. Et pour cause, il passe deux mètres au-dessus des cages. Avec sa reprise de volée dévissée, Stéphane nous a une nouvelle fois fait du Guivarc’h.

22h21 : Aimé Jacquet décide de mettre fin au sublime massacre de Guivarc’h à la pointe de l’attaque, et le remplace par Dugarry. Difficile d’entrer sur la pelouse avec l’étiquette de remplaçant de Guivarc’h. Impossible d’avoir encore moins de crédibilité sur la planète football.

22h22 : L’heure de notre ultime espoir. Marcel Desailly écope d’un second carton jaune à la suite d’une intervention manquée sur Cafu. La raison de son expulsion ? Ni plus ni moins que sa spécialité durant toute sa carrière : le tacle en retard.

22h30 : Parti seul au but, Dugarry a l’occasion de prouver à Aimé Jacquet qu’il méritait sa place de titulaire malgré sa blessure. Mais le jumeau footballistique de Zidane écrase complètement son tir. Dugachy is back.

“Je vais casser le téléviseur” J-M. Larqué

22h48 : Replacé en défense centrale après l’expulsion de Marcel Desailly, Emmanuel Petit va quand même participer à une contre-attaque à la 93e minute. Et le pire, c’est que le bougre est à la conclusion de l’action pour faire trembler les filets brésiliens une troisième et dernière fois. Il s’agit également du 1000e but de l’histoire de l’équipe de France. Cette finale n’a absolument aucun sens bordel.

22h50 : La France devient championne du monde pour la première fois de son histoire. A définitivement connu meilleur dimanche.

«Je crois qu’après avoir vu ça, on peut mourir tranquille. Enfin, le plus tard possible, mais on peut. Ah c’est super. Quel pied, ah quel pied ! Oh putain ! Olalala !» T. Roland

Après la rencontre, 1,5 million de supporters s’amassent sur les Champs-Élysées pour célébrer la victoire. C’est plus que les 1 million de Français présents sur les Champs pour acclamer le Général de Gaulle lors de la Libération de Paris en 1944.

Le peuple français est vraiment unique au monde.

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Tom