Coupe du monde 2015 | France-Nouvelle Zélande | La claque des Blacks


France Nouvelle Zélande

Quatre ans après l’arbitrage salvateur de Craig Joubert et quatre ans avant le coude génie de Vahaamahina, le XV de France a vécu une Coupe du monde 2015 où il ne comptait pas sur les exploits individuels pour réaliser de grandes choses. La solution était ailleurs : être juste mauvais, tous ensemble. Une apothéose atteinte le 17 octobre 2015, contre les All Blacks.

On le sait tous, une Coupe du monde de rugby ne commence véritablement qu’à partir des quarts de finale (enfin, sauf en 2011, quand on tombe contre les îles Tonga). C’est pour cela que nous passerons vite sur la phase de poules où les Tricolores ont enfilé 32 points à l’Italie, 38 à la Roumanie et 41 au Canada. Juste avant de s’incliner dans la transparence la plus totale contre les Irlandais (24-9). Histoire d’assurer la deuxième place et le quart de finale contre la Nouvelle-Zélande.

Brice Dulin visionnaire

Comme en 2007, voici les Blacks et les Français de retour à Cardiff pour disputer un quart de finale. Avant la rencontre, les observateurs sont unanimes : la seule chose promise aux Français n’est plus la terre mais un calvaire. Ce à quoi Brice Dulin répond avec panache :

Pour nous mettre quarante points, il faudra qu’ils soient vraiment vraiment plus forts que nous.

Mais personne n’a jamais douté que les Français allaient être vraiment vraiment plus nuls que les Blacks.

Le match France – Nouvelle Zélande

Sur la pelouse, l’illusion ne durera guère longtemps. Une dizaine de minutes en fait. Le temps que Michalak se chauffe et se fasse bâcher par Retallick qui file ensuite à l’essai. Ce sera la dernière action en Bleu du demi d’ouverture tricolore. Un cadrage-débordement plus tard (dégusté par Dulin), la Nouvelle-Zélande mène déjà 17-6 et nous ne sommes qu’à la 25e minute d’un match où on voit mal les Français réussir à faire quoi que ce soit.

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À la demi-heure de jeu, Dan Carter sert Savea (qui entame à peine sa balade dans la défense française) d’une magistrale chistera. L’action va au bout et ça fait 24-6. En tribunes, mêmes les supporters français n’en ont plus rien à faire et apprécient juste le spectacle offert par les Néo-Zélandais.

Sur un malentendu, ça peut passer

Pour réagir, le XV de France n’a donc plus qu’une solution : être si nul que même les Blacks seraient surpris. Le seul essai français sera inscrit grâce à la maladresse des Tricolores, capable de surprendre à la fois les Français comme les Blacks. Picamoles, qui commence à être habitué aux passes manquées, est le plus prompt à réagir et récupère le ballon avant de s’en aller aplatir (un essai à admirer à 1’32 du résumé du match, juste un peu plus bas ⬇️)  .

Mais fallait pas fâcher les Blacks. Dans la foulée, Savea active le mode Lomu et efface tour à tour Nakaitaci, Speeding et Slimani sans préliminaires. Du jamais-vu dans le sport français depuis Mancini sur Réveillère.

En deuxième période, impossible de détailler chaque essai des Blacks, cet article serait plus long à lire que l’intégrale du Seigneur des Anneaux. Dites-vous juste qu’il y en a eu cinq, tous paraissant plus faciles les uns que les autres pour les All Blacks. C’est simple, les champions du monde rentrent dans les Français comme dans du beurre. Sans se demander s’il est doux ou demi-sel.

Fin de cycle en apothéose

Le calvaire L’extase prend fin à 62-13. Le XV de France vient de manger un 33-0 en une mi-temps. Clairement le match-référence pour de longues années. À titre de comparaison, la Namibie n’avait réussi qu’à prendre 58-14 contre les Blacks en phase de poules. Petits joueurs… Quand Philippe Saint-André quitte son poste, comptez sur lui pour faire les choses en grand.

Car oui, ce match marque la fin de carrière internationale pour Michalak et Papé mais aussi la fin du mandat de Saint-André. Dorénavant, le XV de France ne sera plus guidée par la voie chevrotante de PSA mais par l’accent de Guy Novès. Pour le meilleur et pour le pire, bien entendu.

Une performance saluée par la critique

Cet extraordinaire quart de finale de Coupe de monde aura également le mérite de mettre tout le monde d’accord. Y compris le journal l’Équipe dans son compte-rendu du lendemain :

Pour les joueurs français, l’alternative était élémentaire : soit ils terminaient en héros, soit ils s’inscrivaient comme les plus gros losers de l’histoire du rugby français.

En effet, élémentaire mon cher l’Équipe.