Le XV de France a une relation spéciale avec la Coupe du monde. Souvent cité parmi les favoris, jamais vainqueur. Une maxime qui nous sied à la perfection. Alors quand les Bleus parviennent à se hisser en finale d’un Mondial, la FFL se charge de recourir à la dernière option. Pas la plus jolie, mais la plus frustrante : l’arnaque arbitrale. Déjà en 1995, Derek Bevan avait porté cet art à un rang très élevé, en favorisant largement l’Afrique du Sud contre la France (et en empochant une montre au passage). Mais en 2011, Craig Joubert deviendra le maître de la discipline.
Des louanges en introduction
Quatre jours avant le match fatidique, Craig Joubert est désigné pour arbitrer la finale. Choix que le sélectionneur français n’oubliera pas de saluer :
“Cela dit, je considère depuis longtemps M. Joubert comme le meilleur arbitre du monde” Marc Lièvremont
En effet, le sifflet allait se jouer entre l’arbitre sud-africain et l’Irlandais Alain Rolland. Ce dernier arbitre France — Pays de Galles en demi-finale, et sort un rouge rapidement pour un plaquage cathédrale de Warburton. Ce qui pousse Lièvremont à se dire que ça aurait pu intrinsèquement influencer l’arbitre irlandais dans l’autre sens pour la finale.
Et cette finale, c’est une surprise générale pour tout le monde. Fessés en poules par la Nouvelle-Zélande (37-17), les Français subissent une humiliation sans précédent en Coupe du monde face aux îles Tonga. Défaite 19-14 en ayant subi l’impact physique tout le long du match. Bref, personne n’y croit. Et c’est bien quand personne n’y croit que le XV est potentiellement le meilleur. Victoire face aux Anglais en quarts (même s’ils étaient à 2 doigts de subir un comeback des familles) et face aux Gallois, en ayant été dominé durant une mi-temps à 15 contre 14.
Un Craig Joubert présent d’entrée
“L’arbitre de la rencontre, Mr Joubert, il est sud-africain, et il a excellente réputation !” Christian Jeanpierre.
Oui, Christian Jeanpierre est probablement le dernier français à avoir dit du bien de Craig Joubert, quelques secondes après le Haka néo-zélandais et juste avant le coup d’envoi. Il est 10 h du matin en France, et ce ne sont pas les croutes des yeux encore mal lavés qui nous font défaut. Oui, les Néo-Zélandais sont tout le temps hors-jeu et leurs joueurs ont le droit de roupiller en restant dans les zones de plaquage. Denis « Joubert » Brogniart offre même le totem d’immunité à Richie McCaw, qui peut contester les ballons où il veut, quand il veut, comme il veut.
De plus, les All-Blacks vont aussi se prendre pour leurs frères de couleurs, les Oakland Raiders. Sur une touche, 2 bloqueurs vont créer un espace aussi grand que le gouffre de Helm pour laisser passer Woodcock aplatir seul. Circulez, y’a rien à voir. Malgré tout, les Néo-Zélandais n’atteignent la mi-temps qu’avec un petit matelas maigrichon (5-0). Malgré l’aide de Craig, Weepu n’aura réussi aucun de ses coups de pied (0/1 transformation, 0/2 pénalités).
Et la France y a cru
Le début de seconde mi-temps ressemblera beaucoup à la première. Directement, un plaquage à la gorge non sifflé sur Trinh-Duc, puis une pénalité sifflée contre la France. Les All Blacks changent de botteur : 8-0. Mais un homme n’abdique pas. Thierry Dusautoir, déjà héroïque en défense, s’en va aplatir après un travail titanesque de Trinh-Duc. Craig Joubert fait bien le tour du poteau, y regarde à 2/3 fois mais doit s’incliner et siffler cet essai pour le XV de France. Essai qui sera transformé, 8-7.
“Oh putain je suis vraiment obligé de le siffler l’essai là?” pic.twitter.com/tGWvcyF98L
— Fédé 🇫🇷 de la Lose (@FFLose) October 23, 2020
Et là, Craig Joubert rentre dans un mode encore plus exceptionnel. Il le dira lui-même, la pression et le score font qu’il ne peut prendre que des décisions dont il est sûr, de peur de faire basculer injustement le match. Alors tout y passera à 2 cm de ses yeux, mais il craquera tout de même à la 65e, sur une mêlée écroulée. Trinh-Duc s’élance… et foire lamentablement. D’autant plus dur que ça sera la seule occasion française restante.
Les 10 dernières minutes seront un festival de coups de sifflet oubliés.
La France s’incline face au XVI intouchable des All Blacks. Dusautoir sera homme du match, pour rien. La moustache et les louanges post match de Lievremont n’y auront rien fait, la France ne sera pas championne du monde.
Le résumé du match, avec un Thierry Lacroix qui ne porte pas Craig dans son cœur.
Craig Joubert, le récidiviste
Les joueurs français ont beaucoup de mal à cacher leur immense amertume envers Joubert après le match. Mais qu’ils se rassurent, ils ne sont pas les seuls à lui en vouloir. 4 ans plus tard, les Écossais se feront voler un exploit face à l’Australie à cause de ce même Craig. Une pénalité qui n’aurait jamais dû être sifflée. De plus, à la fin du match, Craig Joubert tapera son meilleur sprint jusqu’au vestiaire pour esquiver les Écossais. Classe.