C’est l’histoire d’un pilote talentueux, rapide et fair-play. Bref, tout portait à croire qu’il deviendrait champion du monde de F1. Mais ce dernier préféra le titre hautement plus distingué de champion sans couronne. Ce pilote c’est Stirling Moss, et nous allons vous conter son histoire.
Des débuts très inquiétants du jeune Stirling Moss
La Formule 1 prend son envol en 1950, date du premier championnat du monde. Dès l’année suivante, un jeune prodige encore inconnu fait son apparition dans le paddock. Son nom ? Stirling Moss. Personne ne le sait encore, mais cet Anglais va accomplir une prouesse toujours inégalée plus d’un demi-siècle plus tard.
Le 19 septembre 1953, Stirling Moss remporte sa toute première course de Formule 1 au Ier London Trophy sur le circuit de Crystal Palace. Manque de pot pour l’Anglais, ce Grand Prix ne compte pas pour le championnat du monde. L’année suivante, rebelote. Stirling s’adjuge trois victoires, toutes organisées en Angleterre, mais aucune n’étant comptabilisées pour le classement du championnat du monde.
Classement qu’il termine d’ailleurs à la 13e place avec 4,14 points. Pourquoi cette décimale me direz-vous ? Tout simplement parce que pas moins de sept pilotes se partagent le point du meilleur tour en course à Silverstone. Le calcul du temps au dixième près n’existant pas encore à cette époque. Esseptionnel.
Fangio, le bourreau de Moss
La saison 1955 est le théâtre de la première victoire d’un pilote français en Formule 1, par le biais de ce diable de Maurice Trintignant. Mais elle voit surtout l’association de Stirling Moss avec un certain Juan Manuel Fangio chez Mercedes, double champion du monde à ce moment-là. L’Anglais gagne une course à Aintree, et cette fois-ci elle compte bel et bien pour le championnat. Mais manque de pot pour lui, la deuxième place de Fangio lors de cette course sacre l’Argentin pour la troisième reprise. Pour une fois que Stirling Moss monte sur la plus haute marche du podium, il fête par la même occasion son premier titre de vice-champion du monde. Pour les gens comme Stirling, dreams don’t exist.
La saison 1956 est celle de la confirmation pour l’Anglais. En effet, Moss remporte les Grands Prix de Monaco et de Monza. Mais cela ne l’empêche pas d’échouer pour trois petits points derrière l’inévitable Fangio au classement du championnat du monde. Double vice-champion du monde en deux ans, le haut niveau est maintenu.
L’année suivante, Stirling rafle pas moins de trois victoires. Et devinez quoi ? C’est un troisième titre consécutif de vice-champion du monde qui attend le Britannique. Toujours derrière Juan Manuel Fangio of course. On ne peut même plus parler de bête noire à ce niveau. À noter le quintuplé époustouflant du pilote français Jean Behra cette saison-là. Cinq victoires non homologuées pour le championnat du monde bien entendu. La classe.
1958, le point culminant de la lose est atteint
En 1958, Fangio décide de prendre sa retraite. Moss peut enfin respirer, et prétendre très logiquement à une couronne mondiale qui lui échappe depuis trois ans désormais. Mais très vite, un nouveau concurrent va sortir de l’ombre pour ruiner peu à peu ses espoirs : Mike Hawthorn. Le pilote Ferrari ne flambe pas en piste, mais se repose sur une régularité qui lui rapporte de gros points. Au cœur d’un mano a mano anglo-anglais, Moss se dégage de sa classe. Tandis qu’il vient de remporter le GP du Portugal, Hawthorn est disqualifié. Mais ce dernier récupère sa deuxième place après des réclamations de… Stirling Moss en personne. Le fair-play dans toute sa splendeur. Loin de nos valeurs, certes.
Pour la dernière manche au Maroc, Stirling doit remporter la course et espérer que Hawthorn ne finisse pas dans les deux premiers pour devenir champion du monde. À 15 tours de l’arrivée, Moss est en tête et Hawthorn n’est que troisième. Mais son coéquipier Phil Hill décide de lui céder sa place dans les derniers tours, synonyme de titre. Stirling Moss remporte la course et parvient à perdre le championnat pour un petit point, tout en ayant glané 4 victoires, contre seulement une pour Mike Hawthorn. Stirling décroche ainsi un quatrième titre de vice-champion du monde. En français ou en anglais, les mots nous manquent.
Une fin de carrière tout aussi frustrante
Les trois saisons suivantes voient Stirling Moss accomplir un autre exploit. Celui de décrocher à chaque fois la troisième place au classement du championnat du monde. George Russel a encore du chemin à parcourir avant de déloger le véritable Mister Consistency. Jamais Stirling Moss ne parviendra à décrocher le titre mondial, et ce malgré ses 16 succès en Formule 1. Un record. À l’an 2000, Stirling Moss laisse place à Sir Stirling Moss. Il était temps d’anoblir un si beau second.
Pour la petite anecdote, lors du mariage de Stirling en 1957, Fangio est invité et lui remet un cadeau spécial. Une montre sur laquelle est gravé “Au futur champion du monde“. Mais le destin en décida autrement.
Pour notre plus grand bonheur.