Si vous avez déjà affronté quelques-uns des profils de joueurs de tennis de la FFL, vous saurez que jouer contre un Limeur ou un Vicieux n’a rien d’une partie de plaisir. Mais si vous croyiez que le jeu sur-défensif et les tentatives de triche étaient déstabilisantes, c’est que vous n’avez pas encore affronté le Rageux. Le voici.
Profil du Rageux
Sous sa barbe qu’il laisse pousser pour compenser une calvitie qu’on ne peut même plus qualifier de naissante, le Rageux a à première vue tout du partenaire de tennis bon esprit, le genre à applaudir sur un joli point adverse. S’il s’entend donc plutôt bien avec tout le monde, le Rageux possède néanmoins un ennemi de taille : lui-même. Ne supportant pas d’être mis face à la dure réalité de ses lacunes techniques, le Rageux pratique le tennis avec un lourd handicap de deux adversaires, l’un situé de l’autre côté du filet, l’autre dans sa tête.
Contrairement à ce que l’on peut penser, le Rageux aime jouer au tennis. Capable de jolis passings de temps à autre, il est même souvent l’instigateur du match du dimanche, un match qu’il aborde toujours avec de bonnes intentions. Ces bonnes intentions durent généralement jusqu’à sa première faute non provoquée. À partir de ce moment, chaque seconde de jeu rapprochera le Rageux de l’implosion.
L’avant-match du Rageux
À l’échauffement, le Rageux est souriant. Conscient que sa partie de tennis a 90% de chances de se finir par un cadre de raquette plié, le Rageux profite de ce moment pour prendre un peu de plaisir avant le calvaire mental qui l’attend.
Le Rageux en match
Une fois le premier point débuté, le Rageux entre dans une lutte acharnée contre lui-même. Sentant les premiers accès de colère prendre le dessus, le Rageux tentera de les masquer le plus longtemps possible en optant pour la technique du réajustement de cordage factice. Même s’il espère que ce tripotement de tamis inutile fera croire à l’adversaire que son dernier revers raté de Bourrin est dû à un cordage mal aligné, Le Rageux utilise généralement ce moment pour se lancer un premier avertissement “t’as aucune technique p*tain”.
Pendant la première partie du match, Le Rageux se considèrera comme l’unique responsable de ses déboires. C’est n’est qu’après avoir insulté tous les compartiments de son jeu que le Rageux, à cours de raisons, dirigera son fiel vers les éléments extérieurs. Terrain mal nettoyé, coup de chatte de l’adversaire, bourrasque de vent, soleil trop bas, balle perdue du court voisin; une étincelle viendra tôt au tard précipiter le Rageux vers le point de non retour.
À ce moment précis, à bout de nerfs, le Rageux fixera sa raquette d’un regard vide le temps d’une grande inspiration, puis l’écrasera de toutes ses forces sur le court avant de finir sur un “allez c’est bon j’arrête, je joue comme de la m*rde” .
Si la frustration peut s’emparer de lui à tout moment, le Rageux n’est pas du genre à avoir des remords. Il ne ressentira aucune honte à raconter ses frasques à ses amis “J’ai éclaté ma raquette, j’te jure y’a rien qui rentrait”, allant même parfois jusqu’à conserver fièrement les ruines de sa raquette en souvenir de ses fissures mentales. Le Rageux ne le dira pas, mais s’il conserve ces tristes vestiges, c’est avant tout parce jeter sa raquette à 200 euros ferait extrêmement mal à son ego déjà égratigné.
Tu as reconnu un Rageux? Propose-lui une après-midi au spa la prochaine fois.