GP Japon 1995 | Alesi, la lose nippone


L’année 1995 aura été la saison qui a transmis le plus d’émotions à Jean Alesi et tous ses fans. Et de loin. Auteur de son unique victoire en Formule 1, le pilote avignonnais a également dû faire face à des désillusions terribles. Montagnes russes rencontrées habituellement chez tous les pilotes français. Une tradition. Et ce n’est pas le Grand-Prix de Suzuka qui va déroger à la règle. Une énième frustration de plus. Une victoire dans son palmarès en moins. Retour sur cette édition nippone de 1995 riche en émotions.

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Nom : Alesi. Profession : Traître de la FFL

Depuis ses débuts en Formule 1 en 1989, Jean Alesi réalisait un début de carrière parfait. Aucune victoire à se mettre sous la dent. Mais après 90 courses pilotées d’une main de maître, le Français part à la faute. En ce 11 juin 1995, Jean Alesi remporte le Grand-Prix du Canada, et sombre définitivement dans la victoire. La face obscure du sport français. Six saisons de dur labeur parties en fumée.

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Mais seulement quatre mois plus tard, la mascarade prend fin. Le costume de vainqueur ne convient pas à Jean. Et comment mieux le prouver que sur son circuit fétiche : Monza. Au volant de sa Ferrari, tous les tifosi sont acquis à sa cause. Alors qu’il s’élance en cinquième position, Alesi profite du triple abandon Coulthard – Schumacher – Hill pour se retrouver en tête de la course. Il fallait au moins ça. Tout le monde se remémore alors la course de la saison passée.

Alors que la victoire lui a échappé du bout des doigts à cause d’une boîte de vitesses l’année précédente, sa Ferrari lui arrache des mains une nouvelle fois un succès qui lui tendait pourtant les bras. À huit tours de la fin, c’est cette fois un roulement de roue qui prend feu. Mais qui climatise les 120 000 tifosi abasourdis dans les gradins.

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Une remontée lumineuse sous la pluie de Suzuka

Un mois et demi après sa déconvenue à Monza, qui devient un rendez-vous annuel, le monde de la Formule 1 fait un arrêt au Japon. Seizième et avant-dernière course de la saison. Schumacher vient de remporter son premier titre mondial. Mais la star lors de ce week-end, ce n’est pas l’Allemand. Mais bien Jean Alesi. Ce dernier se marie cette année-là avec la chanteuse japonaise Kumiko Goto. Véritable idole dans tout le pays, Alesi devient le pilote vedette de tout l’archipel. Et il peut ressentir toute la pression des fanatiques japonais sur ses épaules. Don’t crack under pressure.

Véritable mythe au pays du Soleil levant, il se rapproche davantage du mythe de Sisyphe sur la piste. En treize apparitions sur le tracé de Suzuka au cours de sa carrière, Alesi a abandonné huit fois. La question que vous vous posez à cet instant : l’édition 1995 fait-elle partie de ces huit chefs-d’œuvre ?

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Parti 2e, Alesi vole le départ. Il bouge avant l’extinction des feux. Et se voit pénalisé d’un stop and go de 10 secondes. Montréal est bel et bien loin. Cette sanction le fait ressortir dixième à 30 secondes du leader. Mais le Français n’abdique pas. Il prend le meilleur sur Frentzen dans les Esses de Senna, dépasse Herbert dans le 130R de manière agressive. Et réalise un coup de poker : il décide de rentrer aux stands pour chausser des slicks. Cette fois-ci, il connaît une meilleure réussite que Panis aux USA dans son choix des pneus.

Ressorti 15e, Alesi enchaîne les records du tour et dépasse un à un ses adversaires. En seulement quatre boucles, il retrouve sa seconde place. Du grand pilotage incontestablement.

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GP Japon 1995 : Sisyphe a encore frappé

Le Français reprend plus d’une seconde par tour à Schumacher, leader de la course. Jusqu’à se retrouver à quelques dixièmes de l’Allemand dès le vingtième tour ! Mais faute de DRS à l’époque, Alesi ne trouve pas l’ouverture.

Puis arrive le 25e tour. La bascule du Grand-Prix du Japon 1995 si vous préférez. Dans ses rétroviseurs, Schumacher voit la Ferrari d’Alesi partir en fumée, et se ranger en dehors de la piste. Une casse moteur vient empêcher l’Avignonnais de se battre pour la victoire. Alesi lève le bras en l’air pour faire signe qu’il va s’arrêter. L’image ressemble troublement à un pilote victorieux. Ironie du sort.

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Après la course, le pilote allemand tient à éclaircir les choses. N’ayant que très peu goûté à la folle remontée du Français, il déclare sur un ton lapidaire :

« Alesi a vraiment exercé une grosse pression sur moi, mais dès que la piste a séché, nos relations ont repris leur cours normal » M. Schumacher

Alesi préfère lui revenir sur le départ qu’il n’a pas volé.

« Je suis furieux car je suis convaincu de ne pas avoir volé le départ. Si la voiture a bougé de quelques centimètres, ce n’était pas intentionnel… » J. Alesi

À l’italienne.

Mais Jean Alesi ne veut pas se laisser abattre : “Je persiste à vouloir remporter une autre victoire avant de quitter Ferrari“. Devin, Alesi abandonnera sur un accrochage lors de la dernière course de la saison. Ou comment s’en aller en Signore de la Scuderia.

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Tom