Le 10 juillet 2016 reste, et restera, le jour où la France a perdu une compétition internationale à la maison. Après les affronts en 1984 et 1998, 2016 devient une date sainte à la FFL. Obrigado Eder.
Un début d’Euro à l’envers
Deux ans seulement après l’élimination en quarts de finale de la Coupe du Monde contre l’Allemagne, la France accueille le championnat d’Europe en 2016. Si le coup de boule de Mats Hummels est encore dans toutes les têtes, très vite la ferveur tricolore va se transformer en euphorie. La première trahison est à mettre au crédit de Dimitri Payet. Les Bleus sont mis en échec par la Roumanie lors du match d’ouverture, à domicile, devant des millions de personnes. Nous ne pouvions pas rêver meilleur envol. Mais à la 89e minute, le Réunionnais déclenche une frapasse surpuissante du gauche dans la lucarne d’un certain Ciprian Tătărușanu. La France exulte, la FFL trébuche.
“OOOOOOOOH” G. Margotton et B. Lizarazu, en choeur
De ce boulet de canon inamical, nous ne retiendrons que la célébration de Payet qui se retrouve à terre, non pas parce qu’il l’a souhaité, mais parce que ce bon vieux Giroud le balance par terre. Ni une ni deux, le Réunionnais se retrouve sur le gazon, sans avoir rien demandé à personne.
Cinq jours plus tard, les Bleus nous refont le même coup. Un match fermé face à l’Albanie, et une situation déverrouillée par Griezmann, encore une fois à cette foutue 89e minute. À deux doigts de lancer une pétition pour que les matchs de foot ne durent plus que 89 minutes désormais. Le but vient d’ailleurs. Au milieu d’une défense de géants, Grizou croise sa tête sur un centre de… Rami. La chatte de DD a une nouvelle fois parlé.
Le dernier match des poules est contre le voisin suisse. Et sans aucune surprise, celui-ci se solde sur un traditionnel 0-0. Enfin une rencontre qui conserve sa logique.
France – Allemagne 82 était plus fun
Les phases finales débutent. Et match après match, la ferveur va tout emporter sur son passage. Ni l’Irlande (2-1), ni même l’Islande (5-2) ne parviennent à faire le poids pour faire chuter les Bleus. Alors quand l’Allemagne, championne du monde en titre, se dresse sur la route des Français en demi-finale, le souvenir d’une certaine nuit de Séville en 1982 refait surface tout naturellement. Tous les moyens sont bons pour essayer de nous rassurer, certes.
Mais quand Monsieur Rizzoli désigne le point de pénalty à la suite d’une main de Bastian Schweinsteiger dans la surface, on comprend très vite que l’ombre de 82 se dissipe. Un arbitre vient d’oser de siffler un pénalty contre les Allemands. À l’époque la Mannschaft jouait à douze pour notre plus grand bonheur. C’est désormais de l’histoire ancienne. La nostalgie prédomine à ce moment précis. Très vite remplacée par le désarroi quand Griezmann, encore lui, se charge de le transformer.
La France s’impose finalement 2-0, et se hisse en finale comme lors de l’Euro 84 organisé à la maison. Mais cette fois-ci, il n’y aura pas d’Arconada ni de ballon passé sous le bras. Pour notre plus grand bonheur.
Gignac, à un poteau du héros
Contrairement à l’époque de Platini, ce n’est pas l’Espagne qui affronte la France, mais son voisin ibère, le Portugal. Qui dit Seleção das Quinas dit forcément Cristiano Ronaldo. Mais dès la 7e minute, Dimitri Payet se charge de régler ce problème. Un petit coup de genou sur celui du Portugais, et voici CR7 allongé sur le sol, les mains sur le visage. La finale est déjà terminée pour lui, et nos espoirs en prennent un sacré coup.
Mais malgré ce coup du sort, les Bleus parviennent à ne concrétiser aucune de leurs actions de but. Ni Griezmann (9e, 65e), ni Sissoko (33e, 83e) ni même Giroud (74e) ne parviennent à tromper la vigilance de Rui Patricio. Puis vient cette 91e minute, qui aurait pu changer la carrière de Gignac et l’histoire de la France. De dos face à Pepe, André-Pierre se joue du défenseur-boucher et réussit à se retourner. Dédé envoie un petit tir astucieux qui trompe Rui Patricio, mais pas son poteau. La chatte de DD n’est plus. C’en est trop pour René Balbir aux commentaires.
“André-Pierre Gignac est maudit ! Le poteau sur Rui Patricio qui, lui, a vraiment une chance incroyable ce soir !” R. Balbir
Le mot “chance” sort de sa bouche, mais un tout autre nous vient à l’esprit au vu de l’intonation.
On n’en a peut-être pas assez parlé, mais le rebond sur le poteau était lui aussi annonciateur d’une belle soirée FFL. Le ballon ricoche sur le montant, et passe à quelques centimètres seulement d’un Griezmann tout seul devant le but. Magique.
Eder, la trempe de Kostadinov
Les prolongations équilibrent les débats. Raphaël Guerreiro trouve la barre transversale sur coup franc, puis à la 108e minute, c’est l’extase. Eder se munit du ballon à 25 mètres des cages de Lloris, et envoie une praline à ras de terre inarrêtable. Oubliez l’attaque du train postal Glasgow-Londres de 1963, le plus gros hold-up de l’histoire vient de se dérouler sous nos yeux. Avec Eder dans le rôle principal. Attaquant du LOSC au passage.
La France vient de vivre l’une des soirées les plus fraîches de son histoire. Et ce, un 10 juillet pourtant.
La FFL au moment du but d’Eder pic.twitter.com/QnlYBdSpPs
— Fédé 🇫🇷 de la Lose (@FFLose) July 6, 2020