Coupe du Monde 2006 | La Suisse et son “Mondial 0”


Si dans nos mémoires, la coupe du Monde 2006 restera à jamais associée au coup de boule et au pénalty assassin de Fabio Grosso (quelle merveille), certains pays voisins ont eux aussi su briller dans la défaite. On aurait pu parler des Espagnols, pour leur “Envoyons Zidane à la retraite” publié juste avant de se faire plomber par Ribéry (vas-y mon petiiit)… Mais un pays fera plus fort : la Suisse.

Concernant la Suisse, exit l’arrogance ou le trashtalk avant un match de Coupe du Monde. Ils ne peuvent pas vraiment se le permettre. Quand c’est le cas (“Plumez ce coq!” en une des journaux suisses le 20 juin 2014), ça finit en 5-2. Non, la façon dont la Nati rentrera dans l’histoire du Mondial est bien plus subtile, bien plus FFL.

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Suisse 2005-2006 : le pot de colle

Dans un groupe qualificatif complété par la France, l’Israël, l’Irlande, Chypre et les Îles Féroé, les Helvètes terminent 2èmes et se hissent en barrages. Déjà à l’époque, les France – Suisse suivaient souvent le même scénario. Des matchs nuls sous forme de purges insipides. Annonciateur.

qualifications cdm 2006

Après s’être pris quelques balayettes dans les vestiaires par des Turcs énervés de leur élimination en barrages, les Suisses retrouvent les Bleus dans le groupe final.

Une équipe bonne, mais pas trop

L’ancien meilleur buteur de Ligue 1 Alex Frei, la plaque tournante du LOSC Daniel Gygax ou encore le Lyonnais Patrick Müller… Le contingent suisse est bien connu en France et reste une équipe à prendre au sérieux, sans pour autant faire office d’épouvantail. Neutre quoi.

Après un énième 0-0 contre l’EDF et deux victoires 2-0 contre la Corée et le Togo, la Suisse termine toutefois première du groupe devant la France avec 7 points, et sans encaisser le moindre but. Direction les huitièmes contre l’Ukraine.

La Suisse, un pays de traditions

Les raclettes, Lindt et autres röstis ne sont pas les seules traditions culinaires appréciées des Helvètes. Lors des années paires, les Suisses aiment généralement se retrouver pour déguster ensemble une élimination amère en 1/8 d’une compétition de football. Il y a eu les Argentins en 2014 (1-0 a.p.), les Polonais en 2016 (sur t.à.b) et les Suédois en 2018 (1-0). De cette belle série, 2006 fait office d’acte fondateur.

0 but en élimination directe en Coupe du Monde

La statistique la plus éloquente de la formation suisse reste sa série jamais interrompue de 0 but marqué en huitièmes de Coupe du Monde (qu’ils n’ont pas dépassé depuis 1954). Les Ukrainiens le savent, ils ont tiré le “meilleur” 1er de groupe.

Le match : 0-0, what else

Après une phase de groupe rondement menée, la Suisse retombe dans ses travers et oublie l’utilité qu’un but peut avoir pour gagner un match à élimination directe. Demandez à un amateur ses ingrédients pour un beau match de football. Il répondra probablement des buts, de l’intensité, du drama, du suspense, des gestes techniques… Suisse – Ukraine 2006, ce sera tout l’inverse. Après 120 minutes d’attente, on se dirige enfin vers les tirs au but.

La séance du triple choke

La star Chevtchenko rate d’entrée son premier penalty face au charismatique Pascal Zuberbühler. Les Suisses optent alors pour une tactique bien pensée : prendre 15 mètres d’élan et frapper le plus fort possible. Ce sera une réussite, puisque Barnetta, Streller et Cabanas foireront leur tir. Défaite 3- aux tirs au but, c’est assez rare pour souligner la performance.

Mais leur plus grande performance est toute autre. La Suisse est éliminée du Mondial 2006 sans avoir pris de but. Un record qui se doit d’être salué.

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Louis