Top 14 2019 | L’UBB, Serin comme Baptiste pour son jubilé


Si le terme de remontada est devenu légion dans le football dès 2017, il a fallu quelques temps avant qu’il ne se fasse une place au soleil dans le rugby. Et comme à chaque fois, c’est la France qui joue le rôle d’avant-gardiste en la matière. Il y a deux ans jour pour jour, lors d’un dimanche ensoleillé du côté de Bordeaux, l’UBB entrait dans la légende. Pas dans celle de l’Ovalie, mais dans la nôtre. Il n’y a qu’un pas vous me direz.

Dimanche 19 mai 2019. 25e journée de Top 14. Comme à son habitude, Bordeaux est en train de foirer totalement son sprint final. L’UBB reste sur trois défaites consécutives, et doit impérativement s’imposer tout en attendant le faux pas de ses concurrents pour espérer se qualifier en play-offs. De son côté, Toulouse est assuré de finir premier. Ils n’ont certes plus rien à jouer, mais dans le derby de la Garonne, le classement passe après. D’autant plus que les Rouge et Noir restent sur une victoire 83-6 face aux Palois. Le ton est donné.

Mais cette rencontre est très vite placée sous le signe de l’émotion. En effet, il s’agit du dernier match de Baptiste Serin à Chaban-Delmas. Enfant du peuple Girondin, le demi de mêlée entre seul sur la pelouse pour recevoir une standing ovation. Les larmes aux yeux, il se dit que cette après-midi ensoleillée est l’occasion de sortir par la grande porte.

 

« Au-delà de l’enjeu, on a envie de finir en beauté devant nos supporters, devant nos familles, essayer d’honorer ce blason. J’espère que cela sera une belle fête » B. Serin (Rugbyrama)

Lol.

Le résumé du match UBB – Toulouse

Les joueurs entrent sur la pelouse avec, à l’esprit, le dénouement du match aller. Une giga claque 40-0 subie par les Bordelais à Ernest-Wallon. La revanche est sur les lèvres de tous les Girondins. Les Unionistes impriment un gros rythme dès le début de la rencontre, et c’est tout logiquement qu’ils aplatissent le premier essai dès la 8e minute. Mais comme le veut la tradition historique des Girondins, l’équipe manque de rigueur. Un comble dans un sport comme le rugby. Et c’est le seconde ligne Toulousain Tekori qui permet de ramener les équipes à égalité. 7-7. Serin a vite séché ses larmes.

Mais ce qui va se passer ensuite dépasse tout bonnement l’entendement. Les locaux, portés par un public survolté, marchent littéralement sur la défense des Stadistes et leurs infligent non pas un essai, ni deux, ni même trois, mais quatre ! Et ce, en moins d’un quart d’heure. Alors, très vite, une question arrive dans l’esprit de tous les spectateurs : est-ce le TFC ou le Stade Toulousain sur la pelouse ?

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L’UBB mène paisiblement 36-7 à la mi-temps, 5 essais à 1. Toutes les conditions sont désormais réunies pour offrir à Serin un jubilé historique devant son public. Pense-t-on. Car dès la reprise, les Rouge et Noir viennent rappeler à leurs voisins Bordelais qui des deux détient le plus beau palmarès de l’Ovalie française. Si les locaux résistent aux assauts des visiteurs durant cinq minutes, ils vont à leur tour subir trois essais en dix minutes chrono. Mauls, cadrages débordements, toutes les manières d’inscrire un essai y passent. Alors peut-être…

La 2e mi-temps surréaliste de l’UBB

On atteint l’heure de jeu, et l’UBB ne mène plus que 36-26. Mais c’est également le moment de la sortie de Serin. En larmes, il quitte ses partenaires mais aussi Chaban-Delmas. Sans le savoir, le coach Joe Worsley lui sauve la mise en le sortant « à temps ». Car le rouleau-compresseur Toulousain n’en finit plus de broyer les Unionistes. Nouvel essai de Thomas Ramos qui signe son doublé. 36-33.

Mais heureusement à Bordeaux, un sauveur va venir rétablir cette situation critique. Entré en jeu à la 66e minute, Mathieu Jalibert n’a besoin que de 5 petites minutes pour écoper d’un carton jaune. Et laisser ses coéquipiers à 14 contre 15. À dix minutes du terme. Jalibert ne refera donc pas son retour. Génie parmi les génies. Un passage express de 5 minutes qui va achever le chef-d’œuvre de l’UBB. Sébastien Bézy perce l’entrejeu bordelais, efface trois plaquages et décale Arthur Bonneval. Sixième et dernier essai des Stadistes. Pour la première fois de la rencontre, Toulouse mène au score. À la 75e minute.

Une dernière pénalité de Thomas Ramos, auteur de 21 points, vient crucifier un peu plus les Unionistes. Score final 43-36 pour Toulouse. Dont un sublime 36-0 en seconde mi-temps. Mais cet exploit des Rouge et Noir n’aurait jamais pu voir le jour sans une deuxième période d’anthologie des Girondins : 5 essais encaissés, 17 fautes commises, 3 cartons jaunes.

Le Top 14 comme on l’aime.

 

On avait beau être en mai, et sous un soleil éblouissant, il avait tout de même l’air de faire un temps glacial du côté de Bordeaux ce jour-là.


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