Clermont – Racing 2001 | Tu peux perdre de 10 points, mais pas de 160 !


Aujourd’hui parmi les plus grands clubs d’Europe, le Racing 92 fut dans un passé proche un élève peu studieux. Pour ne pas dire catastrophique. Retour 20 ans en arrière, où les Ciel et Blanc ont été touchés par la grâce céleste. Leur bourreau ? L’ASM Clermont Auvergne bien sûr.

3 février 2001. Une date à marquer d’une pierre blanche dans l’Ovalie française. Oubliez les trois finales de Coupe d’Europe perdues en l’espace de quatre ans par les Racingmen (2016, 2018,2020). Les Ciel et Blanc étaient autrefois un club se battant pour rester en Pro D2. Oui, vous avez bien lu. En ce samedi 3 février 2001, le Racing est opposé à Clermont en Coupe de la Ligue. Sauf que voilà, le week-end suivant, les Franciliens doivent affronter Nîmes dans un match crucial pour le maintien. La stratégie du Racing devient limpide : envoyer l’équipe bis en Auvergne.

Alors que le match est programmé le samedi, les joueurs remplaçants ne sont mis au courant que le jeudi qu’ils disputeraient cette rencontre face aux titulaires auvergnats. Voyant que la réserve du Racing arrive à grands pas, le manager général de l’ASM décide d’aligner ses remplaçants. Non sans peine pour les Franciliens.

« J’ai mal au cœur pour le Racing » C. Mombet

Mais cette mascarade va débuter bien avant le coup d’envoi. En effet dès le trajet, on commence à comprendre où on a mis les pieds. Les joueurs grimpent dans leur bus à 7h du matin. Mais pour ce qui est de manger, les colosses Ciel et Blanc se satisferont de sandwichs triangles sur une aire d’autoroute. La réservation dans un restaurant étant passée à l’as. Ce périple s’achève à 14h15, heure d’arrivée des joueurs à Clermont. Alors que le coup d’envoi a lieu à… 15h. Huit heures de trajet, avec un casse-croute en guise de repas pour ne même pas avoir le temps de s’échauffer. Bienvenue en France chers amis. Celle dont on se délecte inlassablement.

Le résumé du match Clermont – Racing

On ne joue que depuis 3 petites minutes, et les Jaunards inscrivent le premier essai de la partie. Mais pas le dernier. On atteint difficilement les 10 premières minutes de jeu que le score enfle déjà à 28-0. Mais contre toute attente, les Racingmen vont en surprendre plus d’un. Leur coach en premier. Tandis qu’ils obtiennent une pénalité à 40 mètres des poteaux, on s’attend à ce que l’ouvreur Grégory Desplechin trouve une touche pour se rapprocher de la ligne d’en-but clermontoise. Mais après des calculs d’épicier, les Ciel et Blanc décident de prendre les points. À 28-0. Desplechin réussit la pénalité. 28-3. Ouf. Il n’y aura pas Fanny. Le job est terminé pour aujourd’hui.

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Mais c’était sans compter un incroyable retournement de situation qui va secouer la rencontre. Non pas du point de vue comptable, qui voit les Ciel et Blanc se faire enfoncer dans tous les compartiments du jeu, mais via un coup de fil mystérieux. Resté à Paris pour préparer le choc face à Nîmes, le coach du Racing avertit précipitamment son adjoint envoyé à Clermont que le pilier titulaire vient de se blesser à l’entraînement. Une panique monstre s’empare du bras droit qui décide de faire sortir illico presto le pilier remplaçant. Au doux nom de Guillaume Leleu.

Score final 160-3. Avec pas moins de 24 essais inscrits. Par une seule équipe. Soit un toutes les 3 minutes. Si on enlève le temps mis pour taper les transformations et pour revenir au rond central, c’est limite un essai sur chaque renvoi. Entre la plus large victoire de l’histoire de l’ASM et la plus lourde défaite de celle du Racing, nous avons choisi notre référence.

Une branlée pour rien, la beauté du rugby

« C’est simple, si l’on ne faisait pas de faute, on allait chaque fois à l’essai » F. Ribeyrolles

Cette décla de Fabrice Ribeyrolles, trois-quarts centre de l’ASM, au journal La Montagne résume parfaitement la rencontre. Même son de cloche chez l’ouvreur des Jaunards, Éric Nicol.

« On aurait arrêté le match à la mi-temps, je pense qu’ils auraient été d’accord » E. Nicol

Et c’est peu de le dire. À la fin du match, les Racingmen sont sous l’état de choc. Le traumatisme d’une déroute sans précédent bien ancrée dans leurs têtes. Et le premier responsable est vite trouvé : leur président Éric Blanc. Alors une mini mutinerie s’empare du vestiaire du Racing. Les joueurs Franciliens ne digèrent pas d’avoir été jetés à l’abattoir. Alors pour apaiser la situation, Éric Blanc ne trouve pas de meilleure solution que de l’attiser davantage.

« Je les remercie d’y être allés. La Coupe de la Ligue, on s’en fout » E. Blanc

Le capitaine du Racing, Alexandre Maudou, préfère lui en rire. Un rire jaunasse.

« On a pris des bonshommes Michelin dans la gueule tout l’après-midi » A. Maudou

Enfin, l’unique marqueur de points des Ciel et Blanc, Grégory Desplechin, envoie un ultimatum aux titulaires du club.

« La première a intérêt à se bouger les fesses pour gagner contre Nîmes la semaine prochaine ! » G. Desplechin

Le groupe vit bien. Pour la petite anecdote, les Racingmen s’imposeront la semaine suivante face à Nîmes (17-6).

Comme quoi ça a du bon de se prendre des taules parfois.


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