Rugby – Lettre ouverte au XV de France.


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Un de perdu — dix de retrouvés. Voilà un adage trop souvent répété mais que nous essayons tant bien que mal de nous appliquer en ce moment. Alors que nous devrions nous réjouir des évènements du weekend passé, nous sentons bien un vent tourner. Pas un de ceux qui font dévisser les transformations de Romain NTamack, non. Plutôt un vent de renouveau dans le monde du rugby français.

Cher XV de France,

Que de chemin parcouru depuis 8 ans. Depuis une victoire face à l’Italie, un 4 février 2012. Ce jour-là, tu basculais seul en tête du tournoi des 6 Nations, pour ensuite commencer une descente dans les mines de la Moria de la lose. 8 ans de bonheur, de désillusions magnifiques. Déjà, le tournoi 2012 — le premier de l’ère Philippe Saint-André — où tu terminais péniblement à la 4e place. Et surtout, l’année d’après. Comme dans beaucoup de relations, tout a été si haut, si vite. Une minicuillère de bois, une dernière place aux 6 nations quoi. Une première depuis 1982 ! Avec une défaite dans le match inaugural contre l’Italie en plus. Une année 2013 conclue avec 4 piquettes d’affilée contre les néozélandais. 18 % de victoires. L’idylle était parfaite.

Et derrière, tout montait crescendo. Alors oui, t’es allé voir ailleurs parfois, contre l’Angleterre, même contre l’Australie une fois, mais tu nous as tellement choyés parfois pour t’excuser. 50 pions encaissés contre les Australiens en 2014, 55 contre les Anglais l’année d’après. Et en bouquet final de l’ère PSA, tu nous offres ce quart mémorable. Une branlée comme on en a rarement vu. Une humiliation totale, en mondiovision. Un début romantique, avec un dégagement/claquage/premier essai néozélandais/fin de carrière de Michalak.

Et puis, un festival. Tu as bien tenté de faire genre avec l’essai de Picamoles, mais ta seconde mi-temps restera dans nos mémoires comme un point culminant de notre amour. 24 % de plaquages ratés, 12 pertes de balles, 9 essais encaissés et 62 points concédés. SOIXANTE-DEUX. Une seconde mi-temps perdue 33 à zéro. Rien que de réécrire ces mots, le frisson nous revient.

 

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Alors là, tu as commencé à vouloir prendre tes distances. Tu appelles Guy Noves pour essayer de t’éloigner de nous, mais la passion était plus forte, encore, à l’époque. 5e du tournoi des 6 Nations 2016, puis une série jouissive de 13 matchs sans victoires en test match (12 défaites et un nul contre le Japon) et un drop tellement magnifique de Sexton… La flamme n’était donc jamais vraiment partie. Et même si tu as stoppé cette série contre l’Argentine, on a bien senti tes remords. Juste derrière, une petite défaite au Stade de France face aux Fidji pour te faire pardonner. Entre temps, un changement (couteux) d’entraineur qui a fait place à Jacques Brunel, pour naviguer doucement vers notre dernière croisière, la Coupe du Monde 2019.

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Entre temps, une défaite à la sirène contre l’Afrique du Sud, un récital de cagade face au Pays de Galles… et puis un dernier tsunami d’émotions. Au sens propre et au sens figuré. Un concentré de tout ce que tu as pu nous apporter en matière d’émotions, d’espoirs brisés et de sortie de tournoi réussie. Mais, à ce moment, dans ta tête, la décision était peut-être déjà prise ?

Car depuis, on sent bien que tu ne nous regardes plus en public. Tu vas voir des plus jeunes, qui n’ont pas cette culture que nous avons construite. De la fougue, on a même entraperçu du beau jeu, des combinaisons, du panache. Alors on sent bien que parfois, tu as toujours des sentiments — on l’a vu contre l’Italie — mais la direction que tu es en train de prendre ne peut pas être la nôtre. Alors de notre côté, on flirte avec d’autres. Le handball, Teddy et ce n’est pas fini. Mais te voir commencer à rêver de victoire aux 6 Nations, voire même de Grand Chelem, c’est trop pour nos cœurs de losers.

Si tu reviens, on annule tout (ou presque).

La FFL.

Antoine