Le dimanche 5 juin 2016, Kristina Mladenovic et Caroline Garcia ont réussi ce que ni une femme ni un homme français ne doivent jamais s’amuser à faire en solo : gagner Roland-Garros. En double, donc, pour elles. Deux mois plus tard, presque jour pour jour (le samedi 6 août), nos deux filles s’avancent en favorites logiques des Jeux olympiques.
À tel point qu’elles sont même têtes de série n°2 du tournoi de Rio. L’occasion rêvée pour une médaille olympique. On n’y pense même pas sur le moment, pour être tout à fait honnêtes, mais c’est justement le propre d’une grande masterclass. Au premier tour, Kristina Mladenovic et Caroline Garcia s’inclinent en trois sets face aux Japonaises Misaki Doi et Eri Kozumi, avec notamment une première manche de haute volée (6-0, 0-6, 6-4).
On s’est bien aperçus que « Flying Caro » portait son maillot à l’envers. Mais à part le strict respect du code vestimentaire de notre Fédération, on ne voyait pas spécialement le problème. C’est alors que « Kiki » donne à cette défaite une dimension, ô combien louable, d’affaire d’Etat (sur Twitter) : « Etre aux JO, partir sur notre match de double et être en stress total car l’ITF ne nous laisse pas jouer dans des couleurs différentes. Pour, au final, devoir prêter une tenue (par chance j’en avais une, en plus) à ma partenaire. Mais elle a dû la porter tout le match à l’envers, car elle a un sponsor différent. Merci à notre Fédé de nous avoir mis dans de bonnes conditions de jeu et de s’être renseignée sur le règlement. » De rien. C’est la moindre des choses, si on souhaite atteindre le nirvana.
Oh et la pauvre Garcia a du donc jouer avev une tenue de sa partenaire et à l’envers à cause des sponsors pic.twitter.com/TiPsuUAIkN
— ATN. (@AntoineTn) August 7, 2016
Mladenovic remercie « notre FFT si incompétente »
« Merci à notre FFT si incompétente pour nous avoir gâché ce moment de sport si important dans nos carrières respectives, à Caroline Garcia et moi. » Ah pardon… Ce n’est pas de nous dont on parlait. « Ce scénario nous a coûté beaucoup d’énergie. Et malheureusement, notre tennis n’a pas été à la hauteur. Nous n’avons pas réussi à faire basculer ce match ! » Voilà ce qui s’appelle mettre un bon coup de pied dans la fourmilière, que diable !
Vous l’avez donc compris – ou pas -, nos deux exceptionnelles porte-drapeaux ont eu un petit problème de tenue. Le « stress total » de devoir se trouver la même couleur, les sponsors qui viennent s’en mêler… On s’arrête là ? Que nenni ! D’abord grâce à Caroline Garcia, qui en remet une petite couche : « Se trouver à deux doigts du forfait avant notre match nous a mis un stress. Ce n’était pas nécessaire. » C’est à nouveau notre homologue du tennis qui en prend pour son grade : « J’essaie juste de comprendre comment la FFT peut ne pas être au courant des règles officielles. On s’est battues aussi dur qu’on a pu. Malheureusement, nous n’avons pas été capables de gagner ce match où nous représentions la France. »
« Une terrible déception et frustration »
Face à une telle ingratitude, « Jeannot » Gachassin tape du poing sur la table. Aussi fort que lorsqu’il applaudissait Jo-Wilfried Tsonga à Roland-Garros. Attention, tournée du patron, Rio ne répond plus : Kristina Mladenovic et Caroline Garcia sont suspendues à titre conservatoire… à deux mois d’une finale de Fed Cup contre la République tchèque ! Inutile de vous faire un dessin, mais on vous le fait quand même. La suspension est annulée un mois plus tard. « D’une manière générale, la FFT reconnaît sa part de responsabilité dans les problèmes rencontrés lors des JO de Rio. De leur côté, Kristina Mladenovic et Caroline Garcia ont exprimé leurs regrets quant aux propos prononcés sous le coup d’une terrible déception et frustration. »
Quel dommage de ne pas aller au bout des choses, alors que la procédure d’excellence était si bien enclenchée. Néanmoins, la lose du double à Strasbourg, lors du match décisif de la finale contre Karolina Pliskova et Barbora Strycova (7-5, 7-5), n’en sera que plus belle. Parfois, il faut savoir dire merci et s’incliner face aux institutions. Celles qui travaillent dans l’ombre pour une seule finalité : le résultat. Cette période entre août et novembre 2016 restera évidemment dans nos annales.
Tout a commencé à Rio. Nous ne l’oublierons jamais.
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