US Open 2016 | Garcia et Mladenovic ne s’arrêtent plus


Kristina Mladenovic et Caroline Garcia FFL
Kristina Mladenovic and Caroline Garcia during the Doubles Ladies Final of the US Open 2016 at the Billie Jean King Tennis Centre, Queens, New York on the 11th September 2016

Le mois dernier, nous fêtions et vous rappelions le premier acte d’une tragédie si parfaite qu’elle aurait pu être grecque. Le 5 août 2016, Caroline Garcia et Kristina Mladenovic, têtes de série n°2 des Jeux olympiques de Rio, perdaient remarquablement en trois sets dès le premier tour (et avec un 6-0 dans la première manche). Logiquement perturbées par un terrible problème d’interdiction de tenue, à la dernière minute.

Avec le recul, pourquoi peut-on affirmer qu’il s’agissait d’un acte fondateur de leur long et douloureux divorce ? Car dès le 11 septembre suivant, « Caro » et « Kiki », qui sont encore BFFs et s’éclatent en double sur tous les terrains du monde, trouvent à nouveau la faille en finale de l’US Open. Le déclic a définitivement opéré. Cette fois têtes de série n°1, le seul rang qui leur sied véritablement, elles mènent 6-2, 5-4, service à suivre.

Les deux rebelles sont donc sur le point de remporter un nouveau tournoi du Grand Chelem après le drame de Roland-Garros, trois mois plus tôt. Mais voilà, c’est l’âge de maturité pour nos deux championnes, 22 ans pour Caro et 23 pour Kiki. Toutes les bonnes choses ont une fin, dirait Nelly Furtado… Débreak blanc immédiat, la paire d’as craque puis perd en finale dans l’immensité du court Arthur-Ashe.

Un lieu très particulier pour « Kiki »

Face à un attelage improbable formé de la gothique locale Bethanie Mattek-Sands et de la longiligne Tchèque Lucie Safarova. Après avoir terrassé la légende Martina Hingis en demies (6-3, 6-4 face à la Suissesse et Coco Vandeweghe), les deux Françaises font honneur à la nation en allant chercher une lose d’anthologie. De celles qui restent pour la vie : 2-6, 7-6, 6-4. A la suite de quoi, Flushing Meadows est notamment resté un lieu très particulier pour « Kiki ».

Ainsi la semaine dernière, notre porte-drapeau a su se rappeler au bon souvenir de son expérience du double pour bisser en simple. De manière plus exceptionnelle encore : 6-1, 5-1, cinq balles de match, pour finalement perdre 1-6, 7-6, 6-0. File dans ta chambre ! Et ne reviens pas jouer le double alors que tu es n°1 mondiale. Interdit. Il est possible qu’à côté du feu d’artifice 2020, le millésime 2016 soit déjà oublié pour la native de Saint-Pol-sur-Mer (c’est toujours bon de le préciser).

Mais pas pour « Flying Caro ». Et pas pour nous, bien sûr. Exporter ainsi le savoir-faire français au plus haut niveau, sur les terres de nos amis américains qui pensent toujours tout mieux savoir que tout le monde, c’était jouissif. Avec Caroline Garcia et Kristina Mladenovic, c’est la lose tricolore de très haut niveau. Qui sait s’inscrire dans la durée et avec des scénarios conquis de haute lutte.

Mladenovic : « Pas grand-chose à se reprocher »

Incontestablement, la leader de cette équipe déjà mythique, c’est « Kiki ». Pour les raisons déjà évoquées plus haut, mais aussi parce qu’elle a toujours les mots justes : « On n’a pas grand-chose à se reprocher, ça ne s’est pas joué à grand-chose. On a encore de très beaux objectifs d’ici la fin de la saison. En simple comme en double, avec le Masters à Singapour. On est des perfectionnistes. Il faut rebondir et revenir plus fort. »

Tout y est. L’analyse parfaite du présent. L’anticipation géniale de l’avenir. Le Masters ? Défaite en demi-finales contre… Mattek-Sands et Safarova. Régularité, le maître mot. Et puis il y aura le monument de la Fed Cup dans la foulée. Mais chaque chose en son temps… Sachons d’abord nous souvenir pleinement de ce 11 septembre. Quinze ans jour pour jour après la catastrophe de New York, « Kiki » et « Caro » s’attachent à redonner un trait de bonheur à la ville. Généreuses.

« Il y a de la déception, ça va prendre du temps pour digérer cette défaite », osait pour sa part Caroline Garcia. Avant d’enchaîner avec une précision nettement plus à-propos. En référence à ce fameux « Rio-gate » des tenues olympiques : « Au niveau émotionnel, c’était difficile. On a dépensé beaucoup d’énergie. » Ingérable. Un exploit, déjà, d’avoir pu arriver aussi loin dans un contexte si délétère. Un mois seulement après ce cataclysme historique, ce véritable tsunami provoqué par la FFT (que la FFL remercie encore au passage)…

Les tronches d’enterrement sur la photo, à la remise de la petite assiette du finaliste, ne font que trahir un état d’épuisement extrême. La joie est très intérieure. Sobre et pudique. « Caro », qui sait savourer le moment, nous fait tout de même grâce d’un petit sourire. Le plus beau. Celui de la défaite après avoir humé dangereusement le succès.


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