Formule 1 | Le mois de juillet titanesque d’Alpine


Alpine

Le mois de juillet est celui de Jules César. Pourtant, lors de ces 30 derniers jours, on ne peut pas dire que la conquête d’Alpine ait fait de l’ombre à celle de l’Empire romain.

L’objectif de la saison était clair : “être un solide quatrième”. Ces mots sont sortis en début d’année de la bouche d’Otmar Szafnauer, directeur d’Alpine. Après une 4e place au championnat des constructeurs la saison passée, on dénote parfaitement bien l’ambition de l’écurie française. Et ça, Alonso l’avait deviné avant tout le monde.

“Moi je ne me satisfais pas d’une deuxième, une troisième ou une quatrième place, or chez Alpine ils étaient contents de leur quatrième rang au championnat. Alpine manquait d’ambition par rapport à ce que je découvre chez Aston Martin” F. Alonso

Mais il faut dire que (même) cette 4e place est difficile à conserver pour Alpine. Et le début de saison ne va pas nous contredire ; 14 points inscrits sur les 5 premières courses, Ocon qui écope de 3 pénalités à Bahreïn et 20 secondes de rab, un double abandon en Australie suite à un accrochage entre les deux voitures, et une fuite hydraulique en Azerbaïdjan pour Gasly suivie d’un contact contre le mur en qualifs. De quoi provoquer un coup de gueule de Laurent Rossi à Miami auprès de son équipe : “Alpine quatrième ou il y aura des conséquences“. Il ne le sait pas encore, mais il sera le premier à devoir les assumer.

Bref, nous avions (encore) vu juste avant tout le monde.

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Le mois de juillet radieux d’Alpine

Si on taira le podium d’Esteban Ocon pour des raisons éditoriales évidentes, nous faisons un bond au mois de juillet. Et plus précisément au Grand Prix d’Autriche. A cette époque de la saison, Alpine compte 27 points d’avance sur McLaren dans le cadre de la lutte pour la 5e place. Une donnée qui va avoir toute son importance. En effet, sur le Red Bull Ring, Alpine va faire couler beaucoup d’encre. Esteban Ocon termine 14e de la course, avec pas moins de 10 track limits détectés par les directeurs de course. Soit un total de 30 secondes de pénalité. Le record de Pastor Maldonado est désormais de l’histoire ancienne.

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Après le week-end autrichien, Alpine ne possède plus que 18 unités d’avance sur McLaren. Mais le meilleur reste à venir. Les pilotes posent leurs valises à Silverstone. Pour l’occasion, Alpine introduit un tout nouvel aileron avant, censé lui permettre de revenir aux avant-postes. Mais dès les qualifs, c’est la claque ; Gasly (10e) et Ocon (13e) ne peuvent que regarder, impuissants, les McLaren faire 2 et 3. En course, Ocon attend le 10e tour pour voir une (nouvelle) fuite hydraulique embraser une Alpine cette saison, quand Gasly voit sa suspension rompue suite à un choc avec Stroll.

Ce double abandon de la firme au A fléché permet à McLaren d’infliger un 30-0 aux Français. L’écurie de Norris compte désormais 12 points d’avance sur Alpine. Un retournement de situation digne de la Bataille de Trafalgar.

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Virage Alpine > Virage Pinot

Visiblement, Luca De Meo a le sens de l’Histoire. Il se souvient sûrement qu’il y a de cela deux siècles, l’avantage pris par les Britanniques fut irrattrapable. Alors le directeur général de Renault décide de se séparer de Laurent Rossi, le PDG d’Alpine. Ce dernier ne quitte pas l’écurie française avec les valises vides ; il ramène également chez lui les pics d’Alain Prost.

“Laurent Rossi ? Un dirigeant incapable qui pense pouvoir surmonter son incompétence par son arrogance et son manque d’humanité à l’égard de ses troupes. Celui qui fut le patron d’Alpine pendant dix-huit mois a cru avoir tout compris d’entrée alors qu’il s’est totalement fourvoyé” A. Prost

De quoi le rhabiller pour l’hiver l’été. C’est dans ce contexte sain et agréable que la firme au A fléché débarque en Hongrie. Le tracé du Hungaroring est riche en émotions pour l’écurie d’Enstone ; en 2021 Ocon s’imposait de la manière la plus éhontée qui soit, en 2022 Alonso préparait sa presqu’prolongation avec Alpine tandis que Piastri lançait son fameux “I understand that, without my agreement…” pour finalement coiffer sur le poteau l’écurie qui l’avait pris sous son aile. Savoureux.

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Alors autant vous dire que nous attendions l’édition 2023 avec une grande impatience. Et nous n’avons pas été déçus. Dès le départ, Zhou percute Ricciardo, qui percute Ocon, qui percute Gasly. Les deux pilotes Alpine restent sur le carreau, soit un quadruple abandon avec Silverstone. Pendant ce temps-là, Norris claque un nouveau podium et McLaren inflige un 28-0 à Alpine. Les Anglais possèdent 40 points d’avance sur les Français. Cocorico.

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Spa-Francorchamps pour finir tambour battant

Alpine débarque à Spa-Francorchamps avec le cœur lourd, mais un compteur léger au championnat. A peine les pilotes ont le temps de traîner leurs valises dans leurs chambres, qu’une annonce vient ébranler le “peu” de confiance restante. Quel est le point commun entre Otmar Szafnauer, Alan Permane et Pat Fry ? Ils sont tous virés par Alpine. Y’a c’t’ambiance.

Pourtant, en Hongrie, Szafnauer avait affirmé qu’il conserverait son poste. Cet excès d’optimisme n’est pas sans nous rappeler l’épisode Alonso, où l’Américain affirmait avoir toutes les cartes en main. Décidément, le Hungaroring aura été sans pitié pour Otmar. Comme très souvent malheureusement, une annonce de départ provoque un regain de forme chez les restants. Gasly profite de la course sprint pour signer son premier podium avec Alpine, juste derrière… Piastri. Tiens tiens.

En qualifs, son coéquipier Ocon fait une Stroll (ou bien Stroll fait une Ocon, on ne sait plus). Le Normand se sort tout seul comme un grand, et au moment de changer son aileron dans les puits, problème ; où est l’aileron en fait ?

Les pilotes Alpine concluent la mi-saison avec une 8e et 11e place en course. McLaren part en vacances avec un matelas de 46 points sur les Bleus. Ce mois de juillet aura été lapidaire pour Alpine ; les Français concèdent un savoureux 86 – 13 face à leurs adversaires anglais. Il reste encore 10 Grands Prix, et pourtant Pierre Gasly ne peut déjà plus être champion du monde mathématiquement.

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“J’aime cette équipe et la voir dans cet état aujourd’hui m’attriste et me désole” A. Prost

Reculer pour mieux sauter reculer.

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Tom