Après une première semaine pavée d’une étape de l’enfer, on quitte l’air du Nord et des Vosges pour celui de la Suisse et de la Montagne. Un bon bol d’air frais nécessaire en se ressourçant dans le pays de Yann Sommer et d’Haris Seferović. Les objectifs ont changé : accrocher la meilleure place possible au classement et surtout, surtout, gagner des étapes.
Le bilan de la première semaine est dur. Une planche des belles filles mal gérée, une vadrouille au Danemark et bien évidemment une étape des pavés absolument cataclysmique. Il est donc temps d’arrêter de tergiverser à présent.
Une belle petite virée en Suisse.
En bon sportif français, rien de tel que la Suisse pour recharger les batteries (et le PEL un peu). En plus, on arrive aussi dans le pays de Stefan Küng. On espère une grosse ambiance pour lui sur ses terres. Une genre de Küng Küng mania quoi. Désolé.
Petit passage de la frontière. Hopp Schwiiz.
Si de loin l’étape semble calme, il faut bien zoomer sur le profil de l’arrivée à Lausanne. Une bonne grosse ville en côte qui va faire exploser le peloton à l’arrivée. Alors, ni une ni deux, on va se muer en puncheur. Première attaque tranchante à la flamme rouge, on casse les pattes de ceux derrière. On dégomme la pâte de fruits, et on envoie le second effet kiss cool. Victoire à Lausanne, la vie est belle.
Ce regard de la victoire
Le fait de ne pas être sur les terres hexagonales rend la victoire moins pénible pour votre rédacteur amoureux de la défaite. Solo la vittoria è bella. Quelle drôle d’idée. Quelle drôle de sensation. Un mélange de frissons emplis de culpabilité.
Et comme une grosse barre d’Ovomaltine (oui, on reste dans le local), impossible de s’arrêter tant que ce n’est pas fini. Le lendemain, les jambes tournent toujours aussi bien en Suisse. Alors, si le jeu manque un peu de réalisme sur le bas-côté (pas de pancarte “Allez Alain Philippe“). Mais alors qu’on pensait que les jambes allaient être lourdes après ce finish à Lausanne, on s’ennuie fort dans le peloton.
On essaye de rester raisonnable, on se dit que ça n’est pas bien sérieux tout ça. Mais franchement, quand on voit Enric Mas attaquer, on se dit immédiatement que c’est potentiellement notre tour. Alors ni une, ni deux, on envoie la sauce dans le Pas de Morgins. Mas est dans le rouge, Bouchard cale, et devant nous ne figure pas un Bob Jungles en état de grâce, mais une échappée qui tire la langue. La jonction est effectuée sans grande difficulté.
À peine le temps de la jonction qu’on remarque que l’on est toujours le plus frais dans l’histoire. Alors bonjour bonsoir, on se fait la malle direct. Mais un point cloche, dans le jeu, il n’y a pas de tests Covid. Du coup, Guillaume Martin suit ma roue et on se fait une petite balade 100% française dans ce retour en France. Petite descente puis direction Chatel. Habitué aux arrivées en pleine défaillance l’année passée, on a emmagasiné de l’expérience pour ne pas se foirer cette fois. On se regarde en chien de faïence, attaque à quelques hectomètres de la ligne, victoire. Back to back. Jungles a brisé le rêve de nombreux Français, la FFL l’a réparé.
Et encore mieux que ça. Derrière, quelques concurrents ont lâché dans la montée, ce qui fait que nous sommes dorénavant 5e, avec un podium à portée. Bon, juste une 3e place, les frères slovènes semblent intouchables. Mais vient maintenant ce qui va être le vrai juge de paix. La haute montagne et ses cols hors catégorie tueurs d’espoirs.
Hors du coup dans les hors catégories.
La première étape de zinzin arrive dès le surlendemain. Un enchaînement Télégraphe – Galibier – Col du Granon à faire pleurer ton sprinteur préféré. Pas de répit, pas de plaine après le début du Télégraphe. Et à ce petit jeu là, le panache disparaît assez rapidement. L’objectif principal est de ne pas perdre de temps. Alors qu’on n’est pas encore cuit dans l’entame du Granon, on va vite grimacer.
On va donc sucer des roues et tenir autant que l’on peut. Première bonne nouvelle pour nous (et mauvaise pour la France), Bardet lâche à 6,3 km de l’arrivée. Il ne reste donc qu’à attendre que Vlasov sorte du peloton pour gratter cette 3e place sur le podium. 4,7 km avant le sommet, c’est pile ce qui arrivera. Problème, il sort de l’autre côté, avec personne pour le contester. Là tout de suite, c’est un gros coup sur le casque. Pire encore, on voit bien que les leaders ont bien plus de jus que nous. Accompagné d’O’Connor et de Quintana, on lâche aux environs de la flamme rouge. Un dernier kilomètre de l’enfer, et un finish classique : en défaillance parce qu’on a mal géré le final.
Autant vous le dire, on ne part pas avec une énorme dose de confiance avant d’attaquer le final des Alpes sur le Tour : l’Alpe d’Huez et ses 21 interminables virages. Enfin, avant d’attaquer ça, on a un Galibier et un col de la Croix de fer à déguster hein. Du bon hors catégorie comme on l’aime. Et comme dans le Granon, on va faire l’élastique avec la queue du peloton dans le col final. Cependant, une bonne nouvelle pour nous, Romain Bardet est lâché avant même l’ascension de l’Alpe d’Huez. Cela veut dire que la 4e place nous tend les bras, comme l’année dernière. On vous assure, on ne le fait pas exprès.
Et comme la veille, le final va brûler les cuissots. Michael Woods s’envole lui pour une étape de prestige, et nous assurons notre médaille en chocolat.
À l’issue de la virée alpine (rien à voir avec la F1), le constat est implacable. Il va falloir attendre une maxi-défaillance (ou un petit coup d’épaule bien placé) pour espérer grimper sur le podium. Mais finalement, réussir à tenir une 4e place et réussi le doublé, n’est-ce pas là un objectif tout à fait FFL ?
Rendez-vous dans les Pyrénées pour le dénouement final.