Top 14 2010 | Clermont, le doyen de la lose n’est plus.


Il est des contes qui bercent l’enfance de nombre de mômes. Mais s’ils sont tous légendaires, un d’entre eux est bien réel. Durant près d’un siècle, l’ovalie auvergnate a chassé le Bouclier de Brennus. Et durant près d’un siècle, cette planche de bois a fait fi de la quête de Clermont. Jusqu’à ce triste 29 mai 2010. Douze ans jour pour jour que ce crime catalan a été commis.

Clermont, près d’un siècle de lose

Après deux échecs consécutifs en finale en 2007 et 2008, l’ASM espère changer la donne la saison suivante. Mais le 6 juin 2009, le peuple auvergnat délaisse la cour des grands pour celle des géants. Et ce pour l’éternité. En ce jour de commémoration du 65e anniversaire du Débarquement de Normandie, les Auvergnats accèdent pour la 10e fois de leur histoire en finale du Top 14. Les neuf précédentes se sont toutes soldées par une cuisante défaite. Et cette dixième, à l’instar des autres, rencontre la même issue. Pas très original le scénariste clermontois, certes. Mais quel pied tout de même.

Face à l’USAP, emmené par un certain Jacques Brunel, druide moustachu aux petites lunettes vissées sur le nez, l’ASM s’incline 22-13. Alors que les Jaune et Bleu menaient pourtant 10-6 à la mi-temps. Une leçon de mental pour toutes et tous. Pour la dixième fois de son histoire, la Place de Jaude est plongée dans un silence assourdissant. Même le volcan du Puy de Dôme est climatisé. C’est dire. Depuis 1936, et la première finale perdue de l’ASM, le peuple clermontois espère l’arrivée de Brennus dans sa ville. Une patience longue de 74 ans. Pour mieux vous faire réaliser l’ampleur de cette attente, la France était à l’époque gouvernée par le Front Populaire et les premiers congés payés voyaient le jour. Voilà. Vis ma vie de Clermontois.

Le résumé du match Clermont – Perpignan

Samedi 29 mai 2010. Après avoir bravé tant de déconvenues, toutes les superstitions sont de sortie dans l’Auvergne. Ironie de l’histoire, cette terre marquée par la victoire de Gergovie a un lien quasi fusionnel avec l’ancêtre Gaulois. Alors quand on s’aperçoit que le 11e album des aventures d’Astérix s’intitule « Le Bouclier Arverne », et qu’il s’agit de la 11e finale de l’ASM, la messe est dite pour les supporters Jaunards.

Le début de rencontre est à sens unique. Les Clermontois réquisitionnent le ballon et enfoncent la défense catalane à la 16e minute sur un essai de Nalaga. Un quart d’heure de jeu, et déjà 10-0 pour l’ASM. On commence à se poser de sérieuses questions tout à coup. Heureusement Jérôme Porical ramène les deux équipes à 10-6. On joue alors la 26e minute, l’USAP ne s’en doute pas un instant, mais la pénalité de son arrière sera leurs derniers points inscrits dans cette finale.

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Et pourtant ce n’est pas faute d’avoir les munitions pour recoller au score. Si précieux avec ses orteils, Porical a subitement un pied carré. Quatre pénalités manquées, 12 points jetés en l’air, dont une tentative en plein axe face aux perches juste avant la mi-temps. À côté. Devinez qui est l’entraîneur catalan des arrières ? Franck Azéma. Nous sachions.

Les premiers pas de Brunel dans la FFL

La réalité est dure à avaler, mais elle est là : Clermont est au-dessus. À chacune de ses offensives, Perpignan se heurte à la montagne auvergnate. Tel le Puy de Dôme sortant de terre du Stade de France. Il ne reste plus qu’une dizaine de minutes à jouer dans la partie, et les Jaune et Bleu mènent 16-6. Situé à 50 mètres des perches, l’arrière Clermontois Anthony Floch tente l’impensable : un drop du milieu de terrain. Une Sexton dans le jargon. Et le fou la réussit. Ce coup de massue vaut au moins 3 essais dans la tête des Catalans. 19-6. Ce sera aussi le score final.

Clermont remporte pour la première fois de son histoire le Bouclier de Brennus. Après 10 tentatives ratées en finale, la 11e est malheureusement la bonne. Mais rassurez-vous, la 12e sera à nouveau perdue en 2015. Chassez le naturel, et il revient à l’ASM. Si on se focalise sur l’exploit de Clermont, il ne faut pas non plus sous-estimer la prouesse catalane. En s’inclinant face aux Jaunards, les Sang et Or ont perdu leur 9e finale de Top 14. Pas de quoi être envieux de l’ASM. Cette nouvelle déconvenue est aussi le premier chef-d’œuvre de Jacques Brunel qui commence à se signaler dans les radars de notre fédé. Avant le match, le moustachu avait pourtant été visionnaire.

« L’USAP a terminé 1er de la saison régulière, ce qui démontre notre ambition. Nous sommes déterminés à marquer l’histoire » J. Brunel (Le Point)

Il ne croyait pas si bien dire.

Inutile de vous préciser que la folie était au rendez-vous Place de Jaude. Bon pour ce qui est des gestes barrières, on a connu mieux.