ASM Clermont – Chanson pour l’auvergnat


Chanson pour l'auvergnat
Et quand Clermont débarque à Paris, c’est tout le stade qui se met à chanter, allez allez la lose allez ! Vous connaissez l’air, on adore la chanson. C’est qu’on vous aurait presque oubliés, amis auvergnats, mais il ne faut jamais banaliser la répétition des défaites au plus haut niveau. C’est notre rôle, aussi, de se souvenir à quel point l’ASM est une machine de guerre. L’occasion également d’un rappel essentiel : les 10 premières finales de Montferrand (le nom historique du club, changé en 2004) ont été perdues, en 1936, 1937, 1970, 1978, 1994, 1999, 2001, 2007, 2008 et 2009. Un exploit impensable.

Cette série magique de trois défaites en trois ans, c’est un peu comme Marignan, Austerlitz et la Libération d’un coup. Le rugby porté au pinacle, les valeurs de l’ovalie magnifiées au centuple. Comble de la lose, en 2009, c’est l’USAP qui soulèvera le bouclier de Brennus. L’ami Jacques Brunel, lorsqu’il était encore malheureusement éloigné de la FFL, avait presque tout bien senti avant le match : « Clermont est venu pour ne pas perdre, et nous pour gagner. » Il fallait juste enlever le « ne pas ». « A la mi-temps, même si on était menés 10-6, je n’ai pas eu un seul doute. Je savais qu’on allait gagner. » C’est ce qui s’appelle remuer le couteau dans l’aligot.

Alors l’esprit rugby, c’est sympa, mais c’est dur aussi. Comme quand Julien Candelon enfonce encore le clou : « Je me mets un peu à leur place, ça ne doit pas être très facile. J’ai de la peine pour eux. Ma joie est immense, mais j’ai un minimum de respect… Pourtant, je les mets dans le match sur un plaquage manqué. » N’en jetez plus. Face à une telle lose, Perpignan se fait presque voler la gloire de son titre pourtant historique. Même pas besoin de Dan Carter, en costume… Pourtant Pierre Mignoni, au soir de son dernier match avec l’ASM, raffûte avec force :

La malédiction, c’est une connerie ! C’est bon pour les journalistes, qui se régaleront encore.

Oh oui, c’est vrai. C’est bon.

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Pour Julien Bonnaire, « il faut se remettre en question, on n’a peut-être pas fait les choses assez bien ». Habile. « Ça prouve qu’il nous manque encore ce petit truc qui fera la différence. » Ce petit truc que l’on redoutait tant, c’était sans doute de rejouer contre l’USAP, cette autre référence dans les rangs de la FFL. Et dès l’année d’après, ça n’a pas loupé : remake de la finale, et terrible victoire de Clermont. Il fallait bien que ça s’arrête un jour. Mais depuis, une belle alternance prévaut, preuve de l’immense club que sont ces Jaunards. Une victoire en 2017, certes, mais aussi une défaite en 2015 et surtout trois finales de Coupe d’Europe perdues en 2013, 2015 et 2017.

L’institution a passé un cap, et cette année, alors que le titre en Challenge européen (contre La Rochelle, bon…) faisait à nouveau craindre le pire, hop voilà la petite défaite contre Toulouse en finale de Top 14 (24-18) sans marquer un seul essai. « Je suis particulièrement fier », lâche le néo-retraité Benjamin Kayser. Il y a de quoi. Ce n’était rien qu’un peu de miel, mais il m’avait chauffé le corps ; et dans mon âme il brûle encore, à la manière d’un grand soleil. Georges Brassens, grand précurseur de tant de choses, aurait sans doute aimé chanter à la gloire de la FFL et de ses Clermontois. Les copains d’abord.