Paris-Roubaix | Le top 5 d’une course pavée de loses


André Mahé, Paris-Roubaix 1949
André Mahé (à droite), l'homme qui a inspiré Philippe Bouvatier.

Paris-Roubaix, c’est avant tout des Belges qui gagnent plus souvent que les Français (57 victoires contre 28). C’est aussi des chutes en pagaille sur les pavés, une arrivée mythique, des caniches qui traversent, etc. Bref, tout ça c’est bien beau mais les anecdotes dans l’Enfer du Nord, on en trouve à tire-larigot. Et ce serait bête de passer à côté. La FFL en a retenu cinq qui lui ont fait esquisser un sourire malicieux. 

2018 – Parlez ami, et entrez

Cerbère garde les portes des Enfers. Mais celui qui veille sur celles de l’Enfer du Nord, c’est juste un employé d’ASO. Pour les négociations, c’est plus facile. Evaldas Siskevicius ne vous dira pas le contraire. Alors que le coureur lituanien de Delko-Marseille a vécu une journée pourrie dans les pavés, il met un point d’honneur à aller au bout de son périple. Dans un duel homérique avec la voiture-balai, il crève. Vite, il court chercher une nouvelle roue sur la voiture de son directeur sportif (accessoirement en panne et sur une dépanneuse mais n’y faites pas attention) et repart.

Finalement, la voiture-balai est obligée de l’abandonner alors qu’il lui reste quelques kilomètres. Siskevicius finit donc seul le parcours et arrive aux portes du vélodrome. Portes qu’il voit fermées puisqu’il est hors-délai. Mais en discutant avec l’organisation, il obtient le droit d’entrer et de faire son tour et demi.

1949 – Toi passer à droite sahib !

Quasiment 40 ans avant Philippe Bouvatier et son finish dans le parking au Tour de France, André Mahé a connu le même accident de parcours (et c’est le cas de le dire) sur Paris-Roubaix. Avec deux compagnons d’échappée, il arrive aux abords du vélodrome. Sauf qu’on l’oriente mal et voilà les trois coureurs partis faire le tour de l’enceinte. Parce que le vélo, c’est de la débrouille, ils parviennent finalement à pénétrer sur le vélodrome par la mauvaise entrée. André Mahé s’imposera au sprint. Mais derrière, Serse Coppi (qui a remporté le sprint du peloton) réclame aussi la victoire puisque Mahé est sorti du tracé. Des mois plus tard, l’organisation décidera de classer ex-aequo les deux cyclistes, à la première place.

1936 – Qu’on nous amène la photo-finish !

Celle-ci nous fait un peu mal parce que c’est une victoire française scandaleuse. Croyez-nous que si la FFL avait été présente lors de cette édition de 1936, nous n’en serions pas restés là. Cette année-là, Romain Maes, coureur du plat pays, joue la gagne au sprint avec le Français George Speicher. Verdict : tout le monde semble voir Maes franchir la ligne en premier. Explosion de joie dans l’Hippodrome des Flandres ! Encore un titre que les Français n’auront pas !

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Mais que nenni. Georges Speicher est déclaré vainqueur par l’organisation. Les Belges pestent, photos à l’appui. Après la course, on continue de hurler au scandale et de trouver des arguments implacables à base de : “le cyclisme français est mal en point en ce moment, il avait bien besoin d’une grande victoire”. Évidemment, nous ne pouvons que soutenir nos amis belges dans cette effroyable injustice.

Deux choses à retenir de cette histoire : le seum belge n’est pas né en 2018 et les photographes de 1936 étaient de grands malades postés sur la ligne d’arrivée (2’21).

1907 – Papiers du véhicule svp

Georges Passerieu était sur le point de remporter Paris-Roubaix en 1907 lorsqu’il a la surprise d’être arrêté peu avant le vélodrome… par un gendarme. L’agent (qu’on imagine tout droit sorti d’un sketch des Inconnus) souhaite absolument voir la plaque qui prouve que l’impôt sur la bicyclette a bien été réglé. Paris-Roubaix ou pas, la loi c’est la loi ! Enfin bref, on ne sait comment mais Passerieu a pu repartir et franchir en vainqueur la ligne d’arrivée malgré tout. Dommage, l’histoire aurait pu entrer dans la légende de la FFL… Allez circulez, y a rien à voir.

1934 – Eh bah mon vélo !

Parce que la lose guette à n’importe quel endroit de Paris-Roubaix, Roger Lapébie voyait son vélo crever à seulement 7 kilomètres de l’arrivée en 1934. En tête de la course, le malheureux est bien trop loin de sa voiture technique pour être aidé. Alors dans un élan de lucidité, il emprunte le vélo… d’un spectateur et s’en va remporter la course. Enfin, pas pour longtemps. Le règlement interdisant aux coureurs de changer de vélo durant la course, il sera disqualifié. La roue de l’infortune.

Et parce que nous avons réalisé un formidable travail d’archives, nous vous proposons une reconstitution de l’incident. C’est rien que pour toi, public.