Panthéon de la Lose | Alkmaar – Sochaux | Le Lionceau est mort ce soir.


Joie John Metgod - Deception Sochaux - 22.04.1981 - AZ Alkmaar / Sochaux - 1/2Finale Coupe de l'UEFA -

À l’occasion de la sortie de son affiche du Panthéon de la Lose, la FFL te propose de revivre les plus grandes désillusions du football français en Europe ou même dans le Monde.

Coupe UEFA 1981. Si cette année fut marquée en France par le premier des deux septennats de François Mitterrand, elle est trop souvent négligée d’un point de vue sportif. En effet cette date symbolise également l’apogée européenne de l’immense Sochaux, qui dura 10 minutes.

On l’oublie souvent, mais le FC Sochaux-Montbéliard est le premier club professionnel en France, en 1928. Néanmoins, on se remémore bien plus volontiers sa fameuse épopée européenne lors de la Coupe UEFA 1981. Mais là encore, on ne se souvient que trop peu que ce parcours dantesque est dû à une rageante deuxième place en Ligue 1 l’année précédente. En effet les Lionceaux manquent le titre de champion de France 1980 pour trois petits points, mais se consolent en étant la meilleure attaque du pays. Une bien belle récompense, digne de la médaille en chocolat.

Les Sochaliens sortent difficilement vainqueurs de chacun de leurs tours. D’abord tombeurs du FC Servette (3-2) en 32e de finale, puis de Boavista (3-2), ils parviennent à réaliser l’exploit de sortir le tenant du titre Francfort. Peut-être que l’inscription « Souchaux » sur le tableau d’affichage à l’aller n’y est pas pour rien. Un match où le FCSM a été mené jusqu’à 4-0 en Allemagne. Avant de se qualifier par le biais du but à l’extérieur (4-4). Bref, inutile de s’éterniser plus longtemps sur cet affront. La sérénité ne se fait pas sentir davantage pour éliminer le Grasshopper Zürich (2-1) en quarts de finale.

Kristen Nygaard, le Pelé Danois de la modestie

Vient alors la demi-finale. Les Montbéliardais doivent faire face à l’AZ Alkmaar, fondé seulement… 13 ans auparavant ! Si on dit souvent que l’expérience prime dans les grands matchs européens, les Alkmaarders vont se faire un plaisir de démolir cette fausse idée reçue. Et pour notre plus grand plaisir. En effet les Néerlandais sont encore invaincus dans leur championnat, et la doublette Kist – Nygaard est l’une des plus prolifique d’Europe. Comme le rappelle Kristen Nygaard lui-même d’ailleurs.

« Cette saison-là, Kees Kist marque 34 buts, met des frappes à 114km/h ! Et sur ces 34 buts, 26 des passes décisives viennent du pied gauche de Kristen ! » K. Nygaard

Tout en modestie.

« À l’époque, on ne se souciait pas de l’adversaire qu’on avait en face de nous. On se sentait invincibles, on savait que personne ne pouvait nous battre » K. Nygaard

Et ce n’est pas la demi-finale aller au Stade Auguste Bonal qui va contredire la théorie nygaardienne, les deux équipes se neutralisent 1-1. La légende sochalienne reste à écrire. Pour le match retour, le club du Doubs est amputé de bon nombre de ses titulaires. Seuls onze professionnels sont disponibles pour la rencontre. Mais c’est en défense que l’effectif est le plus décimé. Une hécatombe qui oblige le coach Jean Fauvergue à aligner Zvonko Ivezic, milieu de terrain, en défense centrale et surtout Patrick Revelli au poste d’arrière droit.

Affiche football FFL Panthéon de la Lose

Retrouvez le maillot de l’AZ Alkmaar sur notre affiche Le Panthéon de la Lose

Renvoyant le replacement de Samuel Eto’o en arrière gauche à une banale imitation. Une compo mourinhonesque donc, mais pour un tout autre résultat final.

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Le résumé du match Alkmaar – Sochaux

22 avril 1981. Demi-finale retour de la Coupe UEFA. Les Lionceaux se rendent dans l’hostile Alkmaarderhout, petit stade de 20 000 places où aucune équipe européenne n’est parvenue à inscrire le moindre but. Mais il faut moins de dix minutes à Genghini pour briser cette série. Un but qui surprend tout le monde, même le banc du FCSM. Les Montbéliardais sont pour le moment qualifiés pour la première finale de Coupe d’Europe de leur histoire. Mais cette qualification sera aussi éclair que l’ouverture du score. En effet John Metgod égalise pour l’AZ. Et qui de mieux que notre pote Nygaard pour en parler.

« À un moment, Metgod fait un une-deux avec moi, je lui lève la balle en lobant toute la défense. Il arrive devant le gardien de Sochaux et lui aussi met un lob. Il aurait pu y avoir dix joueurs dans la surface, on aurait réussi l’action. C’était presque naturel » K. Nygaard

L’humilité est également naturelle chez le Danois. Encore à l’heure d’aujourd’hui, la plus belle prouesse européenne du Football Club Sochaux-Montbéliard est d’avoir été virtuellement qualifié durant dix minutes en finale de la Coupe UEFA. La suite ? Deux nouveaux buts néerlandais qui portent le score à 3-1. Jusqu’à la 71e minute, et la réduction de l’écart de Thierry Meyer. Alors peut-être.

Alors peut-être rien du tout. Les Jaune et Bleu échouent aux portes de la finale, de la plus frustrante des manières.

La naissance du seum remonte à 1981

Pourtant dévasté par cette demi-finale perdue, le FC Sochaux-Montbéliard décide, tel un prince, de sortir de la compétition la tête haute. Et refuse de s’apitoyer sur son sort. Oh, wait.

« Je dirais qu’il y a eu quelques erreurs d’arbitrage en leur faveur. Sur le deuxième but de l’AZ, il y a une remise de la main et en fin de match, l’arbitre oublie de siffler un penalty après une faute sur Thierry Meyer » P. Revelli

« Je pense qu’on méritait d’aller en finale » A. Djaadaoui

Certainement l’une des plus belles citations qu’on peut trouver dans le dico de la lose. Si l’AZ Alkmaar perd finalement en finale face à Ipswich Town, Kristen Nygaard a une explication toute trouvée. Le titre national obtenu une semaine auparavant, et la fête qui s’en est suivie. Attention, Nygaard le modeste, acte III.

« Bon, finalement on prend 3-0 en Angleterre une semaine plus tard. Pourquoi ? Parce qu’on avait encore trop de restes de champagne dans le corps… D’ailleurs, deux semaines plus tard, plus de champagne dans les veines et on les bat 4-2 chez nous » K. Nygaard

Simple, efficace. Après avoir mis toutes ses forces dans la Coupe UEFA, Sochaux se fait peur jusqu’à la dernière journée de championnat, mais parvient toutefois à assurer le maintien pour… trois petits points. Autant qu’il lui en a manqué pour devenir champion de France la saison précédente.

L’Histoire est un éternel recommencement.

Tom