Vous ne connaissez pas l’IFAB ? Pourtant, cet organisme s’apprête à interdire l’un des plus beaux faits d’armes des gardiens de but : la déconcentration sur pénalty. Autant vous dire que cette nouvelle nous attriste au plus haut point. Alors pour rendre hommage à ce trait de génie, retraçons ensemble les plus belles déconcentrations offertes par les gardiens de but.
“Le gardien ne peut distraire abusivement le tireur, par exemple en retardant l’exécution du penalty ou en touchant les poteaux, la barre transversale ou les filets.” C’est en lisant cette future règle, qui entrera en vigueur le 1er juillet prochain, que nous avons décidé de rendre hommage à toutes les meilleures distractions de gardiens sur penalty.
1 – Bruce Grobbelaar, ou l’art des spaghetti legs
Liverpool affronte l’AS Rome en finale de la Ligue des Champions 1984. Les deux équipes sont à égalité, et doivent se départager dans la traditionnelle séance de tirs au but. La finale a lieu au Stadio Olimpico de Rome, alors autant vous dire que la pression est énorme sur les épaules des Reds. Mais croire ceci serait oublier trop rapidement le “Prince des clowns”. Bruce Grobbelaar, gardien de Liverpool, va faire vivre la pire soirée aux Romains. Le Zimbabwéen fait le pitre avant chaque tentative italienne. Quand il ne tire pas la langue face au tireur, il fait semblant de déguster ses propres filets. Mais sa plus belle technique restera sans aucun doute celle des “spaghetti legs”. Ou l’art de rendre ses jambes flageolantes.
Venir à bout des Italiens avec une technique de pasta, il fallait oser.
2 – Jerzy Dudek, la danse de la win
21 ans plus tard, Liverpool est à nouveau en finale de la Ligue des Champions. Et encore une fois, ce sont des Italiens en face. Mais cette fois-ci, c’est l’ogre milanais qui se dresse face aux Reds. Et les hommes de Carlo Ancelotti ne vont pas tarder à réduire Steven Gerrard et les siens à de simples sparring-partners. 3-0 à la mi-temps, merci au revoir. Mais comme chacun le sait, les Scousers ont une force de caractère supérieure à la moyenne quand il s’agit de déplacer des montagnes européennes. On ne peut pas en dire autant pour le PSG (totalement gratuit). 3-3 à la fin du match, place à la séance des tirs au but.
Avant que celle-ci ne commence, Jamie Carragher attrape Dudek et lui hurle avec un accent pas possible : “Souviens-toi de Bruce Grobbelaar. Tire le ballon loin et prends un jaune si tu veux. Fais n’importe quoi pour gagner un avantage. Et puis merde!“. En bon stoïcien, le gardien polonais applique à la lettre ces recommandations. Résultat, Dudek se déplace le long de la ligne en faisant de grands cercles avec ses bras, à la manière des Village People sur Y.M.C.A. Il n’en faut pas plus pour que Shevchenko trouve le gant de Dudek, et offre la 5e Ligue des Champions à Liverpool.
Le Miracle d’Istanbul vient de naître.
3 – Joseph-Antoine Bell, mains derrière le dos
Finale de la Coupe de France 1986. Bordeaux affronte l’Olympique de Marseille, le Classique de l’époque. Si les Girondins remportent leur deuxième Coupe de France sur le score de 2-1, la rencontre sera marquée par le pénalty d’Uwe Reinders. L’Allemand se présente devant un Joseph-Antoine Bell étonnamment détendu, patientant les mains derrière le dos. Puis au moment du tir, le gardien camerounais repousse la frappe surpuissante de Reinders. Il n’a pas volé son surnom de “Panthère noire”. Marvel n’a rien inventé.
4 – Mickaël Landreau, Ronnie n’a toujours pas compris
Peut-être LA distraction la plus réussie de cette sélection. Face au PSG, Mickaël Landreau doit faire ce qu’il sait faire de mieux : arrêter un pénalty. Mais petit problème, c’est Ronaldinho en personne qui se dresse devant lui. Cependant, il en faut plus pour décontenancer notre Mika national.
Le gardien nantais se place à l’extrémité gauche des cages. Ronnie commence à bégayer, mais très vite son talent reprend le dessus. Alors qu’il s’attend à ce que Landreau s’empresse de plonger à l’autre bout des buts, Ronaldinho pense le prendre à contrepied en tirant là où il était au départ. Ça tombe bien, Landreau est resté là aussi. Ce génie incompris.
5 – Gautier Larsonneur, une Landreau 2.0
Dix-neuf ans plus tard, Gautier Larsonneur remet à l’ordre du jour cette tactique. Comme Landreau, il est opposé à un joueur de joga bonito : Neymar. Mais le gardien de Brest ne se laisse pas perturber, et se place lui aussi à l’extrémité gauche des cages. Neymar connaît la chanson, et contrairement à Ronnie, il cherche le petit filet opposé. Le ballon rebondit finalement sur le panneau publicitaire derrière les cages. La relève de Mika est assurée.
Gautier Larsonneur rend hommage à @mickalandreau et Neymar rate son pénalty ! 🤯🧤 #SB29PSG pic.twitter.com/odCI52H320
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) May 23, 2021
6 – Ederson, le roi de l’intox
On poursuit notre série des rois de l’intox. Mais cette fois-ci, nous touchons au maître d’entre eux. Réputé pour son jeu au pied surpuissant et chirurgical, Ederson n’est pas le premier nom qui nous vient pour évoquer un gardien infranchissable sur sa ligne. Encore moins quand on parle de dimension psychologique. Le Brésilien essaye d’entrer dans le cerveau de Saka en lui indiquant où tirer. Ederson plonge de l’autre côté, pensant arrêter le tir. Sans imaginer que Saka suivrait sa consigne à la lettre. L’arroseur arrosé.
Ederson qui indique à Saka où tirer son pénalty… La consigne a été respectée 😏 #ARSMCI pic.twitter.com/3wTHKFhPB4
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) February 15, 2023
Ma came https://t.co/m0cxF3M4sc
— Fédé 🇫🇷 de la Lose (@FFLose) February 15, 2023
7 – Julio César, intimidation et auto-humiliation
Quand on parle de pro de l’intimidation, Julio César est celui qui arrive en tout dernier de la liste. Dans le derby milanais en 2012, les Rossoneri obtiennent un pénalty. Alors pour déconcentrer Ibrahimovic, Julio César décide de prendre son temps. Le Brésilien se remonte ses chaussettes, puis se dirige vers le Suédois, le trash-talking ne tardant pas. Ibrahimovic trouve le petit filet, et lui répond sourire aux lèvres. Règle n°1 : ne jamais parler avant.
“Ce que j’ai dit à Ibrahimovic ? Je préfère ne rien dire, ça restera entre nous deux” J. César