France – Sénégal 2002 | La formidable épopée des Bleus


En 2002, les Français lavent l’affront de 98 en soignant son entrée dans le Mondial. Avec un effectif quasi similaire à celui de la dernière Coupe du Monde, les Bleus sont pourtant vaincus dès le premier match lors de France-Sénégal. Comme quoi, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures.

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« Imaginez ! Vous êtes un joueur qui évolue à Sochaux, Lens ou Lorient et vous gagnez contre une équipe composée de 10 champions du monde en titre, avec parmi eux, les meilleurs buteurs du championnat anglais (Henry), italien (Trezeguet) et français (Cissé). Nan, je rigole. Mais imaginez quand même… »

La légende raconte que c’est ce discours qu’a délivré Bruno Metsu aux joueurs sénégalais en 2002, juste avant leur match contre la France. Un discours qui devrait être inscrit dans les annales du sport si on pouvait avoir la certitude qu’il avait été prononcé. Mais au pire, nous n’avons qu’à nous en convaincre, ça suffira amplement.

La non-préparation parfaite

Ce qu’on sait en revanche, c’est que ce jour-là, les Français ont appris ce qu’était le karma. Pour ce mondial 2002, quatre ans après une trahison nationale à domicile, et 2 ans après le craquage de la dernière seconde à l’Euro 2000, les Bleus débarquent en Corée avec un melon que Zlatan parviendrait à envier. C’est même une pastèque, à ce niveau-là.

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Petit récap : la majeure partie des sélectionnés ont obtenu un titre la saison précédente, beaucoup se permettent de négocier des contrats avec les sponsors pendant la préparation, tout le monde tombe d’accord pour dire que le groupe dans lequel ils figurent est plutôt facile (Sénégal, Uruguay, Danemark), Desailly s’attend à du « folklore » contre les Lions de la Teranga et l’équipe ne prend pas la peine d’effectuer une séance de reconnaissance du terrain la veille du premier match. Bref, sur l’échelle de l’arrogance, on est environ sur du Conor Mcgregor ++. Environ.

Lors du dernier match de préparation, contre la Corée du Sud, la France brille sur le terrain et en tribunes. Avec deux gros coups durs. Le premier : la blessure de Zidane. Le second, les commentaires de Thierry Roland. Lors de ce match face aux futurs co-organisateurs, il lâche une dinguerie qui faisait tiquer. Même à l’époque.

« Il n’y a rien qui ressemble plus à un Coréen qu’un autre Coréen. Surtout habillé en footballeur. Ils font tous 1m70, 1m75, ils sont tous bruns sauf le gardien, mais enfin, ça, ça n’aide pas trop »

France Sénégal – un hymne au karma

Dans la grande tradition des touristes français, il est toujours bien de donner une bonne image de l’hexagone à l’international. Mais bref, revenons-en à France-Sénégal. Ce 31 mai 2002, les Bleus rentrent sur la pelouse avec à peu près autant d’envie que Neymar lorsqu’il joue contre Dijon. Peu d’intensité alors que les Sénégalais leur rentrent dedans et surtout peu d’efforts collectifs. Car c’est pour eux un match important – la grande majorité des joueurs sont de la Ligue 1.

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Arrive la 30e minute. Celle que vous avez peut-être écoutée d’un fil d’écouteur au collège. Ou tranquillement chez vous parce que vous aviez séché les cours. Certificat du “médecin”, on connait. À la 30e minute, El Hadji-Diouf dépose Lebœuf côté gauche et centre. Petit parvient à dégager le ballon… sur Barthez. Le ballon revient sur Papa Bouba Diop qui n’a plus qu’à pousser dans le but vide. Et on ne vous parle pas du repli défensif de Patrick Vieira. À montrer dans toutes les écoles de football. À vous de définir le terme approprié pour ce but : raccroc ou karma ?

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Les fameux poteaux de Corée

Perso, on penche évidemment pour l’option karma. Et on soupçonne Trezeguet (2’38) et Henry (8’04) de penser comme nous. Tous deux ont eu l’espoir de marquer ce soir-là. Mais les montants de Tony Silva ont eu la lumineuse idée de se placer sur leur trajectoire. Au final, 2 montants à 1 pour la France (Fadiga ira aussi de sa transversale). Mais ici, ça n’est pas le challenge Téléfoot, mais la Coupe du Monde. Dommage.

Défaits 1-0, les Tricolores iront jusqu’au bout du délire karma en faisant match nul contre l’Uruguay avec un rouge pour Henry et un nouveau poteau de Petit. Et face au Danemark, la France va parachever son titre de vainqueur du challenge Telefoot avec 2 poteaux par Desailly et Trezeguet. Pour le score, on va en prendre 2 dans la musette malgré le retour de Zidane (qui finira homme du match, lol). La fin de match sera un jubilé pour Djorkaeff, qu’on fait rentrer pour faire tourner le ballon.

La France inscrira donc zéro but dans cette compétition. A égalité avec la Chine et l’Arabie Saoudite. En 1998, il fallait juste nous le dire : le meilleur était à venir.

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