Formule 1 | Sauber, l’écurie qui dit NEIN à la victoire


Kamui Kobayashi

Les aficionados de la Formule 1 n’ont pas de mots assez dithyrambiques pour parler de Ferrari, McLaren, Mercedes ou plus récemment Red Bull. Fidèle à son art du contrepied, la FFL a elle décidé de dresser un hommage vibrant à une écurie qui lui fait chaud au cœur : Sauber.

Il existe peu de sports où la compétition et le souci du détail sont plus présents qu’en Formule 1. Depuis 1950, la catégorie reine du sport automobile est une course effrénée vers toujours plus de performance, une optimisation des règlements en vigueur et une soif avide de victoires. Seuls et uniques moments qui récompensent l’ensemble du travail abattu par des centaines de personnes qui composent une équipe, sur les Grands Prix et dans les usines.

Mais si toutes les écuries entreprennent une course contre-la-montre pour décrocher ce Graal, il existe une équipe qui résiste à cette tentation ; qui fait fi des succès et brocarde les victoires ; qui ne se sent jamais aussi bien que dans le ventre mou de la F1. Cette écurie, c’est Sauber, et nous allons vous conter son histoire légendaire.

1993-2005 : les fondations d’une légende automobile

En 2020, Racing Point n’a pas été la première (ni la dernière) voiture à imiter la Mercedes. Taxée de Pink Mercedes par ses adversaires, Racing Point avait été devancé 26 ans plus tôt par Sauber dans cette entreprise ingénieuse. En effet, la jeune écurie suisse est à l’époque une Mercedes bis. Même si cela n’empêche pas la paire Frentzen – De Cesaris de connaître 11 abandons consécutifs durant la saison.

À lire aussi :   Formule 1 – 1986 | Andrea De Cesaris, l'abandon est une religion.

L’aventure Sauber commence en réalité en 1993, une année où nous avons détourné les yeux du sport pour de sombres raisons. Du coup, nous avons occulté la naissance d’un mastodonte. Le Poulidor de la Formule 1. De 1993 à 2005, la régularité de Sauber est saisissante. L’écurie suisse ne laisse aucune chance au classement des constructeurs ; 7e en 1993, 8e en 1994, 7e en 1995, 7e en 1996, 7e en 1997, 6e en 1998, 8e en 1999, 8e en 2000, 4e en 2001, 5e en 2002, 6e en 2003, 6e en 2004, 8e en 2005. Réglé comme une horloge suisse.

Seule ombre au tableau, les deux qualifications en première ligne de Jean Alesi en 1998 et 1999. Mais comme vous pouvez le pressentir, elles ne seront pas concrétisées en course. La première se termine dans le bac à graviers en Autriche, quand la seconde finit dans celui de Magny-Cours. Ah, sacré Jean.

“Giancarlo a mal évalué la situation et a tort à 100 % !” J. Alesi, diplomate après l’abandon en Autriche

Mais le réglage de l’horloger suisse a ses limites. En effet, cet engrenage va dérailler en 2006. Sauber est racheté par le constructeur automobile allemand BMW. Et comme par hasard, il y a une victoire à la clé grâce à Kubica lors du Grand Prix du Canada 2008. Mais que le monde de la F1 se rassure ; le retour de Sauber est pour bientôt. Dès 2010, BMW se retire de la F1, et Peter Sauber décide de racheter son ancienne écurie. Sauber is back pour notre plus grand bonheur. La légende peut reprendre de plus belle.

2011-2018 : l’accomplissement d’une vie

En 2011, un tout jeune pilote fait son apparition en Formule 1 : Sergio Perez. Et il faut dire que le Mexicain va donner quelques sueurs froides à la FSL. A deux reprises, Checo termine à la 2e position. Perez ne le sait pas encore, mais il vient de signer les deux meilleures performances de l’histoire de Sauber. Kobayashi pense lui voler la vedette lors du Grand Prix de Belgique, en réalisant le 2e chrono des qualifs. Mais son rêve dure exactement 50 mètres, le temps qu’il faut à Romain Grosjean pour effectuer le départ du siècle.

À lire aussi :   GP de Belgique 2012 | Le chef d'oeuvre de Romain Grosjean

Les années se suivent, et les Sauber reculent gentiment sur la grille. Le clou du spectacle intervient lors de la saison 2017, terminée à la 10e et dernière place des constructeurs. Ironie de l’histoire, cette même année, Sauber signe un record ; celui du plus grand nombre de Grand Prix sans victoire. Après les 340 courses sans succès de l’écurie Arrows, Sauber est désormais seul sur le toit du monde.

Mais le team suisse ne s’arrête pas en si bon chemin. Il conclut l’exercice 2018 sans aucune victoire également, portant le record à 373 Grands Prix. C’en est visiblement trop pour la petite structure helvète, qui voit Alfa Romeo arriver en 2019. Mais les vrais savent.

Sauber en quelques chiffres (fous)

10

C’est le nombre de podiums obtenus par Sauber, en prenant soin de ne jamais monter au sommet de la boîte.

21

Soit le nombre de saisons de Sauber dans le paddock de F1 (1993-2005, 2011-2018). Charles Leclerc et Antonio Giovinazzi n’étaient pas nés à l’époque.

25

C’est le nombre de tours en tête passés par une Sauber. Et sur les 25, aucun d’entre eux n’a été effectué lors du dernier tour d’une course.

32

Le nombre de pilotes qui se sont cassés les dents au volant d’une Sauber.

373

Le nombre de Grands Prix disputés par Sauber. Soit 7 de plus que Fernando Alonso à l’écriture de cet article.

1993

Première course disputée par Sauber en Afrique du Sud… et une 5e place à la clé !

2018

Dernière course de Sauber conclue avec un abandon de Marcu Ericsson. La routine quoi.

36 875

Le nombre de tours réalisés à la quête d’une victoire.

180 886

Le nombre de kilomètres parcourus, soit l’équivalent de la moitié de la distance moyenne entre la Terre et la Lune.