Formule 1 – 1986 | Andrea De Cesaris, l’abandon est une religion.


Andrea De "Crasharis"

Dans la grande lignée des célèbres pilotes automobiles italiens tels que Giacomo Agostini ou Alberto Ascari, Andrea De Cesaris fait lui aussi parler de lui. Mais pour une toute autre raison ; son addiction aux abandons.

La saison 1986 voit Alain Prost remettre en jeu son tout premier sacre mondial. Alors que la bataille fait rage avec Nigel Mansell, le fond du classement laisse également place à un duel de tous les instants ; Andrea De Cesaris face à lui-même. En effet le natif de Rome est au volant d’une Minardi en manque clair de performance, mais fort heureusement la monoplace a la chance d’avoir à son bord un pilote qui va la faire entrer dans la légende.

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Des débuts prometteurs dans la lose pour De Cesaris

Si le premier Grand Prix de la saison au Brésil voit le doublé des deux locaux Nelson Piquet et Ayrton Senna, il est également le théâtre d’un autre doublé signé Minardi. Parti en 22e position, De Cesaris amorce une folle remontée et occupe la 6e place en seulement 17 tours, mais c’était avant que son turbo n’abandonne, de même que son coéquipier. Le ton est donné dès la première course.

Trois semaines plus tard, le monde de la F1 se donne rendez-vous en Espagne. On se dit que cette grosse coupure a permis à l’écurie Minardi de régler ses problèmes de fiabilité, mais la coupure va davantage se sentir dans le moteur. Abandon de Nannini dès le tour de formation, quand Andrea résiste lui jusqu’au deuxième tour. Un joli tir groupé.

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Alors quand Minardi fait escale à Saint-Marin pour un Grand Prix quasi à domicile, les mécanos mettent les bouchées doubles pour assurer à De Cesaris de voir la ligne d’arrivée pour la première fois de la saison. La course est un désastre ; Andrea s’élance 23e, s’arrête dès le 2e tour pour changer de bougies et abandonne au 26e pour une casse moteur. Il faut se pincer pour y croire.

La régularité, point fort chez De Crasharis

Après un Grand Prix de Monaco foiré de bout en bout, et des qualifications tellement lentes qu’elles ne permettent par à De Cesaris de ne serait-ce participer à la course, l’épreuve à Spa va constituer l’un des moments charnières de la saison. En oubliant un court instant les abandons, De Cesaris redécouvre qu’il sait piloter comme un dieu. Tandis qu’il part de la 19e place, le voici en 10e position à mi-course en train de se balader dans le toboggan des Ardennes. Avec en ligne de mire l’éventuel premier point de la 6e place. Alors qu’il fond sur ses concurrents, Andrea doit ranger sa voiture dans la pelouse : panne d’essence. En même temps si le carburant coûtait 2€ le litre comme aujourd’hui on peut comprendre.

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Après une tournée nord-américaine en fanfare – une transmission cassée au Canada et une panne de différentiel aux Etats-Unis – le Grand Prix de France accueille le microcosme de la Formule 1 où De Cesaris va une nouvelle fois faire parler de lui. Dès le 3e tour, Andrea part en tête-à-queue, explose son turbo et répand de l’huile sur la moitié du circuit avant de rentrer aux stands. De quoi provoquer les sorties de piste des deux champions du monde Alan Jones et Ayrton Senna. Tout ça pour en plus abandonner dès le tour suivant. Insupportable.

La deuxième partie de saison se déroule sans encombre dans le plan De Casaris ; une rupture de sa courroie d’alternateur à Silverstone, une boîte de vitesses cassée en Allemagne, un moteur cassé en Hongrie. Avec ce palmarès prestigieux, les pilotes Minardi se rendent à reculons en Autriche. Et le mauvais pressentiment se concrétise ; dans le même tour, Nannini part en tête-à-queue tandis que De Cesaris se retire pour un problème de cardan. On en est à 12 abandons en 12 courses, l’objectif de la saison parfaite devient réellement un objectif.

Andrea, le César des abandons.

Pour son Grand Prix national ainsi qu’à Minardi, Andrea De Cesaris aborde Monza avec l’envie de briller. Comprenez ici, terminer la course pour la première fois de la saison. Le Romain s’élance de la 21e position, ce qui n’aide pas forcément pour obtenir un résultat probant. Mais Andrea ne compte pas pour autant priver ses compatriotes de son arme fatale ; le tête-à-queue bien évidemment. L’Italien parvient à repartir, mais abandonne une 13e fois consécutive pour un énième problème moteur. Les Tifosi viennent de trouver leur nouvel héros national : Andrea De Crasharis est né.

Deux semaines plus tard au Portugal, De Cesaris espère enfin sortir la tête de l’eau. Mais dans une course marquée par 15 abandons, Andrea n’est bien évidemment pas épargné et termine dans les graviers portugais. La routine.

Vient alors l’avant-dernière épreuve au Mexique, plus que deux courses avant de réaliser une saison avec 100% d’abandons. Parti 22e, De Cesaris s’élance défaitiste, attendant paisiblement à quelle sauce va le manger cette fois sa Minardi. Les tours passent et l’Italien est toujours sur la piste, ses ingénieurs eux-mêmes ne comprennent pas pourquoi.

Profitant de nombreux retraits de course, le pilote romain se retrouve à défendre une anecdotique 10e position à 20 tours de l’arrivée. L’Italien s’autorise tout pour marquer zéro point à l’issue de la course, n’hésitant pas à tasser ses adversaires dans les graviers. Mais l’important est ailleurs puisque De Cesaris rallie l’arrivée pour la première fois de la saison, se classant 8e, et met fin à une folle série de 18 abandons consécutifs en Formule 1, record toujours en vigueur. Frustrant d’échouer si proche du but. Pire, Minardi fait coup double en voyant également Nannini terminer la course.

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Pour la der, De Cesaris se fait mousser

La dernière course de la saison fait escale en Australie. De Cesaris est encore sur son petit nuage et réalise sa meilleure qualification de l’année en se hissant 11e sur la grille. Dès l’extinction des feux, l’Italien réalise un départ canon ; quatre places perdues dès le premier tour. Voyant qu’il erre dans les profondeurs du classement pour cet ultime Grand Prix, Andrea nous offre une action exceptionnelle. Passé par les stands pour changer ses pneus, De Cesaris active sans faire exprès l’extincteur présent dans son cockpit puis se voit submerger par la mousse abondante. Un 15e abandon en 16 courses, et pas des moindres.

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Au-delà de cette saison 1986 particulièrement réussie, Andrea De Cesaris comptabilise pas moins de 147 abandons à son compteur en 208 Grands Prix, soit 70% de ses courses soldées par des abandons, un autre record vous vous doutez bien. Quand Lewis Hamilton peut se targuer d’avoir remporté un Grand Prix sur 3 durant sa carrière, De Cesaris se vante lui d’avoir terminé une course sur 3, sans en avoir gagné une seule.

Il faut rendre à De Cesaris ce qui est à De Cesaris.

Tom