Formule 1 2018 – Brésil | Ocon, la nouvelle carapace bleue de la F1


Esteban Ocon - GP Brésil 2018

Si Esteban Ocon est devenu un pilote estampillé Alpine, ce revirement de situation ne doit en aucun cas faire oublier les moultes exploits accomplis par le Français au volant de sa Force India. Si ses nombreux accrochages avec son coéquipier Sergio Perez ont souvent égayé des courses mornes et apathiques, il est impossible de ne pas se remémorer le Grand Prix du Brésil 2018. Véritable bon d’entrée au sein d’une nouvelle fédération. Oubliez la FIA. Place à la FFL.

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Ocon – Perez, le nouveau clasico de la F1

En 2017, Esteban Ocon débute son aventure avec l’écurie Force India. Et il faut avouer que le premier exercice se déroule très bien pour le Normand, avec une 8e place au classement des pilotes. Et des points inscrits lors de 18 courses sur 20. Autant dire qu’en novembre 2017, Ocon est clairement ciblé comme une menace potentielle pour venir gâcher nos week-ends les années à venir. La saison 2018 se poursuit sur le même acabit, jusqu’au Grand Prix de Singapour. Ocon et Perez s’accrochent. L’écurie décide que les deux pilotes ne pourront plus se battre en piste. Ou comment supprimer le peu de spectacle restant.

 

Un mois plus tard à Austin, Ocon réalise l’une des plus belles loses de la saison. Au terme d’une course rondement menée, il franchit la ligne d’arrivée à la huitième position. Mais la joie est de courte durée. On lui apprend qu’il va finalement être disqualifié à cause d’un débit massique de carburant trop élevé. La légende est en marche. Le week-end d’après est tout aussi amer au Mexique. Malgré tous ses efforts, il échoue finalement à la onzième place, aux portes des points. Devancé par un autre Normand, du nom de Pierre Gasly. Déjà.

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Ocon, cet autre « dingue du premier tour »

L’avant-dernière manche du championnat se déroule à Sao Paulo au Brésil. Ocon souhaite se relever de ses deux échecs précédents. Fort de cette motivation, il termine la séance de qualifications à la 13e position. Avec un bonus de cinq places de pénalité pour changement de boîte de vitesses. Les planètes commencent tout doucement à s’aligner.

Dimanche 11 novembre 2018. Le départ de la course est donné. Parti 18e, le clan Force India s’attend à une folle remontée de son pilote. Mais Ocon déjoue tous les pronostics et parvient à perdre une position lors du premier tour. Au profit de Stroll. La piquette saveur québécoise. Grand amateur des contre-pieds, le normand décide enfin d’entamer « sa » remontada. À l’aube du 33e tour, le voici 10e.

Quelques tours plus tard, il s’arrête aux stands pour chausser des pneus super tendres. Ressorti 16e, il a désormais 30 tours pour fondre sur ses adversaires. Les hommes en rose ne s’en doutent pas, mais le gain des cinq premiers tours avec la gomme rouge ne verra jamais le jour. Seulement trois boucles après le pit stop, Ocon fait la rencontre de Verstappen en piste. Et là, c’est le drame.

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Avec Ocon dans les rétros, Verstappen voit rose

Si la course se déroule le jour du Centenaire de l’Armistice de la Première Guerre Mondiale, Ocon ne va pas pour autant mettre fin aux hostilités en piste. Sur un rythme d’enfer avec ses gommes neuves, Ocon rattrape Max Verstappen, alors leader. Pris dans l’aspiration de la Red Bull, le Français se décale au bout de la longue ligne droite de l’arrivée. Et tente littéralement de faire l’extérieur sur le Néerlandais.

La suite est prévisible. Une manœuvre totalement ratée qui se finit dans l’échappement de Verstappen. Et c’est un joli tête-à-queue que nous offrent les deux pilotes qui se haïssent depuis leurs années karting. Ce qui provoque les mots doux de Jacques Villeneuve en direct sur Canal + : « Mais quel abruti ! Et c’est comme ça qu’Ocon veut rester en Formule 1 ? ». Une seconde piquette québécoise décidément.

Mais ce sont dans ces moments de haute tension qu’on reconnaît les grands champions. Alors qu’il est en train de reprendre la piste, Verstappen prend tout le temps d’asséner un doigt d’honneur magistral à Ocon. Digne de celui de René Girard dans ses plus belles soirées de Ligue des Champions.

« What a f****** idiot ! » M. Verstappen

Ça se passe de traduction.

« J’étais coincé, j’étais plus rapide que lui grâce à mes gommes fraîches. Il fallait que je puisse faire ma course » E. Ocon

Le Normand était à ce moment-là 14e. En même temps, il devait distancer les Williams de Sirotkin et Stroll derrière lui. Pas aisé. Dans cet accident, Verstappen perd la tête de la course au profit de Hamilton. Tandis qu’Ocon hérite lui d’un stop-and-go de 10 secondes. Il finira 14e. Tout ça pour ça.

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Esteban qui se fout de la charité

Après la course, Verstappen abandonne un journaliste en pleine interview pour aller rejoindre le Français à la pesée. Sourire narquois aux lèvres, Ocon fait dégoupiller le Batave. Ce dernier n’hésite pas à le bousculer à plusieurs reprises. On se croirait alors à la pesée de deux boxeurs avant leur combat.

Et comme si son abordage en course ne suffisait pas, le Normand en remet une couche en conférence de presse.

« Ce qui me déplaît vraiment chez Max, c’est son comportement de dingue à la pesée qui n’est clairement pas correct et pas sportif » E. Ocon

Pas correct et pas sportif. Au-dessus du ciel, il y a Esteban.

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Tom