Biathlon JO 2014 | Patrick Montel, ce Nostradamus de la lose


Jeux olympiques d’hiver 2014. Sotchi. Les compétitions ont débuté depuis seulement deux jours, et la délégation française nous offre déjà un moment d’anthologie. Mais pas ceux que vous croyez. Pas les athlètes, non. Mais les journalistes sur place. Et plus précisément le Dieu d’entre eux : Patrick Montel. Une prophétie qui restera à jamais gravée dans la neige russe.

La 22e édition des Jeux olympiques d’hiver se déroule en 2014 à Sotchi, dans le sud de la Russie. Si le samedi 8 février lance le début des hostilités entre les nations, dès le lendemain, la compétition est marquée par une scène épique. Non pas par un des 2 800 athlètes présents sur place. Mais par un irréductible Gaulois, obnubilé par la victoire française.

Emmené par son consultant et ancien biathlète Vincent Jay, ainsi que le journaliste André Garcia, France Télévisions a construit son armada autour de sa vedette du commentaire sportif : Patrick Montel. Le bougre en est à sa 28e année derrière le micro de la chaîne publique. Et il traîne déjà derrière lui des prédictions sen-sa-tio-nn-elles.

Championnats d’Europe d’athlétisme 2014. Il reste 150 mètres à parcourir sur le relais 4x400m féminin, quand Montel l’affirme : « Il n’y aura pas de podium pour le relais ». Une ligne droite plus tard, le relais français est champion d’Europe. Le début d’un mythe, et la naissance du fameux “ALORS PEUT-ÊTRE”.

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Patrick Montel, ce spécialiste du biathlon

Samedi. Premier jour de compétition à Sotchi. Le leader du biathlon tricolore Martin Fourcade ne peut faire mieux qu’une merveilleuse 6e place lors du sprint hommes. Et déjà, le trio de choc de France Télévisions se met en action.

« Une balle seulement ratée et tout s’écroule, alors qu’on avait vraiment l’impression que tu pouvais combler cet écart » P. Montel

Encore à côté. Et visiblement cette réputation précède les journalistes de France TV. Quand Vincent Jay tente de remonter le moral à Fourcade en affirmant que « la poursuite c’est vraiment le truc de Martin, il ne va pas se rater c’est pas possible », le biathlète français lui répond magistralement.

« Je crois qu’il disait pareil hier pour le sprint » M. Fourcade

Un coup de fraîcheur monumental dans le studio de la chaîne.

Pour voir ce moment culte, c’est ici

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Sprint féminin, le Graal de Montel

Dimanche 9 février 2014. Dès le lendemain, le sprint féminin prend place. Alors qu’il s’agit de ses premiers Jeux olympiques, Anaïs Bescond réalise une course particulièrement propre. Au moment de rejoindre Patrick Montel dans la zone mixte pour être interviewée, Bescond est provisoirement troisième. Et tel Thibaut Pinot dans la dernière semaine du Tour de France, Montel va subir un gros coup de chaud.

« C’est un truc de dingue ce qui est en train de se passer ! Tu fais un temps de malade sur le dernier tour ! Il y a peut-être la médaille au bout ! » P. Montel

Mais Bescond sent arriver de loin la terrible bascule.

« J’ai très peur que ça se finisse mal alors je ne veux pas me réjouir avant » A. Bescond

Moment choisi par les journalistes pour en remettre une couche. Il ne faut pas laisser naître le début d’un doute. C’est la médaille et rien d’autre.

« Si si c’est bon, c’est bien parti Patrick tu peux lui dire » V. Jay

« Vous avez peut-être eu la première médaille française au bout de votre micro Patrick » A. Garcia

« Je suis sûr qu’il y a la médaille de bronze au bout ! » P. Montel

Ils s’y mettent tous. Un par un. Ils se confirment les propos les uns les autres. Une rafale de fausses espérances. Si Bescond était sceptique deux minutes plus tôt, elle se voit désormais avec la médaille autour du cou.

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5e place et une médaille en chocolat

« Aïe… on y croyait à cette médaille » V. Jay

Vincent Jay démarre le lancement des repentances. Car oui, en quelques secondes, les deux concurrentes Olga Vilukhina et Vita Semerenko sont passées devant Bescond. Vilukhina franchit tout de même la ligne dix secondes devant Bescond. C’était gagné soi-disant. On a vu plus serré quand même.

Toujours dans la zone mixte, Bescond a la mine défaite (sans mauvais jeu de mot). Changement de ton chez les journalistes. Rattrapage en panique. À commencer par Montel, qui lui lâche une maxime lunaire. Retournement de veste : action !

« Ce qui ne te tue pas te rend plus fort, tu le sais ça ? » P. Montel

Visiblement Bescond a l’air dégoûtée. Et s’en va se consoler auprès de sa délégation.

« Aie, aie, aie, j’aurais préféré qu’on ne l’ait pas en direct celle-là… » P. Montel

« Ouai mais c’est bien aussi Patrick de l’avoir en direct » A. Garcia

Audience, Audience, Audience. Avec cette 5e place finale d’Anaïs Bescond, la première médaille française aux JO de Sotchi attendra.

Mais le karma n’a lui pas attendu.

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Tom