Opposé à l’ogre slovène du NK Maribor Teatanic lors du troisième tour préliminaire de la Ligue des Champions, l’OL imagine déjà sa saison 1999-2000 ponctuée par un parcours européen d’anthologie. Malheureusement pour eux, leurs plans vont être quelque peu contrariés. Retour sur cette double confrontation dont on parle encore plus de vingt ans après à Lyon.
Mardi 10 août 1999 : Les prémices du chef-d’œuvre
La masterclass commence en coulisses. Lors du mercato estival, les dirigeants rhodaniens ont vu les choses en grand. Plusieurs millions de francs claqués pour officialiser les signatures de Pierre Laigle, Tony Vairelles et Sonny Anderson. En vue d’une saison qui s’annonce déjà légendaire. Un retour sur investissement qui va s’avérer, lui, des plus rentable.
Match aller à Gerland. Confiants comme jamais, les supporters lyonnais s’attendent à un football champagne face aux onze bergers slovènes. Mais personne ne se doute une seule seconde que ce seront les joueurs lyonnais les chèvres de leurs troupeaux. Le match débute, et le doute commence à s’installer dans les têtes lyonnaises, minute après minute. Les joueurs rhodaniens se créent une avalanche d’occasions, aucune n’est convertie. Le réalisme des grands soirs.
Une fin de match en totale maîtrise de l’OL
Puis vient la libération. En cinq actes, telle une pièce de théâtre tragique. Capitale européenne de la jeunesse en 2013, Maribor va pourtant jouer les vieux briscards en fin de match.
88e minute. Au duel avec Martin Pregelj (que l’on ne présente plus), Steed Malbranque goûte la pointe de son coude dans le pif. Une hémorragie nasale qui l’oblige à sortir du terrain. Sur la touche qui suit, Simon Sešlar adresse un centre millimétré sur la tête de Hubert Fournier dans la surface de réparation lyonnaise. Fair-play, ce dernier décide de remettre le ballon en cloche au point de pénalty, au lieu de le dégager sur le côté. Cela aurait été trop simple.
Heureusement pour l’OL, son longiligne défenseur polonais Jacek Bak se charge du troisième acte. Après une première intervention aérienne complètement loupée (sur le ballon en cloche de ce sacré Hubert, toujours lui), Bak décide de jouer l’homme. Un premier coup d’épaule, puis une savate envoyée avec le pied qui touche tout sauf le ballon.
Alors que Greg Coupet réalise un premier arrêt décisif, Dalibor Filipović est étrangement seul à la réception du ballon. Et n’a plus qu’à pousser au fond des filets. L’acte final de cette tragédie est sublimé par le buteur lui-même. Une célébration magistrale, index sur la bouche, devant le Kop de Gerland. La boucle est bouclée.
Mercredi 25 août 1999 : L’aboutissement
Match retour en Slovénie. Situé dans la région de la Basse-Styrie, Maribor va être le théâtre d’une non-remontada légendaire. Les Lyonnais doivent impérativement marquer lors de cette rencontre pour rattraper leur but encaissé deux semaines plus tôt. Chose qu’ils ne vont évidemment pas faire. Mieux, ils encaissent deux buts dès la première mi-temps. Histoire de faire voler en éclats les dernières miettes d’espoir des supporters les plus optimistes. Passé à côté de son match retour, la défaite cumulée 3-0 devient gênante pour l’OL.
Alors on essaye encore de comprendre pourquoi, même vingt-trois ans plus tard. La faute au temple du foot slovène, le Stadion Ljudski vrt ? Avec près de 7000 supporters en fusion ce soir-là, compliqué de rejeter la faute sur eux. La faute alors à l’altitude de la ville ? Perché à 275 mètres de hauteur, difficile d’accuser le coup sur le manque d’oxygène. La réponse à cette déconvenue va finalement être apportée par le coach lui-même, Bernard Lacombe : « On n’était pas prêts ». L’explication est on ne peut plus claire.
Alors que les supporters lyonnais commencent à comprendre que la Ligue des champions se regardera désormais à la télévision, ces derniers décident dès le lendemain d’ajouter du panache à cette sortie déjà éclatante. Un envahissement du centre de formation, et c’est une saison qui s’annonce déjà épique pour les joueurs lyonnais.
Et comme si cette aventure hors du commun n’avait pas suffisamment servi de leçon, l’OL ne trouve pas meilleure idée que de se classer troisième du championnat cette année-là. Et pouvoir ainsi retrouver leur cher et tendre troisième tour préliminaire de Ligue des Champions. Le début d’une histoire d’amour.