Aujourd’hui nous poursuivons notre florilège des plus beaux chokes rencontrés en Coupe de France. Nous vous amenons cette fois-ci au début des années 2000, dix-huit ans en arrière. Le 4 janvier 2003 et le 32e de finale de la Coupe de France qui oppose l’immense FC Libourne-Saint-Seurin à Lyon. Si les locaux font figure de Petit Poucet, ils possèdent néanmoins une carte dans leur manche : Jean-Marc Furlan. Alors tout jeune entraîneur, les lyonnais vont très vite faire sa connaissance…
Oubliez Schirrhein, même si ce n’est pas aisé, on vous amène cette fois-ci dans notre chère Gironde. Terre de lose comme pas deux, nous ne nous attarderons pas ici sur sa préfecture bordelaise. Mais sur l’une des cinq sous-préfectures girondines : Libourne. Coïncidence nous direz-vous ? Pas le moins du monde.
S’il fait bon y vivre dans cette petite ville de Nouvelle-Aquitaine, une entité locale se montre toutefois bien moins hospitalière avec les visiteurs : le Football Club Libourne-Saint-Seurin. Créé en 1935, le club doit sa notoriété avant tout à la fusion entre l’AS Libourne et l’AS Saint-Seurin. Excusez du peu. C’est tout juste si on arrive à faire entrer tous les supporters dans l’imposante enceinte du Stade Jean-Antoine Moueix et ses 8 500 places. Niveau palmarès, l’exploit le plus prestigieux de l’histoire du club a sans doute été d’apparaître durant six saisons en Ligue 2. Sky is the limit.
Libourne, multirécidiviste des exploits en Coupe de France
Toutefois les « Pingouins » de Libourne se sont révélés aux yeux du monde entier à travers la Coupe de France. Tout commence l’année précédente, en 2002, où le FC Libourne-Saint-Seurin crée un premier exploit en se hissant jusqu’en quart de finale. Faisant tomber notamment Lille, Metz et battu seulement par le SC Bastia, futur finaliste de la compétition.
Pour ce qui est de Lyon, l’aventure s’était terminée brutalement en 16e de finale face à Châteauroux. Mais plus de peur que de mal, les lyonnais n’ont pas daigné apprendre. Retour en 2003. Nous ne sommes qu’en janvier et pourtant l’Olympique Lyonnais est déjà éliminé de la Ligue des Champions et de la Coupe UEFA. Les champions de France en titre se disent alors qu’ils vont pouvoir se rabattre sur la Coupe de France pour sauver leur saison. C’était sans compter l’ogre libournais.
Dans ce climat débordant de confiance, le coach Paul Le Guen décide tout bonnement de placer cinq joueurs en défense. Sereins. Sentant que les genoux lyonnais commencent à vaciller avant la rencontre, Bernard Lacombe souhaite les remobiliser. Cela aura tout l’effet inverse.
« Je vous rappellerai qu’il y a deux ans, nous avions battu un mercredi le Bayern Munich 3-0 et que le samedi suivant, on ne s’était qualifiés contre Fontenay-le-Comte qu’aux tirs aux buts… » B. Lacombe
Bernard, ce spoiler.
Le résumé du match Libourne – Lyon
Samedi 4 janvier 2003. Le Stade Jean-Antoine Moueix affiche complet. Plus de 8 000 supporters sont prêts à en découdre. Leur équipe favorite, qui végète en CFA, affronte ce qui se fait de mieux sur la scène nationale. Si Le Guen a décidé de faire tourner son effectif, le druide Jean-Marc Furlan décide lui d’aligner « ses » vedettes : le jeune prometteur Mathieu Chalmé, le capitaine Régis Castant et l’incontrôlable Pascal Thèze.
Malgré ce balai de stars, le début de la rencontre est poussif de part et d’autre. À la demi-heure de jeu, Sydney Govou sert sur un plateau Peguy Luyindula qui se retrouve seul face au gardien libournais. Mais sa reprise est totalement foirée. Le soi-disant successeur de Drogba à l’OM a bien trompé son monde. Il ne reste que quelques secondes à jouer dans la première période, quand la superstar locale Régis Castant trouve le poteau sur un extérieur du pied bluffant. Sans doute involontaire. Cantonné sur le banc, l’élève Juninho ne peut qu’applaudir son maître libournais.
La deuxième mi-temps démarre sur le même rythme. Lyon ne veut pas s’éterniser jusqu’aux prolongations. Alors Paul Le Guen décide à l’heure de jeu de faire entrer l’artillerie lourde pour mettre un terme à l’épopée des Pingouins. Juninho fait son signe de crois en foulant la pelouse. On se dit alors que la messe est dite. Mais à peine cinq minutes plus tard, le milieu Pascal Thèze trouve ce diable de Castant qui envoie un missile sol-air dans la lucarne de Coupet. Coaching gagnant de Le Guen. Le technicien remet ça en faisant entrer un autre cadre juste après l’ouverture du score : Tony Vairelles. Comme un vent de panique qui souffle sur le banc lyonnais.
Mais rien n’y fait. Libourne passe, Lyon trépasse.
Coach Vahid, ce briseur de rêve
Après la rencontre, Paul Le Guen a une réponse toute simple pour expliquer son échec : « On savait que Libourne était une bonne équipe. Elle n’est pas pour rien en tête de son groupe de CFA ».
Depuis ce 4 janvier 2003, la CFA est désormais devenue un championnat européen de référence. On est leader de CFA ou on ne l’est pas. Encore sous le choc par ce nouvel exploit retentissant, son homologue Jean-Marc Furlan met de côté la langue de bois et se lâche franchement : « Le football est un sport unique où les petits peuvent devenir grands ». On frôle l’euphorie.
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Tandis que les libournais parviennent à vaincre Le Mans en 16e de finale, l’aventure des Pingouins s’achève un mois plus tard en huitièmes. Par une défaite 3-0 face au Stade Rennais, entraîné par l’inévitable Vahid Halilhodžić.
Mais les plus belles pages de Jean-Marc Furlan s’écriront surtout une décennie plus tard. Avec notamment 4 relégations consécutives lors de ses 4 dernières saisons de Ligue 1. L’anti Sam Allardyce quoi.
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