Tour de France | Joop Zoetemelk, le presqu’Poulidor des Pays-Bas.


( Photo Agence Ferguson / Icon Sport )

Si on dit souvent que l’histoire est écrite par les vainqueurs, cela se vérifie avec Joop Zoetemelk. Le Néerlandais a marqué le cyclisme mondial durant les années 70 et 80, sans pour autant recevoir la gloire qu’il mérite.

Quand on associe les termes Tour de France et second, le nom de Raymond Poulidor nous vient directement à l’esprit. En effet, le natif de Masbaraud-Mérignat possède le record de podiums sur la Grande Boucle, avec pas moins de huit succès dans cette quête. Si Poupou a surtout marqué les années 60, il a pu voir de ses propres yeux une relève de haut vol. Car si Poulidor détient le record de podiums sur le Tour, c’est le Néerlandais Joop Zoetemelk qui possède celui des deuxièmes places. Coup de projecteur sur ce prodige trop méconnu du grand public. Heureusement, nous sommes là pour rétablir la vérité.

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Les années 70, maître Poupou et l’élève Joop

Le Hollandais du Tour de France, comme il va être surnommé durant sa carrière, ne tarde pas à mériter ses lettres de noblesse. Dès sa première participation lors de l’édition 1970, Joop Zoetemelk se hisse à la deuxième place, derrière Eddy Merckx. L’année suivante, le Néerlandais va une nouvelle fois subir la loi du Cannibale, et se casser les dents sur cette 2e place si romantique.

La suite des aventures réserve une bonne et une mauvaise nouvelle pour Zoetemelk. La bonne c’est que la deuxième place cesse enfin de lui coller à la peau. La mauvaise ? Il est éjecté du podium trois éditions de suite, pour bouffer du chocolat en 1973 et 1975. Une quatrième place qui lui va très bien également, tout compte fait.

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L’année 1976 est le théâtre d’une Grande Boucle historique. Elle marque le retour en grande pompe de Joop Zoetemelk, et de son maître en la matière, Raymond Poulidor. L’Éternel Second a dix ans de plus que son cadet, alors très vite il devient le grand frère, un modèle dans les presqu’victoires. Et sur cette édition 1976, les deux acolytes vont avoir l’occasion d’unir leurs forces. Pour remporter le Tour ? Non, pour finir deux et trois. Avec Joop dans le rôle du second. Comme une page qui se tourne. L’élève vient de dépasser le maître.

Bernard Hinault prend le relais de Merckx

Après avoir subi la suprématie d’Eddy Merckx, Joop prend de plein fouet celle de Bernard Hinault. Et les éditions de 1978 et 1979 ne vont pas le louper. Le Blaireau signe un doublé, laissant à Joop quelques miettes et ses yeux pour pleurer. Le Néerlandais vient de conclure pour la cinquième fois un Tour de France à la deuxième position. Mais il en faut plus pour le décourager. Le bougre essaye encore et toujours. Jusqu’à cette fameuse édition 1980.

Une nouvelle fois, c’est Bernard Hinault qui survole les débats. Le Français remporte trois victoires d’étape et porte le maillot jaune lors de la 12e étape reliant Agen à Pau. Ce sera la dernière fois qu’il aura cet honneur, Bernard étant contraint à l’abandon pour cause de douleur au genou. Les planètes semblent enfin s’aligner pour Joop.

Avec le retrait de Hinault, Zoetemelk peut enfin rouler de manière relâchée. Le Néerlandais remporte son premier Tour après dix tentatives. Pour l’anecdote, il remporte la Grande Boucle avec 6 min 55 s devant… son compatriote Hennie Kuiper. Les Pays-Bas, fournisseurs officiels de seconde place sur le Tour.

Les années 80 marquent la fin d’une ère

Quatrième en 1981, Joop Zoetemelk va monter une toute dernière fois sur la boîte l’année suivante. Mais rassurez-vous, ce sera à nouveau à la 2e position, et encore une fois derrière Bernard Hinault. Une régularité déroutante qui permet au Néerlandais de détenir le record du plus grand nombre de deuxièmes places au classement final sur le Tour de France, avec 6 presqu’victoires en 1970, 1971, 1976, 1978, 1979 et 1982. Un sacré presqu’palmarès, alors même qu’il a remporté 10 étapes sur le Tour.

Mais les exploits de Joop ne s’arrêtent pas en si bon chemin. Le Néerlandais est le coureur qui a terminé le plus de Tour de France, à 16 reprises. Record qui a toutefois été égalé par un certain Sylvain Chavanel en 2018. En 16 participations au Tour de France, le bougre a terminé à 11 reprises dans le Top 5, pour 7 podiums dont 1 victoire. Celle de trop. Autre ombre au tableau, Zoetemelk remporte les championnats du monde en 1985 à 39 ans, faisant de lui le champion du monde le plus vieux de l’histoire.

Mais Joop ne s’arrête pas là, et continue de prendre un virage contraire à ses valeurs d’antan. À 40 ans, il ajoute l’Amstel Gold Race à son palmarès, s’éloignant de plus en plus du mythe qu’il a construit durant la décennie 70. Mais on accepte de faire table rase pour cette fois.

Contrairement à ce que les livres d’histoire veulent nous faire croire, Joop Zoetemelk est le coureur cycliste qui a le plus mérité le surnom d’Éternel Second.

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Tom