Top 10 des désillusions françaises à Roland-Garros


5. Mathieu vs Nadal, le coup de la banane (2006)

C’est toujours agréable de voir un compatriote donner le meilleur de soi-même… pour rien, parce qu’il joue contre un titan. En 2006, Paul-Henri Mathieu affronte au 3e tour le maître des lieux : Rafael Nadal. Le Strasbourgeois a l’audace de remporter le 1er set en proposant une petite balade dans le fond de court au Majorquin. Après tout, on est dans son jardin, autant qu’il en profite.

Sauf que balader Nadal sur le Chatrier, c’est un peu comme emmener en footing ton pote qui ne fait jamais de sport. À la fin, c’est toi qui craches tes poumons et lui qui reste frais. Mathieu se battra, un peu trop vaillamment à notre goût, dans les 3 sets suivants. Ayant même recours à un bout de banane mal passé dans la trachée de l’Espagnol pour tenter de le désarçonner. Nadal s’en sortira en faisant appel au kiné. Le coup est vicieux, et inefficace. Joli combo Paulo !

Après 5h de combat et d’espoir dans les travées de Roland, Mathieu s’incline finalement 7-5, 4-6, 4-6, 4-6. Le plus long match de l’histoire en 4 sets finira par une défaite française. Et ce match restera dans l’inconscient collectif comme le plus beau de la carrière de PHM. Quoi de plus FFL que ça soit une défaite?

 

4. Sharapova vs Garcia, la ola de trop (2011)

On minimise toujours l’impact du public dans le sport. Il est temps de lui rendre hommage car à Roland, il nous a offert une magnifique lose. Nous sommes en 2011, Caroline Garcia n’a que 17 ans et elle affronte au 2e tour, Maria Sharapova, ex-n°1 mondiale. Problème : tout se passe mal. La 188e à la WTA est en train de donner une leçon à la Russe. La voilà qui mène 6-3, 4-1. Mme Sharapova, rappelez-nous de ne plus faire appel à vous quand il s’agit de bizuter nos sportifs.

Le salut viendra des gradins. Inquiets, les spectateurs qui n’ont pas pour habitude de voir une Française performer sur le Central, se lancent dans une ola endiablée. Meilleur move ever venu des tribunes ! Caroline Garcia retrouve ses esprits, se rend compte de son erreur et réalise le sans-faute. 11 jeux perdus dans la foulée (3-6, 6-4, 6-0). Ce jour-là, à défaut de le piquer, tu as conquis notre cœur Caroline. Et merci public !

3. Paul-Henri Mathieu vs Agassi, l’interruption divine (2002)

À Roland, il faut toujours garder un œil sur les jeunes pousses. Parce qu’on n’est pas à l’abri de les voir prendre la confiance et renverser des grands de leur sport. En 2002, Paul-Henri Mathieu a bien failli nous faire le coup en 8e de finale.

Ce lundi 3 juin, pendant 2 sets, il fait passer André Agassi pour un gamin apprenant à servir à la cuillère. Enfilant les aces et les coups gagnants comme Benoît Paire enfile les apparitions dans nos colonnes. Pire, il breake l’Américain à l’entame du 3e.

À cet instant, on sort la botte secrète: la petite danse de la pluie. Ondée furtive histoire d’interrompre le match juste 15 minutes et d’enterrer la dynamique du Français. Devinez quoi ? Ça a pas loupé ! À la reprise, Mathieu est un homme nouveau. Enfin disons qu’il est redevenu Français quoi : un joueur qui fait des fautes et qui laisse son adversaire recoller à 2-2.

Quand au début du dernier set, le Strasbourgeois breake de nouveau, on ne sait plus quoi tenter. On décide de laisser le destin faire… Enfin Agassi faire ! Devinez quoi ? Ça a pas loupé ! L’Américain se remet à l’endroit mais a un mal de chien à conclure sa balle de match. C’est ce que ça court vite ces petites bêtes !

Score final : 4-6, 3-6, 6-3, 6-3, 6-3. Tu nous as faire peur sur ce coup-là Paul-Henri mais tu es pardonné. Dans quelques mois, tu sauras user du même scénario pour nous combler de joie en finale de Coupe Davis

2. Fognini vs Monfils, braquage à l’italienne (2010)

Gaël Monfils est un showman, et c’est sur ce 2e tour contre Fognini qu’il y a mis le plus d’émotions. En bon dribbleur qu’il est, la Monf’ a feinté tout le public ce jour-là. Même nous. Face à l’Italien, il remporte les deux premiers sets en moins d’1h20. Naïfs que nous sommes, nous plongeons dans la feinte. Sauf que ce filou de Gaël nous propose ensuite un enchaînement de qualité. Perte du 3e set malgré un break d’avance. Encore mieux, perte du 4e malgré DEUX breaks d’avance ! 5e set : cassage de raquette dans le camp français. La première fois dans sa carrière. Il n’est jamais trop tard pour prendre de bons réflexes.

Il commence à se faire tard et Monfils calme le jeu. Le 15e mondial revient à 5-5 en sauvant 3 balles de matches juste avant que la rencontre ne soit interrompue par la nuit. Une bonne nuit de sommeil pour revenir ponctuer le chef d’oeuvre le lendemain. 31 minutes, 2 balles de break manquées, 6 jeux joués et un dernier set offert à Fognini (2-6, 4-6, 7-5, 6-4, 9-7).

The show must go on.

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1. Tsonga vs Djokovic, Djokovic sauveur de la patrie (2012)

Ce 5 juin 2012 est une date marquante car il nous rappelle que notre credo est fragile. La lose ne peut parfois tenir qu’à un fil. Pour ce quart de finale, nous étions dans l’incertitude quant à la fidélité de Jo-Wilfried Tsonga envers notre fédération. Opposé à Djokovic, le n°1 mondial, le Manceau a réalisé ce qu’on redoutait depuis le début du tournoi : un grand match. Imaginez, le Français était tellement perdu qu’il s’est procuré quatre balles de match dans le 4e set. Faisant se lever tout le court Chatrier. Le stress sur la tête de Gachassin (président de la FFT à l’époque, au centre de la vidéo) au moment de la première vaut le détour (18’16)

 

Nous pouvons nous estimer heureux qu’en face de lui jouait un héros (déjà fournisseur de lose en finale de Coupe Davis en 2010). Il n’en fallait pas moins pour remettre Jo dans le droit chemin. Sur ces 4 balles de matches, alors que tout espoir semblait perdu, Djokovic guida Tsonga vers la lumière, lui refusant la victoire au dernier moment. Un magnifique crève-cœur pour tout le public dans les gradins, une rédemption pour le n°1 français.

Car dans la foulée, Tsonga se repentira en cédant le 5e set à Djokovic, comme il l’avait fait pour le 1er : 6-1. Le Français sort du tournoi (6-1, 5-7, 5-7, 7-6, 6-1) par la grande ou la petite porte ? On ne sait plus trop…

Mais comment ne pas mettre cette défaite tout en haut de notre top malgré tout ? Elle a été tellement longue à construire, un travail de longue haleine. L’espoir à son paroxysme. La désillusion qui va avec. La presqu’victoire à son apogée.