Dans le tableau noir de notre fédé, Alain Prost occupe une place de choix. Du haut de ses quatre titres de champion du monde, le Français nous rappelle à quel point la Formule 1 était notre ennemi public numéro 1 dans les années 1980-90. Les temps ont bien changé depuis, certes. Mais Prost avait certainement besoin de se faire pardonner pour ses péchés originels. Le voici qui entame en 1997 une aventure époustouflante : Prost Grand Prix. Tout en mégalo.
Dès le départ, les observateurs de la Formule 1 y ont cru. En même temps, les débuts sont quelque peu inquiétants. Lors de la première course à Melbourne, Prost Grand Prix inscrit ses premiers points avec la cinquième place d’Olivier Panis. La manche suivante au Brésil ? Premier podium. Mais fort heureusement, Alain va arrêter d’être Prost.
La course suivante, les voitures bleues sont encore un niveau au-dessus. Derrière des Williams intouchables, qui réaliseront le doublé pilote – constructeurs, les Prost sont les meilleures des autres. Panis s’élance 3e, passe 2e suite à l’abandon de Frentzen, tient le rythme de Jacques Villeneuve en tête. Alors que le Français est bien parti pour récupérer la première place, et signer la première victoire de Prost Grand Prix en Formule 1 au bout de trois tentatives seulement, son moteur tombe en panne. Le début d’une guigne légendaire.
Tandis que Panis subit un grave accident au Grand Prix du Canada, le jeune Italien Jarno Trulli le remplace. Et lors de la manche en Autriche, le Transalpin part en troisième position, mène la course durant 37 tours, mais abandonne à dix boucles de l’arrivée sur une nouvelle casse moteur. La guigne on vous dit.
1998, tout rentre (enfin) dans l’ordre
Si les résultats de cette première année sont si prometteurs, avec 21 points inscrits, c’est parce que l’écurie du quadruple champion du monde bénéficie encore du partenariat avec Ligier. Mais dès la saison suivante, la collaboration avec Peugeot peut commencer. Et le meilleur est à venir. D’un point de vue contractuel tout d’abord. Alain Prost avait négocié avec la firme sochalienne la fourniture gratuite du V10 pendant 5 ans. Mais l’accident de Panis a refroidi la marque au Lion ; la fourniture du moteur ne se fera plus que sur 3 ans. Et comme si ça ne suffisait pas, elle devient désormais payante.
« Nous avions un projet avec Peugeot. Ensuite ils sont revenus deux jours avant de signer et il n’y avait plus que trois années et je devais payer pour le moteur » A. Prost
Prost, le roi des affaires. C’est dans ce contexte, qui respire la sérénité, que Prost Grand Prix aborde sa deuxième saison. Résultat ? Un seul point durant toute l’année 1998. Et une neuvième place au championnat constructeurs. C’est en toute logique que la saison 1999 doit faire office de rebond pour l’équipe française. La voiture sera performante, mais les résultats catastrophiques. Explications. Dès le Grand Prix inaugural en Australie, Jarno Trulli est troisième. Les espoirs d’une saison meilleure voient enfin le jour… jusqu’à ce que la trappe à essence n’en décide autrement. Un acharnement.
L’année se termine comme elle avait commencé. Au Japon, Olivier Panis roule paisiblement en troisième position. Mais un problème électrique lui fait prendre sa douche avant ses concurrents. Ce n’est même plus une surprise. Un tas de désillusions qui sonne le début de la fin pour Prost Grand Prix.
2000, le chef-d’œuvre d’une vie pour Prost
La saison 2000 marque un profond changement dans l’écurie française. En plus d’une valse des ingénieurs, les deux pilotes titulaires Panis et Trulli sont remplacés par Nick Heidfeld et l’inconditionnel Jean Alesi. Cette entrée dans le nouveau millénaire va s’avérer être un arc-en-ciel au milieu d’un ciel orageux ; un mélange judicieux entre manque cruel de performance et absence totale de fiabilité.
Une situation qui tend au plus haut point Alain Prost, et qui l’amène à critiquer ouvertement l’apport déficient de Peugeot. Une guerre franco-française qui va connaître son apogée… lors du Grand Prix de France ! Les tensions poussent les employés de Peugeot à se mettre en grève lors de la course à Magny-Cours. Quel meilleur endroit pour mettre en avant l’excellence à la française ? Nous sommes en plein rêve. Cette saison 2000 restera le chef-d’œuvre de Prost Grand Prix : 0 point inscrit en 17 courses, et une place de bon dernier au classement constructeur. Le panache bleu blanc rouge.
2001, le temps de l’hommage
L’ultime année dans la catégorie reine du sport automobile vaut également son petit pesant d’or. En 2001, la collaboration avec Peugeot prend fin. Mais la voiture reste toujours plus lente que les autres, alors que l’écurie française paye pourtant une fortune le moteur Ferrari. Cette saison-là, Prost Grand Prix va utiliser pas moins de cinq pilotes : Alesi, Frentzen, Enge, Burti et Mazzacane. Preuve d’une sérénité qui n’est plus. Ou qui n’a jamais été.
Le championnat du monde se termine toutefois avec un net progrès par rapport à l’année précédente. Prost Grand Prix récolte la bagatelle de quatre points. Après l’optimisme de la première saison, les quatre suivantes redeviennent bien plus françaises. Jusqu’à provoquer la disparition de l’écurie en fin d’année.
Mais il ne faut pas se tromper pour autant. Prost Grand Prix en Formule 1 c’est :
- 83 Grands Prix
- 0 pole position
- 0 meilleur tour en course
- 0 victoire
- 1 grève des employés
- 74 abandons
- 30 millions d’euros de dette qui contraignent le team à la liquidation judiciaire.
Alain Prost, bien meilleur patron d’écurie que pilote.
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