Nantes – Torino 1986 | Les Canaris empalés par le Taureau


En 1986, Nantes jouait au toréador devant le Torino en Coupe de l’UEFA. Une technique à peu près efficace au match aller. Au match retour en revanche, les Canaris voient rouge et finissent piétinés. Une double confrontation qui a toute sa place dans notre Panthéon de la Lose.

Les clubs français se portent bien sur le plan européen en 1986. Quatre d’entre eux participent aux Coupes d’Europe. Le PSG se fait sortir de la Coupe des Clubs Champions par les Tchèques de Vitkovice (à vos souhaits) au 1er tour tandis qu’un trio de rêve joue la Coupe de l’UEFA : Lens, Nantes et Toulouse.

Ici, nous allons nous intéresser au FC Nantes. Les deux autres ne valent pas le coup. Lens tombe avec les armes dès le 1er tour contre les futurs finalistes, Dundee United. Et le Téfécé trahit hautement la FFL en sortant le Napoli de Maradona aux tirs au but. Affront vite rattrapé au tour suivant : élimination contre le Spartak Moscou.

Deschamps-Desailly, les titis nantais

Le FC Nantes en revanche, se distingue par une double-confrontation au 1er tour contre le Torino. Au milieu des années 80, Nantes fait partie de l’élite française du ballon rond. 23 ans qu’elle figure en D1, 6 titres de champion de France, 2e du championnat et quart de finaliste de la Coupe UEFA la saison précédente. La Beaujoire est encore toute neuve et même si les deux buteurs phares de la saison passée (Halilhodzic et Touré) sont partis, les Canaris peuvent compter sur les joueurs formés au club comme les tout jeunes Deschamps ou Desailly (17 ans et 18 ans). Bref, ils n’ont pas grand-chose à craindre du Torino. Sur le papier.

Affiche football FFL Panthéon de la Lose
Retrouvez le maillot du Torino parmi les 64 bourreaux du football français dans l’affiche Panthéon de la Lose

Une sombre affaire de protèges-tibias

Sur le papier seulement. Car sur le terrain, ce n’est pas la même mayonnaise et la moutarde monte vite au nez de Jean-Claude Suaudeau qui voit ses joueurs n’arriver à rien. À Nantes pour le match aller, un détail blesse d’entrée : Deschamps n’est pas titulaire. Ce qui veut dire : finie la chatte à Dédé (eh oui, déjà). Par contre, il y a toujours Kombouaré (oui parce qu’il y a une époque où Kombouaré jouait autre chose que le maintien) et les autres.

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Les autres comme Vincent Bracigliano, capable de tout faire basculer. Peu avant la mi-temps, le milieu nantais se jette pour récupérer le cuir. Problème : le Turinois en face fait la même chose. Télescopage brutal. L’arbitre siffle et juge l’Italien fautif dans un premier temps. Mais avec toute la gouaille qu’on leur connaît, les Transalpins parviennent à sournoisement retourner Mr Syme. Au sol, leur partenaire exhibe la trace du choc sur son tibia (non recouvert d’un protège, ce n’est qu’en 1990 qu’ils deviennent obligatoires). Choqué, l’arbitre écossais adresse finalement un rouge direct à Bracigliano. Tiens, des Italiens qui chialent, un Français expulsé bêtement, ça nous rappelerait bien quelque chose…

Une défense à la nantaise

Réduit à 10, les Nantais perdent le fil du match en seconde période. Dès le retour du vestiaire, les Turinois assistent bien malgré eux à une phase défensive de toute beauté du FC Nantes. Parce qu’ils savent l’importance de ne pas se jeter lorsqu’on défend, Kombouaré et Desailly réalisent tour à tour un tacle très propre (sans toucher l’adversaire, mais sans toucher le ballon non plus). Pépère, le Torino fait circuler le ballon jusqu’à la surface de Bertrand Demanes qui redressera la barre par rapport à son clinquant match aller en sortant cueillir des pâquerettes on ne sait où (1’04).

Un premier but exceptionnel. Trois autres s’ensuivront. 4-0 score final, les Canaris sont fessés à la maison. Y a pas à dire, le jeu à la nantaise s’avère efficace.

À Turin pour le match retour, Jean-Paul Bertrand-Demanes n’est pas dans son assiette. Plus rien à voir avec celui qu’on avait vu à l’aller. Le portier nantais, sort plusieurs parades décisives mais la FFL retient surtout sa sortie aérienne de toute beauté au retour du vestiaire (3’20). À côté de lui, la patrouille de France ne ferait pas le malin. Enfin bref, sur l’action, Desailly concède un penalty et “il Toro” passe devant (1-0). Anziani gâchera cependant la belle soirée en égalisant peu après l’heure de jeu.

Finalement éliminés de l’Europe, les Canaris connaîtront ensuite une saison palpitante en milieu de tableau (12e de D1). Le Torino, lui, ira jusqu’en quart de finale de la Coupe UEFA.


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