Mondiaux Judo 2003 | La France reçue 5 sur 5


Du 11 au 14 septembre 2003, le judo français a gagné ses lettres de noblesse. Si toute nation a déjà vécu la défaite de près, peu peuvent se targuer d’avoir enregistré 5 revers en autant de finales dans une même compétition. La France si.

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En 2003, les Mondiaux de judo se déroulent à Osaka, située sur l’île de Honshū. Ils interviennent un an avant les Jeux olympiques d’été à Athènes, et doivent donc servir de dernière répétition générale avant le plus grand rendez-vous planétaire pour chaque athlète. Côté français, on est plutôt très confiant avec la délégation de judo. Fabien Canu, le Directeur technique national, espère lui 7 à 8 médailles pour les Mondiaux. Autant vous dire que la giga pression est mise sur les épaules des Bleus.

“On a beaucoup semé, il n’y a plus qu’à attendre la récolte” F. Canu

Le DTN a dit les termes.

11 septembre – Ghislain Lemaire donne le ton

Très vite, la 26e édition des Championnats du monde de judo tourne à la mascarade pour notre fédération. Que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, les judokas français prennent un malin plaisir à nous renverser sur le tatami. Et ce qui devait arriver arriva ; dès le premier jour de la compétition, la France dispute déjà sa première finale de ces Mondiaux. Dans la catégorie des – 100 kg, Ghislain Lemaire est confronté au Japonais Kosei Inoue. A domicile, le local du tournoi a le public en sa faveur. Mais le Français a une revanche à prendre sur lui-même ; 3e des Mondiaux en 1997, et 5e en 2001, Ghislain  compte bien briser cette série. C’est pourquoi il se prend un ippon limpide contre le Japonais. 1ère finale perdue des Mondiaux.

13 septembre – Et une, et deux, et trois défaites

On pourrait penser que cette désillusion en finale refroidisse et dissuade toute envie française de se battre pour l’or. Mais seulement deux jours plus tard, Daniel Fernandes tente à son tour sa chance. En finale des – 73 kg, le natif de Nogent-le-Rotrou veut surfer sur sa médaille de bronze lors des Championnats d’Europe en 2001. Face au Sud-Coréen Lee Won-Hee, Daniel effectue sa prise favorite ; le uchi mata. Mais il se retrouve finalement sur la tête, et se prend un ippon de Won-Hee. Deuxième finale, deuxième défaite pour le clan tricolore. L’idée commence à faire son chemin.

Toujours chez les hommes, Larbi Benboudaoud souhaite changer les idées de sa délégation, et se hisse en finale des – 66 kg. Dans sa catégorie, il est l’une des plus grandes chances de sacre côté français. Double champion d’Europe, et champion du monde en 1999, Larbi en impose. Mais face à lui, Arash Miresmaeili est tout simplement le champion du monde en titre. Dans ce duel au sommet, le Français subit une “pelleteuse”, technique consistant à saisir le pantalon de son adversaire pour le faire basculer. Injouable. Troisième finale, troisième revers. L’histoire est en marche.

Mais cette journée n’est pas complète. En effet, un autre Français se présente en finale, ou plutôt devrions-nous dire une Française. Dans la catégorie des – 52 kg, Annabelle Euranie défie Amarilis Savon. Championne d’Europe quatre mois plus tôt, et tout juste âgée de 21 ans, Annabelle pense prendre le meilleur sur la Cubaine. Mais elle se fait finalement immobiliser par son adversaire. Vous savez très bien ce que cela signifie ; quatrième finale française, quatrième sanglot.

14 septembre – La meilleure pour la fin

Qui d’autre que Madame Frédérique Jossinet pour clore ces Mondiaux de rêve. Outre ses trois titres de championne d’Europe qui font tache sur son CV, telle une tasse de café renversée sur son mémoire tout juste imprimé, Frédérique a réalisé un sans faute lors des autres compétitions internationales ; 5 médailles d’argent et de bronze lors des Jeux olympiques et des Championnats du monde. Et sa première breloque des Mondiaux date justement de cette édition 2003. La Française est opposée en finale des – 48 kg à Ryoko Tamura, tout simplement la judoka la plus titrée de l’histoire. Inutile de vous dire que la Japonaise domine Jossinet sans le moindre effort. Mais cette dernière n’est pas rancunière, bien au contraire.

« Évoluer à la même période que Ryoko ne me rend pas aigrie, je suis fière. Si demain c’était à refaire je signerais, et à la même place » F. Jossinet

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Avec cette énième déception chez les Bleus, Frédérique offre ainsi une 5e défaite en 5 finales pour les Français dans ces Mondiaux. Pour l’éternité. Mais ne croyez pas, cette journée du 14 septembre n’est pas encore terminée. En effet, il ne faudrait pas non plus oublier Céline Lebrun et son match pour la 3e place toutes catégories. Comme un comble, la Parisienne s’incline contre Daima Beltran, et perpétue la tradition française lors de ces Mondiaux. Ce sont donc cinq médailles d’argent et une en chocolat lors de cette 26e édition des Championnats du monde.

On savait rire à l’époque, avant que Teddy Winner ne vienne jouer le rabat-joie de service.

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Tom