Mondiaux 2005 Judo | Frédérique Jossinet, Poulidor des tatamis


Alors que le cyclisme français regorge de quasi-exploits de Raymond Poulidor, le judo détient lui aussi une icône en la matière : Frédérique Jossinet. Triple championne d’Europe, la judokate tricolore a toujours entretenu une relation passionnelle avec les championnats du monde. Un peu du style « je t’aime pas moi non plus ».

Un début de carrière à revoir

Si le judo français a été martyrisé durant près d’une décennie par l’ennemi Teddy Riner, la période précédant à « Teddy Winner » a été bien plus calme. Voire somptueuse. Et l’une des principales raisons s’explique en deux mots : Frédérique Jossinet. Si le début de carrière de la native de Rosny-sous-Bois est des plus calmes, la judokate des -48kg va littéralement exploser à 27 ans ; double championne d’Europe en 2001 et 2002. Un doublé qui nous met à terre.

Mais dès l’année suivante, Jossinet remet les pendules à l’heure de la lose. Lors des championnats du monde de 2003, la Parisienne rafle avec panache la médaille d’argent. Bis repetita aux Jeux Olympiques de 2004, et une défaite rageante en finale face à la légende japonaise Ryoko Tani.

Alors quand arrivent les championnats d’Europe en décembre de la même année, et en mai de l’année suivante, on se dit qu’il s’agit de l’occasion rêvée pour tourner la page. Que nenni. Médaille de bronze en 2004, argent en 2005. On préfère largement ce doublé à celui réalisé en 2001-2002.

Les Mondiaux 2005, l’apogée de Jossinet

Lors des Mondiaux de 2005, une nouvelle donne change tous les pronostics. Double championne olympique et septuple championne du monde, l’icône Ryoko Tani est absente pour congé de maternité. Un boulevard pour Jossinet. Arrivée pour une fois avec l’étiquette de favorite, la Française démontre toute l’étendue de son talent pour se hisser en finale de l’épreuve.

En ce 11 septembre 2005, Frédérique a rendez-vous avec l’Histoire. Face à elle se dresse la jeune et inconnue Yanet Bermoy. Agée seulement de 18 ans, la Cubaine dirige pourtant le combat. Et mène très vite 1-0 suite à une pénalité de Jossinet. S’ensuit alors une espèce de catenaccio de judo. Bermoy casse le jeu et contre chaque attaque de la Française. Une technique qui lui permet de jouer la montre, et de ravir le titre mondial à Jossinet. À qui il ne reste plus qu’une seule demande au peuple français.

« Par pitié, qu’on arrête de dire que je suis le Poulidor du judo féminin » F. Jossinet

2007 : un doublé qui n’a rien à envier à celui de 2005

Après cet exploit réalisé, l’année 2007 va s’avérer une nouvelle fois très prolifique en termes de médailles. Mais sans or toujours. Deux breloques de bronze lors des championnats du monde et d’Europe. Une nouvelle fois battue par Ryoko Tani au passage. On n’arrête plus Fred Jossinet.

« Évoluer à la même période que Ryoko ne me rend pas aigrie, je suis fière. Si demain c’était à refaire je signerais, et à la même place » F. Jossinet

Une belle déclaration d’amour aux valeurs de notre fédé. Les Jeux Olympiques 2008 arrivent à point nommé pour la Française. Un nouveau départ dans sa carrière est attendu. Jossinet reste 25 secondes sur les tatamis pékinois au premier tour avant de prendre la sortie du tournoi. Le point positif, c’est que la spirale infernale des presqu’médailles d’or est enfin terminée.

Les Mondiaux de 2009 et 2011 représentent du coup les dernières chances de Jossinet pour décrocher une médaille d’or mondiale. Si elle décroche (encore et encore) le bronze en 2009, deux ans plus tard la compétition a lieu chez elle, à Paris.

« Le titre mondial ? C’est ce qui me motive. C’est mon ultime objectif. J’attendais certainement un championnat du monde à Bercy pour gagner le titre » F. Jossinet

On essaye de tourner la superstition dans tous les sens dans le clan français. L’espoir commence enfin à renaître. Jossinet. Devant son public. Pour la der. Ce sera une 5e place.

« C’est toujours difficile de finir au pied du podium » F. Jossinet

Non Frédérique, c’est le plus beau des adieux, au contraire.

Tom