Serie A 1979 | Pérouse rate le titre sans la moindre lose


Pérouse

Le Pérouse Calcio a mis 70 ans pour se battre pour le Scudetto. Alors que ses joueurs ont réalisé la saison parfaite en 1979 en ne perdant aucun match, les Pérugins sont parvenus à ne pas être champions. Retour sur ce bug historique.

Lors de l’été 1978, le monde du football est encore abasourdi par la performance lumineuse de Mario Kempes lors du Mondial en Argentine, six buts ayant permis à son pays de remporter sa toute première Coupe du Monde. Si l’histoire n’a retenu que ce chapitre doré au crépuscule de la décennie 70, un autre événement majeur a frappé la planète du football. Non pas en Argentine, mais en Italie.

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En effet, le Scudetto fait rage durant les années 70, pour la simple et bonne raison qu’il est une chasse gardée turinoise. Avant l’édition 1979, les Bianconeri remportent 3 des 4 dernières éditions, et quand ce n’est pas la Juventus qui soulève le trophée c’est le Torino qui est sacré champion d’Italie. Autant dire que rêver du Scudetto est aussi probable que de penser s’imposer en Bundesliga face au Bayern Munich.

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C’est dans ce contexte que l’Associazione Calcistica Perugia Calcio, petit club tranquille de Pérouse dans le centre de l’Italie, végète en Serie A. Tout juste champion de Serie B en 1975, soit le premier titre de son histoire 70 ans après sa création, le Pérouse Calcio lutte tant bien que mal pour se maintenir en première division. L’édition 1978 voit d’ailleurs les Grifoni réaliser une saison à l’équilibre aussi parfait que Nadia Comaneci sur une poutre : 10 victoires, 10 nuls, 10 défaites et à la fois à 6 points de l’Europe et de la zone de relégation. Une symétrie qui fait froid dans le dos. Leader implacable du ventre mou italien, qui rendrait jaloux le Clermont Foot, les Pérugins abordent la saison suivante avec le même état d’esprit. Mais ce qui va se passer dépasse tout entendement, y compris le leur.

Les Pérugins immunisés par la défaite

La saison débute par un match nul et une victoire sur les pelouses de l’Inter Milan et de la Juventus. Nous ne sommes qu’à la 4e journée du championnat, et les suiveurs de la Serie A comprennent déjà qu’une anomalie est en train de se développer. Mais les Biancorossi ne s’arrêtent pas là, et deviennent même leaders du championnat dès le mois de novembre. Suffisant pour commencer à scander le slogan de tout un peuple : “Perugia dei miracoli” (le Perugia des Miracles).

Agréablement installé sur le toit de l’Italie, Pérouse voit son rêve grandir au fil des journées, mais son appétence pour les matchs nuls va s’avérer être son petit péché mignon. Huit matchs nuls sur la seule phase aller, 19 résultats vierges au total sur une saison qui ne compte que 30 journées. Des chiffres vertigineux qui mettent en lumière l’âge d’or du catenaccio et des défenses verrouillées. L’anti-Girondins de Bordeaux quoi.

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Le sprint final approche à grands pas, et les Grifoni vont subir deux coups du sort ; les blessures du capitaine Pierluigi Frosio et de l’élégant numéro 10 Franco Vannini. Un coup dur qui va peser lourd dans la balance. Néanmoins, les Biancorossi parviennent à conclure cette saison irréelle en ne perdant aucun match. Le Pérouse Calcio devient ainsi la première équipe de l’histoire de la Serie A à terminer invaincue. Ce sera également leur seul trophée de la saison.

Pérouse échoue sans perdre

Les Pérugins sont célébrés comme des rockstars dans toute l’Italie pour avoir terminé la saison en étant invaincus. Mais l’exploit de Pérouse se trouve ailleurs. En effet, incapables de faire leur retard sur le Milan AC, les Pérugins terminent deuxièmes de Serie A à seulement trois petits points du champion milanais. Finir la saison vice-champion d’Italie sans avoir perdu le moindre match ; voilà qui est bien plus FFL. Ilario Castagner, entraîneur révolutionnaire des Biancorossi, connaît la raison évidente de cette seconde place ; les blessures de ses tauliers Frosio et Vannini bien sûr.

“Avec ces deux-là, on aurait gagné le Scudetto” I. Castagner

On sait maintenant de qui s’est inspiré Thibaut Courtois pour sortir ses fameuses palabres de bon perdant à l’issue des rencontres.

Si au niveau comptable, l’histoire se souviendra ad vitam aeternam de l’absence de défaite sur la saison, les Pérugins ont également frappé fort sur d’autres aspects. En effet, les Pérugins ont réussi à terminer seconds de Serie A en ne remportant que 3 matchs à l’extérieur, soit autant que le FC Metz cette saison.

La saison suivante, les Pérugins profitent de leur toute première participation à une Coupe d’Europe, mais se font éliminer en seizièmes de finale de la Coupe UEFA par le mythique Aris FC, en prenant une valise 3-0 au match retour en Grèce.

À croire qu’une fois sortie d’Italie, la défense des Biancorossi n’en a plus rien à cirer.

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Tom