Coupe du Monde | 1974-1978, le doublé FFL des Pays-Bas


Argentine - Pays-Bas 1978

Les années 70 sont souvent décrites comme l’émergence des jeunesses rebelles dans les sociétés. Et le football ne va pas y échapper. Les Pays-Bas marquent les seventies par leur révolution footballistique et leur savoir-faire inégalé pour perdre des Coupes du Monde.

Les Pays-Bas, la naissance du football total de lose

Les années 70 sont indéniablement marquées par l’avènement du football néerlandais. Que ce soit par l’intermédiaire de l’Ajax Amsterdam, avec ses trois C1 remportées successivement (1971, 1972, 1973) ou bien la sélection des Pays-Bas, tout le monde ne voit que par les Oranje. Et pour cause, ces derniers viennent de révolutionner le football.

Le secret de leur ultra-domination ? La création du football total par l’entraîneur Rinus Michels. Le principe ? Foncer à plusieurs sur le porteur du ballon comme des morts de faim. À côté, le gegenpressing de nos jours fait sourire. Et si par miracle vous parvenez à vous sortir indemne de ce guet-apens, vous pouvez être certain qu’un golgoth néerlandais vous découpe en seconde lame. Le football total, c’est avant tout brutal.

En plus d’être des footballeurs révolutionnaires, les joueurs sont de véritables rockstars. Avec en tête de liste, la superstar Johan Cruyff. Surnommé tour à tour le Hollandais volant et le Prince d’Amsterdam, Johan devient en 1974 le premier joueur de l’histoire à remporter à trois reprises le Ballon d’Or. Ce qui nous amène donc à cette année particulièrement cruciale pour les Batave. Le Mondial 74 a lieu en Allemagne, et près d’un demi-siècle plus tard, il continue de faire couler beaucoup d’encre.

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1974 : Première finale des Oranje, première désillusion

Pour arriver en finale, les Néerlandais ne se posent pas de question. Ils étrillent tour à tour les plus grandes nations du Mondial. L’Argentine en prend pour son grade (4-0), tout comme l’Allemagne de l’Est (2-0) et le Brésil (2-0). Même si les Allemands évoluent à domicile, ce sont quand même les Oranje les favoris de cette finale. En ce 7 juillet 1974, pas moins de 79 000 spectateurs s’amassent dans l’Olympiastadion de Munich.

Vous croyez à la numérologie ? Pour être honnête avec vous, votre réponse ne nous intéresse pas plus que ça. Toutefois, les Néerlandais y croient dur comme fer eux. En seulement 14 passes depuis le coup d’envoi, les Oranje parviennent à pénétrer dans la surface allemande par le biais de leur numéro 14 : Johan Cruyff. Uli Hoeness le fait tomber par courtoisie, pénalty. Johan Neeskens ouvre le score. 1-0 pour les Pays-Bas, les Allemands n’ont toujours pas touché le ballon une seule fois dans le match. Les Néerlandais viennent d’inscrire le but le plus rapide dans une finale de Coupe du Monde.

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Mais comme toute épopée FFL, nous avons droit à une petite période de relâchement des Pays-Bas. Directement punie par l’Allemand Bernd Hölzenbein qui s’infiltre dans la surface et obtient un pénalty de ce généreux Wim Jansen. Paul Breitner s’élance, 1-1. À la 37e minute, Johnny Rep se présente seul face à Sepp Maier et a la possibilité de redonner l’avantage aux Pays-Bas. Le bougre rate son duel, et voit l’Allemagne passer en tête quelques secondes avant la mi-temps par le biais de Gerd Müller. Un enchaînement dont les Néerlandais ne se relèveront jamais.

L’Allemagne devient championne du monde pour la deuxième fois. Les Pays-Bas viennent de connaître eux leur première désillusion sur les quatre années à venir.

1978 : L’année de la confirmation pour les Pays-Bas

Quatre ans plus tard, le Mondial a lieu en Argentine. La junte militaire est au pouvoir, avec à sa tête le Général Videla. Une situation politique critique, qui dissuade Johan Cruyff de disputer le Mondial. Du moins, il s’agit de la version officielle. Celle officieuse est un poil plus sombre.

“Quelques mois avant, à mon domicile de Barcelone, j’ai été victime d’une tentative d’enlèvement. Un malfaiteur a forcé la porte et est entré chez moi.(…) Ligoté, menacé, fusil sur la tête. Pareil pour ma femme. Je m’en souviendrai toute ma vie” J. Cruyff

Quoiqu’il en soit, cette absence crée un séisme monumental dans le Mondial 78. Sans le Prince d’Amsterdam, les Pays-Bas se sortent difficilement de la phase de poules. Et ne doivent leur qualification qu’au seul goal average aux dépens de l’Écosse. Au sein de la deuxième phase de poules, les Oranje se sortent des pièges allemands, italiens et autrichiens pour accéder à leur deuxième finale de Coupe du Monde en quatre ans.

Tout porte à croire que l’adversaire sera le Brésil, avant que l’Argentine ne s’impose 6-0 contre le Pérou lors du dernier match. Et hérite de la première place du groupe au goal average. Ceux qui y voient une coïncidence ont l’esprit mal placé.

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Une finale placée sous le signe du fair-play

Avant même le coup d’envoi, il s’agit d’une finale de losers. Finaliste malheureux en 1930, l’Argentine affronte les Pays-Bas, tombés face à l’Allemagne quatre ans plus tôt. Et dans l’antre de l’Estadio Monumental de Buenos Aires, les Néerlandais vont une nouvelle fois subir la loi des locaux. Vous vous souvenez de la numérologie ? Eh bien quatre ans plus tard, elle va encore frapper. Si la 37e minute avait vu Johnny Rep perdre un duel décisif en 1974, elle voit cette fois-ci Mario Kempes ouvrir le score pour l’Argentine. Avant que Dick Nanninga n’égalise à dix minutes du terme, bien aidé, il est vrai, par le placement facultatif du portier argentin. Prolongations.

La rencontre devient de plus en plus âpre, et les tacles de plus en plus haut. Néerlandais et Argentins vouent une haine commune au fil du match. Comme le dirait un grand sage, cela devient une affaire personnelle. À la 105e minute, Mario Kempes claque un doublé. Suivi par Daniel Bertoni à la 115e. Les Néerlandais viennent de perdre leur deuxième finale de Coupe du Monde en l’espace de quatre ans seulement. Précurseurs dans la tactique, mais aussi dans la lose.

Malgré le goût de la défaite (qu’ils retrouveront une troisième fois en 2010 contre l’Espagne), les Oranje sont avant tout des sportifs fair-play. C’est pourquoi ils décident de déserter le stade pour ne pas assister à la cérémonie du titre. De véritables gentlemen. Mais cette année 1978 n’a pas encore fini de traumatiser les Néerlandais. Outre la seconde finale du Mondial perdue, c’est l’annonce de la retraite de Johan Cruyff qui provoque une nouvelle fois les larmes du peuple Oranje. Pour sortir par la grande porte, le Hollandais volant décide d’organiser un jubilé avec les légendes du Bayern Munich, ses ennemis de toujours. Mais les Allemands prennent ce match au sérieux, et infligent un 8-0 à Cruyff et ses amis.

Tout est bien qui finit bien.

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Tom