Rugby – 1979 | Montchanin, l’anti All-Blacks


À la FFL, nous sommes davantage attirés par les bas de classement que par leurs leaders. Et quel meilleur exemple que le Stade montchaninois Bourgogne. Inconnu du grand public, le passé de Montchanin est pourtant doré. Lui valant le statut de pape de la lose ovale. Ou encore de la Mecque de la dérouillée. Retour sur ce 16 décembre 1979, une date à marquer d’une pierre blanche dans nos livres d’histoire.

De tout temps, le championnat de France de rugby a été l’un des meilleurs fournisseurs de masterclass pour notre fédé. On pourrait évoquer le 95-7 infligé par Clermont à nos amis dacquois en 2008, ou encore le 71-5 subi par Agen sur la pelouse de l’UBB en octobre 2020. Dix essais à un. Un choc que l’entraîneur agenais ne réalisait pas à l’issue de la rencontre : « Je n’ai pas de commentaire à faire sur le néant de ce soir. Bonne soirée ». K-O debout.

Mais rassurez-vous, ce dont nous allons vous parler à présent dépasse toutes vos espérances. Cette histoire pourrait être illustrée par ce petit frère qui donne un léger coup mal placé à son grand frère. Un tantinet à fleur de peau, voire susceptible, l’aîné lui envoie une droite. Voilà ce qu’est, chers licenciés, la légende Montchanin – Béziers.

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1975 – Les prémices d’un mythe

Tout commence le lundi 29 septembre 1975. L’Association sportive de Béziers Hérault marche littéralement sur le rugby français durant les années 1970-80. C’est simple, en deux décennies, les Biterrois vont remporter pas moins de dix titres de champions de France. Dont six entre 1977 et 1984. Pas très FFL tout ça. C’est donc dans ce contexte que les joueurs de Béziers se déplacent dans le modeste club du Stade montchaninois Bourgogne à l’automne 1975. Invaincu depuis plus de 20 mois en championnat, et une défaite face au RCT le 3 février 1974, les Biterrois se sentent comme les rois du pétrole.

Mais force est de constater que sur le champ de patates bourguignon, les Héraultais ne font pas la loi. Au contraire, ils la subissent. Victorieux 16-12 face au grand Béziers, Montchanin réalise un des exploits les plus sensationnels de son histoire. Le tout dans son stade Lucien-Parriat, qui porte bien son nom pour l’occasion.

L’humiliation est en revanche totale pour les Biterrois. Ces derniers vont cultiver un sentiment de vengeance pendant quatre longues années. Jusqu’à ce jour d’hiver 1979…

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1979 – La légende de Montchanin est en marche

Dimanche 16 décembre 1979. Malgré le ciel sombre et le froid qui s’abat sur le Parc des Sports de Sauclières, la journée va très vite être illuminée par une performance sans précédent, historique. Revanchards comme jamais devant leur public, les Héraultais piétinent les Montchaninois. Le spectacle est sanglant : 100-0. Un bouillon pour l’éternité.

« On a pris la foudre » J-C Soula, joueur de Montchanin

Homme du match, l’ailier Michel Fabre inscrit quatre essais dès la première mi-temps. Mais visiblement, ce n’est pas suffisant pour son coach Jack Cantoni.

« À la mi-temps, j’avais déjà marqué quatre essais. Alors, le coach a dit : “À partir de maintenant, on donne tous les ballons à Michel” » M. Fabre

Quand on vous dit boucherie, le mot est faible. On se rapproche davantage d’un dépeçage. Au final, Michel Fabre inscrit sept nouveaux essais en deuxième mi-temps. Soit en moyenne un essai toutes les cinq minutes en seconde période pour l’ailier biterrois. Oui, un essai toutes les cinq minutes. C’est-à-dire onze essais à lui tout seul lors de cette rencontre. Un record qui tient toujours actuellement.

Cette opposition, si on peut la qualifier comme telle, est encore aujourd’hui la plus lourde défaite de l’histoire du championnat de France de rugby. Never forget.

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Tom