Division 1 1998 | Le FC Metz devient le premier club presqu’champion de France


Photo by Alain Gadoffre / Onze / Icon Sport )

Deux mois avant le drame 98, la France a connu une bataille épique entre Lens et Metz pour le titre de champion. À cette occasion, les Messins sont devenus les vice-champions les plus FFL de l’histoire.

En termes de football, l’année 1998 représente une faille spatio-temporelle, une anomalie qui n’est toujours pas expliquée, même 24 ans plus tard. Devenir champions du monde avec Lionel Charbonnier, Bernard Diomède et Stéphane Guivarc’h dépasse notre entendement. Mais en creusant plus en profondeur, on s’est vite rendu compte que ce cauchemar du 12 juillet était contrebalancé par le rêve éveillé du 9 mai 1998. Si cette date ne vous strictement rien, c’est tout à fait normal ; l’Histoire est écrite par les vainqueurs, non pas par les perdants valeureux.

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Un mano a mano de la première à la dernière journée

Si l’édition 1997 du championnat de France voit l’AS Monaco et le Paris Saint-Germain se tirer la bourre pour le titre, finalement remporté par les Monégasques, la saison 1998 est le théâtre d’un duel entre le Racing Club de Lens et le Football Club de Metz. Une lutte que personne n’avait vu venir, même pas leurs propres supporters. Deux équipes encore immunisées par le titre de champion de France, avant qu’une de ces deux ne sombre dans le côté obscur.

En début de saison, ce sont les Messins qui mènent la danse en Ligue 1. Sur les 30 premières journées, les Mosellans sont en tête à 15 reprises. Avec 18 équipes en D1, il ne leur reste donc plus que quatre matchs avant de décrocher le Graal qu’ils n’auraient même pas imaginé dans leurs rêves les plus fous. Et hasard du calendrier, il s’agit de la réception des Sang et Or au Stade Saint-Symphorien. Une finale à la faveur des Messins serait-on tenté de dire, vu que ces derniers évoluent à domicile et comptent un point d’avance sur leurs redoutables rivaux lensois. Un simple match nul leur permettrait de conserver la place de leader, mais rien n’est jamais simple avec le Football Club de Metz.

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Le résumé du match Metz – Lens

Dimanche 29 mars 1998. Le dénouement de ce championnat de France est entre les pieds de Sylvain Kastendeuch et les mains de Lionel Letizi côté messin, autant dire que tout peut arriver dans ce match.

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Et dès la 23e minute de jeu, l’attaquant lensois Anto Drobnjak ouvre le score, ce qui a le don d’apporter un vent glacial venu du Nord dans le Stade Saint-Symphorien, alors que le printemps vient tout juste de voir le jour. Mais les supporters des Grenats n’ont même pas le temps de digérer ce coup dur que le Monténégrin voit double cinq minutes plus tard. Un coup de massue qui laisse sans voix les Mosellans, et sans inspiration face à la meilleure attaque du championnat.

Les Artésiens s’imposent 2-0 à Metz et récupèrent la première du championnat, qu’ils n’avaient plus vu depuis le soir de la 2e journée. Le hold-up est en marche. Les Lensois possèdent désormais 2 longueurs d’avance sur les Messins, mais la dernière journée du championnat va réserver un scénario hitchcockien aux deux équipes.

Yoann Lachor, héros des Sang et Or

La 34e et dernière journée de championnat réserve un dénouement épique aux amoureux de notre chère Liguain. Les Lensois se déplacent à l’Abbé-Deschamps pour y affronter l’AJ Auxerre, tandis que les Messins reçoivent l’Olympique Lyonnais. Si les premières minutes ne donnent rien, la 14e va ébranler le championnat de France. Les hommes de Guy Roux ouvrent le score face à Lens par l’intermédiaire de Sabri Lamouchi, et dans la même minute Bruno Rodriguez prend le meilleur sur la défense lyonnaise. Metz est virtuellement champion de France.

Chaque seconde qui passe est un fantasme qui devient de plus en plus réalité pour le peuple grenat, un espoir qui ne cesse de croître au fil des minutes. Les Messins se voient déjà en train de parader dans les rues de la ville, amenant le premier titre de champion de France au FC Metz. Mais cette illusion ne va durer qu’une heure, Yoann Lachor se chargeant de jouer le rôle de bourreau des Grenats. Lens égalise à Auxerre, et décroche son premier titre de champion sans le savoir.

En effet les deux équipes sont à égalité de points au classement, mais les Sang et Or restent devant à la différence de buts. Le plus bel avantage qu’on puisse posséder sur une équipe au moment de décider du champion de la saison. Le FC Metz vient de rater l’occasion de devenir champion de France pour la toute première fois de son histoire, le tout à cause du goal-average. Carlo Molinari, président des Grenats, figure parmi la longue liste des victimes de l’espoir.

“Même après cette défaite, on pensait que nous allions pouvoir repasser devant. Manque de chance, la différence de buts n’était pas avec nous” C. Molinari

La Metz est dite.

Yoann Lachor, le bourreau de Metz

Si les Messins pensent qu’ils viennent d’endurer l’étape la plus douloureuse de ce récit, le plus dur reste pourtant à venir : encaisser le triomphe modeste des Lensois. À peine quelques secondes après le coup de sifflet final, les Lensois ne font rien pour dissimuler leur joie, bien au contraire. Tandis que les Artésiens rentrent sur Lens dans la nuit, le Stade Bollaert grouille de monde à 3 heures du matin pour accueillir leurs héros. 30 000 personnes réunies dans l’enceinte avec du caca dans les yeux, un stade à guichets fermés sans le moindre match qui se joue. Le lendemain, les joueurs Lensois paradent dans la ville à bord d’une benne à l’effigie des Sang et Or, et avec Gervais Martel au volant du tracteur. Les Pas-de-Calaisiens sont en totale roue libre.

Après avoir fait preuve d’un optimisme débordant, le président Molinari se résout désormais à un pessimisme de haut niveau.

“Metz champion aurait été un évènement assez exceptionnel, parce que je pense que ça n’arrivera plus jamais” C. Molinari

Les efforts consentis par les Messins ne sont toutefois pas vains, et sont même récompensés l’année suivante. En effet le FC Metz va avoir la possibilité d’obtenir sa revanche face à ces mêmes Lensois en finale de la Coupe de la Ligue. Manque de pot pour eux, ce sont encore les Sang et Or qui lèvent les bras au coup de sifflet final. Frustrés de la tête aux pieds, les Grenats se consoleront en 2002, quand ils verront le RC Lens perdre le championnat lors de l’ultime journée face à l’OL, alors même que les Artésiens occupaient la première place durant 23 journées consécutives.

Un drame lensois qui est d’ailleurs toujours d’actualité.

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Tom