Tour de France 2019 – Bardet peut-il sauver ce Tour ?


Bardet peut-il sauver ce Tour ?
Les traîtres

Tu pousses le bouchon un peu trop loin, Julian. Beaucoup plus Allah que Philippe, le maillot jaune est la divinité des routes de France depuis deux semaines. Ce contre-la-montre qu’on attendait tant, qui enfin allait nous redonner notre bon vieux Tour (et le sourire avec) après 10 jours d’extrême souffrance, a confirmé la terrible tendance. La France a peur. A la FFL, ce chrono de Pau est une des pires épreuves que nous ayons eu à traverser récemment. Sans mentir. Et rebelote le lendemain, ce médiocre Julian Alaphilippe s’accrochant de manière éhontée dans le Tourmalet.

Malgré son bel effort du dimanche, enfin, pour conclure les Pyrénées, on préfère ne plus s’enflammer. Surtout que sur cette 15e étape, quelqu’un nous a fait plus mal encore. Thibaut Pinot, qu’on espérait définitivement noir sur le Tour, est le plus costaud des favoris et gagne du temps. Sans avoir explosé vendredi au chrono, ce qui était pourtant son assurance tous risques, et après avoir gagné le Tourmalet samedi, traînant encore Alaphilippe dans son sillage. Puis cette phrase sur France TV à l’arrivée, lancinante, qui résonne encore dans nos têtes : « On est partis pour remonter au général. »

Le seul défenseur de nos valeurs

Avant ces Alpes qu’on aimait tant mais qui nous font désormais trembler, le maillot jaune compte 1’35’’ d’avance sur Geraint Thomas, qui lui-même n’a plus que 15 secondes d’avance sur Pinot, quatrième (Steven Kruijswijk est troisième avec trois secondes d’avance sur Pinot). Honnêtement, plusieurs fois ce week-end, on a failli éteindre la télé. A quoi bon perdre son temps et se flageller, autant aller à la plage… Mais il y avait Romain Bardet. La valeur sûre quand le monde s’écroule autour de vous. Celui qui maintient notre amour de la bicyclette contre vents et marées.

Pointant à la 19e place au terme de cette deuxième semaine, avec quasiment une demi-heure de retard – dont 20 minutes au Tourmalet – il est même devancé par Warren Barguil (12e), Guillaume Martin (16e) ou David Gaudu (18e), cet équipier de Thibaut Pinot presque encore plus décevant que son patron.

« J’avais tellement peur de me faire siffler… »
Romain Bardet

« Entendre ‘On t’aime’, ça m’a fait du bien. » Evidemment qu’on t’aime Romain, quelle question ! Mais l’heure est décidément à la morosité ambiante. Car même le leader d’AG2R-La mondiale est sonné par cette performance collective d’ensemble, qui ne parvient pas à rattraper ses échappées récurrentes à l’arrière.

« Dans l’ordre des choses, Pinot va gagner le Tour, affirme ainsi l’Auvergnat. Je pense qu’il a magnifiquement bien préparé les choses depuis de nombreuses années. En silence, mais très consciencieusement. C’est en train de payer. » On ne sait plus si c’est très inquiétant ou, au contraire, enfin porteur d’espoir. Selon nous, c’est une évidence, Pinot peut se reprendre une bordure mardi ou mercredi, avant le triptyque alpestre. Mais ces constats sont basés sur des saisons d’expérience qui volent en éclats. Alors, on ne jure plus de rien. Laissons faire la beauté du sport. Sans penser au pire, dimanche soir sur les Champs-Elysées… Une vision d’horreur.


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