Angleterre – France | Le Crunch, le véritable 7e Art !


Lundi dernier, nous célébrions le premier anniversaire du craquage monumental du XV de France féminin en terre anglaise. En effet, les Tricolores avaient expérimenté une presque victoire et une défaite certaine à 1 minutes 30 du gong final. Nous pensions, comme les joueuses à l’issue du match, que c’est dans les défaites que nous apprenons. Pure galéjade. Les Bleues ont non seulement réédité l’exploit cet après-midi, mais en y mettant en plus la manière : elles ont amélioré leur propre marque en s’inclinant cette fois à la 81e minute. Retour sur ce tour de force de nos valeureuses.

Le Crunch, une tradition FFL désormais

16 Novembre 2019. Les Bleues ne le savent pas encore, mais leur performance lors de ce test match de la tournée d’automne les fera entrer dans une autre dimension. Tandis qu’elles s’imaginent victorieuses jusqu’à la 78e minute, les Tricolores placent le sort de leur rencontre entre les mains de Peyronnet. Ou plutôt entre ses pieds. La demi d’ouverture foire complètement son dégagement, qui ne franchit pas ses propres 22 mètres. À défaut de gagner une touche, la numéro 10 des Bleues trouve une anglaise. Essai à la 79e minute. Défaite 17-15. On pensait cette perf’ difficilement battable. Surtout seulement un an après. Mais impossible n’est pas français.

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Battues sèchement à Grenoble la semaine dernière (33-10), les Bleues avaient un motif supplémentaire pour prendre leur revanche sur les anglaises. Chez elles qui plus est, dans leur antre de Twickenham. Déjà en 2019, les Tricolores nourrissaient un esprit de revanche à l’issue de la rencontre : « On vous donne rendez-vous au premier match du Tournoi contre l’Angleterre à Pau. On va les gagner » se vantait Caroline Boujard. Un match qu’elles perdront 19-13.

Bis repetita après la gifle reçue à Grenoble.

« Évidemment, après en avoir pris 30 à la maison, il y aura un petit air de revanche » C. Drouin

L’issue du match était déjà toute tracée.

Le résumé du match

C’est avec le couteau entre les dents que les françaises entrent dans ce match. Dès le quart d’heure de jeu, elles encaissent avec panache le premier essai de la partie. Passe anglaise dans les chaussettes, jeu au pied raté, plaquage français dans le vide. Le rugby tel qu’on l’aime. Quelques minutes plus tard, c’est au tour des britanniques de se trouer brillamment. Une touche en fond de ligne qui rebondit sur l’arbitre, et le ballon est récupéré par les Bleues. Le XV de la Rose a décidé de donner la réplique aux Tricolores cet après-midi. Essai français. Bien entendu, la transformation est manquée. Cela va de soi.

Juste avant la pause, le XV de France porte le coup de grâce par un essai de 80 mètres de Cyrielle Banet. Au début de l’action, la même Banet est rendue coupable d’un coup de crampons sur l’épaule d’une anglaise. Carton jaune. Règle d’or dans le rugby féminin français : ne jamais réaliser une action parfaite dans sa totalité.

Le carton se paye cash. Dès la reprise de la seconde mi-temps, les anglaises négocient un ballon porté à la suite d’une touche. Et terrassent la défense française. Elles reviennent à 15-10. À l’heure de jeu, le coach du XV de la Rose perd les pédales : huit changements en même temps ! Cela ressemble tout bonnement à un débarquement. Un coup de poker digne de Laurent Blanc face à Manchester City. Et le pire, c’est que le résultat est le même. Seulement quatre minutes plus tard, Cyrielle Banet réalise un doublé. Le coach anglais se nomme Middleton, retenez bien son nom. Côté français, c’est un scénario catastrophique : 23-10. Voilà ce qui arrive quand toutes les joueuses ne poussent pas dans le même sens.

Thank you for this moment, France

Les Bleues mènent de treize points à un quart d’heure du terme. On se dit alors que la série de six défaites consécutives face aux anglaises va s’estomper aujourd’hui à Twickenham. 69e minute. Sur un énième ballon porté, les britanniques appliquent le schéma tactique « Contrôle C – Contrôle V » et inscrivent un troisième essai. Copier-coller du précédent. Et pour pousser la comparaison jusqu’à son paroxysme, les anglaises ratent pour la troisième fois la transformation. En trois tentatives. Propre.

Seulement 180 secondes plus tard, c’est au tour de l’arrière Kilden de se jeter dans la défense des Bleues. Maintenue par trois françaises, elle parvient tout de même à se faufiler on ne sait comment. Si ce n’est en constatant trois plaquages manqués en même temps. La solidarité bleue blanc rouge mesdames et messieurs.

Arrive alors le moment fatidique. Que l’on nommerait « bascule » dans d’autres sports. La sirène retentit dans Twickenham. Le XV de France mène 23-22. Un point qui permettrait d’enlever le Crunch, et de mettre fin aux défaites insoutenables dans les ultimes secondes. Si fréquentes dans l’ovalie française. Mais cette France n’existe pas. L’annonce faite aujourd’hui par notre fédé de devenir licencié FFL a sûrement donné des idées à Sochat. Seulement 45 secondes après le gong, cette dernière reste au sol et se met à la faute, quinze mètres face aux perches. S’il s’agissait d’un scénario de film, on le qualifierait de série B. Mais il s’agit pourtant de la défense de notre rugby féminin.


Une septième défaite consécutive face aux anglaises. Pour une huitième tentative de revanche ?

Tom