Le combat pour maintenir les places fortes de la lose est une lutte de tous les instants. Quand on pense qu’il existe des disciplines où la FFL est bien solide sur ses appuis et n’est pas inquiétée, parfois tout s’effondre. Et c’est notamment le cas en sports mécaniques. Trop souvent maintenant, il arrive qu’un Frenchie décide de venir marcher sur ses plates-bandes et foute des années de travail méticuleux en l’air.
Petit top des trahisons tricolores qui nous ont délogé de notre piédestal.
5 – Gasly, arnaque à l’italienne
En septembre 2020, c’est toute une partie de la lose française qui découvre une désagréable sensation : une victoire tricolore en Formule 1. Toute une génération gavée à la décrépitude et aux désillusions tricolores qui vole en éclat. Un sentiment que les moins de 24 ans ne pouvaient pas connaître.
Avec son triomphe à Monza, Pierre Gasly a mis fin à deux décennies dorées en F1. Nous pensions lui avoir laissé un héritage de qualité avec des mentors comme Sébastien Bourdais ou Romain Grosjean, qu’il a pu admirer de son vivant. Mais il semblerait que nous ayons manqué de vigilance et Gasly a pu avoir accès aux archives des années 80. En y voyant Alain Prost nous martyriser, l’enfant prodige est devenu l’enfant terrible. Pire, il a donné des idées à son compère normand Esteban Ocon qui a doublé la mise en 2021 en Hongrie. Un tour de vis est nécessaire pour ne pas vivre des années sombres.
4 – Auriol, le mauvais exemple
Lorsque Didier Auriol remporte le titre de champion du monde de rallye en 1994, la discipline est encore jeune (le 1er championnat des pilotes date de 1977) mais la FFL s’incline tout de même sur un terrain broussailleux où elle avait pris ses aises. Jusqu’alors, les pilotes finlandais (et Carlos Sainz) dominaient outrageusement et Didier Auriol, présent depuis la fin des années 80, s’était dans un premier temps distingué par ses sorties de piste. En 1990 et 1992, il est tout proche de commettre l’irréparable mais termine heureusement 2e du championnat pilote. Le glas pour la FFL sonnera deux ans plus tard, au terme d’une saison 1994 où l’ex-ambulancier parvient à vaincre Carlos Sainz et Juha Kankkunen (6 titres à eux deux). À l’époque, nous n’en faisions pas non plus une catastrophe. Didier Auriol ne sera champion du monde qu’une seule fois (bien que ce soit une fois de trop). Le problème, c’est que cette trahison originelle n’était que la genèse d’un fiasco immense. En tête de gondole de la rebellion motoriste : Sébastien Loeb et Sébastien Ogier. Quasiment 20 ans de malheur, et une discipline rayée de notre champ de vision.
3 – Pagenaud, (presque) 100 ans plus tard
Les 500 miles d’Indianapolis font peut-être partie de la Triple Couronne (avec les 24 heures du Mans et le GP de Monaco), ce n’est pas pour autant qu’on s’y intéressait réellement. Ça ne reste qu’une course de 3h où il n’y a que 4 virages par tour. Sauf qu’en 2019, Simon Pagenaud s’est imposé. Nous rappelant ainsi qu’il y avait des Français qui concourraient en Indycar et que la course est vraiment mythique (joli cash prize, réception à la Maison Blanche, gros verre de lait (?!) et tout le tintouin pour le vainqueur).
Nous avons donc cherché si un autre Français s’était déjà imposé là-bas, histoire de voir comment la FFL de l’époque avait géré. On en a trouvé un : Gaston Chevrolet, en 1920. Autant vous dire qu’on s’en tamponnait pas mal ! Un siècle qu’on était tranquille comme des fermiers de l’Indiana. Mais ça nous apprendra… À un an près, nous aurions pu être centenaire.
2 – Quartararo l’iconoclaste
72 ans de tradition qui partent en fumée avec l’arrivée d’un gamin de 22 ans. La moto GP était notre petit jardin secret où l’on pouvait se ressourcer paisiblement, à des années-lumière d’un titre de champion du monde. La dernière fois qu’un Français avait tenté de rompre la plénitude des lieux, c’était en 1989 avec Christian Sarron (3e au général). Vous pensez bien que depuis, on a eu le temps de piquer des siestes de folie dans ce jardin. Et puis de se marrer un peu aussi, avec un Randy De Puniet excellent dans les starting-blocks par exemple.
Fabio Quartararo est arrivé avec ses gros souliers en 2019 et depuis, c’est la débandade. À l’époque, on aurait dû faire appel au commissaire Gibert pour nous gueuler “Alerte générale !” dans les oreilles. Maintenant c’est trop tard et petit Fabio est devenu champion du monde.
1 – Alain Prost, les années sombres
Pendant 35 ans, la Formule 1 et la FFL furent bon ménage. Nous laissons quelques Français remporter des GP ici et là, et en retour, nous nous appliquons à les faire terminer aux meilleures places du championnat. N’est-ce pas Jacques Lafitte (4e par 3 fois) ? Avec l’arrivée d’Alain Prost, la donne change. La FFL se méfie du Professeur car visiblement, il a quelque chose en plus que ses prédécesseurs. Alors nous lui accordons une attention toute particulière. Non sans s’amuser un peu. Nos plus grandes fiertés ? Sûrement sa perte du titre en 1983 lors du dernier GP de la saison. Ou bien sa saison 1984, perdue pour un demi-point face à Niki Lauda.
Mais la saison suivante sera celle de trop. Au volant de sa McLaren, Prost remporte 5 victoires, monte sur 11 podiums. Le Ligérien roule sur tout le monde, y compris nous. Le voilà champion du monde. Sonnée par cette haute trahison qui sera suivie de trois autres (1986, 1989, 1993), la FFL mettra des années à s’en remettre. On se demande même comment on a pu sortir de cela et être épargnée de nombreuses années derrière de cette période noire. Les années 2000 et 2010 seront un havre de paix nous permettant heureusement de retrouver un peu de sérénité dans les paddocks de F1. Mais vous ne le savez que trop bien, le danger revient frapper à nos portes.
Surtout celle de Saint-Cloud qui relie Paris par l’A13 à la Normandie.