WRC 2000 – Peugeot | Triple abandons en une nuit, qui dit mieux ?


« Les plus petits esprits ont les plus gros préjugés ». Victor Hugo nous avait pourtant prévenu. Mais nous ne l’avions pas écouté. Pour nous, le rallye était devenu persona non grata depuis le double règne des Sébastien : Loeb et Ogier. Une catégorie du sport automobile que nous avons tue, ignorée, mise de côté. Jusqu’à ce que nous tombions nez à nez sur une lueur d’espoir. Et si le rallye était finalement comme tous les autres sports ? Où la France affiche fièrement ses couleurs ? Peugeot nous a apporté ce début de réponse, telle une lumière au bout du tunnel.

Historiquement, Peugeot a toujours eu un lien étroit avec le sport automobile. Dans les années 80, la marque au Lion commence à se battre aux avant-postes. Et dès 1985, la firme sochalienne remporte le championnat du monde de Rallye en réalisant le doublé pilote – constructeur. Un double sacre que Peugeot réitère en 1986 avec son pilote phare Ari Vatanen.

Mais le Rallye devient trop facile pour le Lion. Alors en 1987, il décide de s’attaquer au Rallye-Raid le plus connu au monde : le Paris-Dakar. Mais si Peugeot cherche à rencontrer davantage de difficulté dans cette nouvelle catégorie, c’est loupé. Au total, ce sont quatre victoires consécutives de 1987 à 1990 en quatre participations. Ce qui ne les empêche pas de verser dans un peu de lose, avec notamment la « voiture volée » de Vatanen en 1988. Ou encore l’année suivante quand Jean Todt lance une pièce de 10 francs pour décider du vainqueur entre ce même finlandais et Jacky Ickx. Déjà les prémices d’un craquage flamboyant.

1999 : Retour aux sources du WRC

Si les années 80 sont florissantes en termes de titres pour Peugeot, les années 90 redeviennent plus « françaises ». Outre le dérapage réalisé aux 24 heures du Mans 1993 avec un triplé du Lion, cette décennie marque le véritable avènement de Peugeot. L’expérience en Formule 1 est des plus anonymes, ponctuée notamment par une association exquise avec l’écurie Prost Grand Prix : 0 point inscrit sur la saison 2000. De quoi envisager fortement un retour au bercail.

C’est dans ce contexte que Peugeot s’engage à nouveau dans le championnat du monde des Rallyes. Une décision prise durant la saison 1999, mais qui ne les empêchera pas de marquer les esprits en une seule demi-saison. Première escale en Corse. La 206 WRC joue déjà la victoire pour son tout premier rallye de la saison. Bien évidemment, aucune des deux voitures Peugeot ne verra la ligne d’arrivée. Un pléonasme quand on connaît la suite.
Mais face aux performances très prometteuses, l’équipe Peugeot déborde d’enthousiasme pour la saison 2000. L’objectif est clair : remporter le doublé pilote – constructeur comme en 1985 et 1986. Mais tout ne va pas forcément débuter comme prévu…

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Monte-Carlo comme étape inaugurale

Cette saison 2000 est l’une des plus relevées de l’histoire du WRC. Quadruple champion du monde en titre, le finlandais Tommi Makinen fait figure de favori au volant de sa Mitsubishi. Richard Burns (Subaru) et Carlos Sainz (Ford) apparaissent comme les parfaits outsiders. L’espagnol ayant pour directeur technique… Günther Steiner. Le monde est petit.

Face à eux, les pilotes Peugeot Gilles Panizzi, François Delecour et Marcus Grönholm n’ont pas à rougir. Leurs voitures joueront le titre. Et cette lutte commence dès le mois de janvier 2000 à Monte-Carlo, première étape incontournable du championnat du monde des rallyes. Pour cette 68e édition, la neige est attendue. À domicile, Peugeot veut marquer un grand coup.

20 janvier, premier des trois jours de course. Gilles Panizzi remporte la première spéciale, 5 secondes devant Burns. L’espoir commence alors à naître. Comme trop souvent. Après plusieurs spéciales, Panizzi termine la journée à la 3e place à 30 secondes du leader Makinen. Mais le local de l’étape continue de croire à la victoire.

« Burns et Makinen sont partis sur un rythme très vite, j’essaye de les suivre. Il commence à y avoir de la glace sur le parcours alors il faut continuer à rester concentré » G. Panizzi

Panizzi avait vu juste : la glace ne sera pas son alliée.

Coup de chaud dans la neige de Monte-Carlo

21 janvier. Plus de 160 kilomètres sont prévus à l’ordre du jour. À l’issue de la journée, le leader aura une grande chance de remporter le premier rallye de la saison. Mais pour cela, encore faut-il rallier la fin de la journée. Dès l’aube, et malgré le froid saisissant du mois de janvier, les mécaniciens Peugeot commencent pourtant à avoir chaud aux fesses.

Et pour cause, aucune des trois 206 WRC ne souhaite se mettre en route, toutes victimes du froid. Les pilotes et co-pilotes tentent de pousser les voitures pour les faire démarrer. Le spectacle est exceptionnel. Les trois voitures sont finalement entreposées les unes à côté des autres dans le garage Peugeot, tel un cimetière. Sans personne à l’intérieur des bolides magnifiquement à l’arrêt. Tu peux abandonner une fois, mais pas 3…

Un exploit de taille qui n’empêchera pas la marque au Lion de remporter 6 rallyes sur les 14 possibles durant la saison. Et de réalise le doublé pilote – constructeur.

Mais on prend quand même.

Tom