Si le rugby agenais a d’ores et déjà marqué l’histoire du Top 14, il ne serait pas honnête d’oublier la prouesse dacquoise. Retour en 2008. Raymond Domenech n’a pas encore fait sa demande en mariage à Estelle Denis après l’élimination de la France à l’Euro, mais l’Hexagone est honoré par une autre performance dantesque. Ou du moins l’Ovalie française. Son auteur ? L’US Dax, bien sûr.
Union sportive dacquoise rugby Landes. Ces cinq petits mots ne vous disent peut-être rien collés les uns aux autres, mais ils ont changé à jamais le visage du Top 14. Pour les ignorants de rugby, il est important de replacer la paroisse dacquoise au milieu du village. Dax, c’est avant tout un sans-faute en finale du championnat de France de 1956 à 1973. 5 finales, 5 perdues. Le Clermont d’antan.
Mais dès l’aube du 21e siècle, les Rouge et Blanc souhaitent rectifier le tir de leurs anciens. À l’issue de la saison 2006-2007, Dax réintègre le Top 14 pour la première fois depuis 5 ans. Et devinez à quelle place terminent les Dacquois pour leur montée en Top 14 ? Deuxième. S’il fallait le préciser. Le costume de vice-champion leur va si bien. Mais dès la nouvelle saison dans l’élite, les Dacquois annoncent très vite la couleur.
11 novembre 2007. Lors d’un déplacement en Italie pour le Challenge Européen, l’US Dax signe une première prestation de référence. Si en ce jour d’armistice, la coutume veut que l’on suspende les hostilités, les Landais vont rallumer la mèche. Et se faire démonter 54-19 par l’immense Rugby Calvisano. Véritable terreur de l’Ovalie mondiale.
Clermont et Dax, un passif partagé avant 2008
Le 8 mars 2008, les Rouge et Blanc accueillent Clermont dans leur antre du Stade Maurice-Boyau. La leçon est correcte : 22-40. Un premier avertissement en somme. Mais pas le temps de se reposer sur leurs lauriers que les Dacquois se rendent au Stade Toulousain la semaine suivante pour un autre test grandeur nature. Cette fois-ci les politesses ne sont pas de mise, et c’est une énième gifle 58-5 qui les attend.
Avant de se déplacer au Stade Marcel-Michelin pour y affronter l’ASM, l’US Dax reste sur 3 défaites consécutives. Et plus aucune chance de se maintenir. Autant dire que l’état d’esprit est quelque peu light avant de partir au combat face aux Clermontois. Ces mêmes Auvergnats qui s’inclineront cette année-là pour la 9e fois consécutive en finale de Top 14.
La dernière venue des Landais à Clermont remonte à dix ans en arrière. Et l’ASM avait corrigé Dax 66-13. Les Auvergnats ne s’en doutaient pas alors, mais il s’agissait seulement d’une mise en bouche.
Le résumé du match ASM – US Dacquoise
Le résumé de la rencontre tient en une image. Ayez à l’esprit une autoroute à trois voies, avec des semi-remorques clermontoises déballant à sens unique sur le bitume dacquois. C’est à peu près ce qu’il s’est passé. Si dès la 5e minute Seremaia Baikeinuku aplatit le premier essai du match, trois autres vont se succéder en l’espace de 7 minutes seulement. Les journées portes ouvertes dacquoises vous passent bien le bonjour. Le score à la mi-temps est de 43-7. Et dire qu’on n’a même pas encore fait la moitié du chemin de croix de l’USD.
La seconde période reprend timidement, avant que Naipolioni Nalaga ne vienne inscrire deux essais en soixante secondes chrono. Mais c’était sans compter le feu d’artifice de la fin de match. Un bouquet final qui fait saliver : 6 essais clermontois en 20 minutes. Pour porter la marquer à 95-7. 14 essais à 1. Dont un savoureux 52-0 en seconde mi-temps.
Dax – Agen, le duel des intellos de la lose
Depuis 1995 et le début de l’ère professionnelle, il s’agit du plus grand nombre d’essais et de points marqués au cours d’un match de Top 14. Mais Dax ne s’arrête pas là. Les Landais ont également scoré le plus petit nombre de points durant une saison (314). Un record qui tient toujours, même après la saison historique du SUA Agen, et ses 315 points inscrits. On sent qu’on est entre membres du Hall of Fame de la lose là.
Ce récital vient ponctuer une saison d’anthologie. Un sublime sans-faute à l’extérieur : 13 matchs, 0 victoire. Solide. Mais l’exercice 2007-2008 de Dax aurait pu être encore plus mirobolant sans le traître albigeois. Pourtant 12e et donc maintenu en Top 14, la DNCG décide de faire descendre Albi en Pro D2 pour des problèmes financiers. Ainsi, les Dacquois se maintiennent en Top 14 avec la plus faible attaque de l’histoire du championnat.
Mais qui dit nouvelle saison en Top 14, dit remake Clermont – Dax. Le 16 mai 2009, l’ASM et l’USD remettent le couvert. Cette fois pas de 95-7, mais un honorable 75-3. Les Dacquois ont mille fois mérité leur surnom de Culs Rouges.
Et la devise de la ville, Regia Semper (« Toujours royale »), ne pouvait être mieux sentie.