FFL d’Or 2022 #3 : Les Girondins de Bordeaux, le meilleur cru du siècle


Girondins de Bordeaux

Quand vous entendez parler de Bordeaux, vous pensez tout naturellement à son vin, son rouge et la place de la Bourse si vous êtes encore en état de visiter la ville. Mais un autre grand cru étend sa notoriété dans le monde entier depuis cette année ; la cuvée des Girondins de Bordeaux 2022.

La saison 2021-2022 des Girondins de Bordeaux est à montrer dans toutes les écoles françaises de gestion de club. Un cas d’école qui devrait donner des idées à nos futurs dirigeants. La raison ? Le club au Scapulaire a injecté tous les ingrédients nécessaires dans sa saison pour nous concocter de la lose dans son état le plus pur. Avant l’année 2022, les Girondins de Bordeaux étaient un grand de France. Mais depuis cet exercice 2021-2022, Bordeaux est devenu un “très grand” pour reprendre les mots de notre Raïs à nous, Marc Madiot.

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Le tandem Lopez – Petković pour vous desservir

Il nous faudrait certainement plus d’une journée pour vous conter les meilleurs moments de la saison girondine, tant les Bordelais ont repoussé les limites de la science. Après 30 ans de présence continue en première division, dont deux titres en 1999 et 2009, le temps est venu de claquer la porte du championnat avec panache pour fêter les 30 ans. Et ce, au terme d’un parcours dont les scénaristes de Marvel n’auraient jamais osé imaginer ne serait-ce qu’1% du script.

Avant même de nous attarder sur le sportif, il convient de parler du premier épisode fondateur en coulisses. Car oui, le rachat du club s’est effectué grâce à un twittos girondin. Zéro vanne.

“Le club était mort, allait tout droit en National, je lui ai souvent dit que la seule personne qui pouvait le sauver, c’était lui. Un jour, il m’a appelé pour me dire qu’il allait faire le nécessaire pour acheter les Girondins” @diabate33

Lui ? C’est Gérard Lopez. L’homme qui a rendu cette histoire possible. Le germe. À ses côtés, il fallait un poids lourd aux commandes de l’équipe, un homme pour qui la tactique n’a aucun secret. Bien évidemment, un seul nom est sur toutes les lèvres quand on dresse ce profil : Vladimir Petković. Si la désillusion est profonde pour les supporters bordelais, la vidéo de son arrivée sur fond d’élimination de la France à l’Euro est la cerise sur le gâteau.

“L’arrivée de Petkovic est une preuve d’ambition” – Gérard Lopez, 27 juillet 2021.

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Le terrain a parlé

Très vite, les Girondins mettent les points sur les i ; la lutte pour le titre de champion se fera sans eux. Avec pas moins de huit défaites lors de la première partie de saison, l’exercice est déjà foiré de bout en bout. Le seul oxygène restant est la Coupe de France. Mais une défaite 3-0 face à Brest en 16es de finale clôt presque définitivement la saison. Presque, car à Bordeaux, chaque année, un match en particulier vaut un titre. Il génère la fierté d’une région, l’essence même de la vie de ce club. La réception de l’Olympique de Marseille.

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À Bordeaux, le 1er octobre 1977 est plus connu que le 14 juillet 1789. Et pour cause, il s’agissait de la dernière fois que l’OM était parvenu à s’imposer en terre girondine. Mais même là, le cru 2021-2022 de Bordeaux dépasse toutes les espérances. Les Marine et Blanc s’inclinent 1-0 sur une boulette de Benoît Costil, et mettent fin à une série de 44 années d’invincibilité à domicile face aux Marseillais. Toutes les bonnes choses ont une fin.

Benoît Costil, l’homme qui a mis fin à la disette de l’OM à Bordeaux

Une saison terminée, en apparence. Car un ultime et dernier objectif voit le jour pour cette fin de saison : celui d’atteindre la barre symbolique des 100 buts encaissés en championnat. La raison ? Une attirance très prononcée pour se prendre des valises : 4-0 contre Nice, 3-0 contre Monaco, 5-2 contre Strasbourg, 6-0 contre Rennes, 5-0 contre Reims, 3-0 contre Paris, 6-1 contre Lyon, 5-3 contre Nantes, 4-1 contre Angers. Un palmarès qui trace très vite le chemin vers une voie royale.

La quête des 100 buts encaissés est née. 

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La tactique des électrochocs

Voyant que tout ne tourne pas rond pour le club du Haillan, Gérard Lopez décide de prendre une série de mesures drastiques. Nous les appellerons les électrochocs.

Électrochoc n°1

La situation sportive des Girondins n’est pas optimale au mois de janvier. La principale cause ? Une défense trouée de toutes parts, et un Benoît Costil qui enfile les no-clean-sheets comme des perles (le total grimpera jusqu’à 30 matchs d’affilée tout de même). Pour renforcer l’axe de la défense, le choix semble évident ; organiser la venue de Marcelo. Mis au placard par l’OL pour des problèmes de flatulences, le Brésilien semble être plus que jamais l’homme de la situation. Et il faut dire que le communiqué des Girondins ne s’y trompe pas. Dans le jargon, on appelle cela “avoir le nez creux”.

“Le Club est heureux d’enregistrer l’arrivée de ce joueur expérimenté dont la connaissance de la L1 est un atout pour notre effectif” – Les Girondins de Bordeaux, 28 janvier 2022.

Bien évidemment, Marcelo apporte des trous d’air incontestables dans la défense girondine. Mais pas de quoi en faire des caisses pour le Brésilien, il faut avouer qu’il est plutôt bien aidé par ses compères.

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Électrochoc n°2

Qui dit arrivée de Marcelo, dit départ de Laurent Koscielny. Enfin, par départ nous entendons plutôt grosse balayette dans les jambes. Les Girondins ne savent pas comment se débarrasser de ce gros salaire, alors le bougre est mis à l’écart à cause d’un “manque de leadership”. Une double humiliation quand on y pense. On imagine que le club et le joueur sont en froid, digne des relations climatisées entre Cristiano Ronaldo et Erik ten Hag. Mais Bordeaux est un grand club, avec des principes. Alors la direction décide de nommer Laurent Koscielny ambassadeur du club. Il n’y a pas à dire, les dirigeants réalisent de bien meilleurs contrepieds que leurs joueurs.

Mais cette affaire n’a pas touché à sa fin. Le point d’orgue intervient lors d’un match caritatif organisé par les Girondins en fin de saison. Devinez qui foule la pelouse tout sourire ? Laurent Koscielny of course.

Électrochoc n°3

Petit à petit, les dirigeants des Girondins se rendent compte que le problème de l’équipe n’est pas seulement la défense. En effet, il semblerait que Vladimir Petkovic ait une petite part de responsabilité dans ces résultats. Pourtant, au vu de la vidéo promouvant son arrivée au club, on aurait juré que non. En deux temps trois mouvements, Gérard Lopez licencie Petkovic. Bien sûr, comme dans toutes saisons apocalyptiques, l’affaire ne pouvait pas en rester là. Le Croato-bosnio-suisse réclame la modique somme de 10 millions d’euros au club. Le groupe vit bieng.

Vladimir Petkovic, en totale maîtrise
Électrochoc n°4

L’ultime chance de maintien des Girondins de Bordeaux est désormais entre les mains de David Guion. Mais cela n’empêche pas les Bordelais de terminer cette saison de la meilleure des manières, en trustant la dernière place du classement. À 1 point seulement du barragiste stéphanois. Entre désillusion, embrouille avec les supporters et résignation, la boucle est bouclée. Seule ombre au tableau, les Girondins atteignent “seulement” les 91 buts encaissés en championnat. Rarement la ville de Bordeaux a aussi bien porté son surnom de « la Belle Endormie ». Un vibrant hommage porté à sa défense.

Une saison que nous ne reverrons pas de si tôt dans l’Hexagone. Cela méritait bien une place dans le top 3 de nos FFL d’Or, non ?

Le seul podium que sont parvenus à accrocher les Girondins cette saison.

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Les +

  • Une saison tout bonnement exceptionnelle. Un club uni dans le désir de se saborder, à tous les niveaux, c’est un feu d’artifice que nous ne pouvons que contempler avec les yeux qui brillent.
  • Une défaite à domicile, contre Marseille, sur une boulette. La cerise sur un gâteau déjà bien fourni.

Les –

  • On doit remonter sur l’année 2021 pour apprécier la quintessence de cette lose.
  • Depuis la descente en Ligue 2, les performances sont beaucoup plus ternes. Une triste deuxième place à la trêve, bien loin des standards de l’AS Saint-Etienne.
  • Une quête des 100 buts inachevée.

 

Tom