Roland Garros | Moutet, le braquage à l’italienne


Moutet Roland Garros 2020

La vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain. Rarement un proverbe s’est montré aussi juste. Tandis que dimanche soir nous débutions notre deuil à la suite du sacre implacable de Julian Alaphilippe lors des Mondiaux d’Imola, les Mousquetaires de Roland-Garros décidèrent finalement de nous changer les idées.

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Et de quelle manière. Une élimination au premier tour de Gaël Monfils et Corentin Moutet. Le premier a été rapide et efficace. Le second a fait durer le plaisir pour finalement prendre la porte lui aussi. Retour sur ce match de dingo, remporté par le 157e joueur mondial, l’illustre no-name Napolitain Lorenzo Giustino.

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Un premier set alarmant

Dimanche après-midi. Tout avait si mal commencé pour Moutet avec un premier set empoché 6-0 en 28 minutes. Un match à sens unique. Lorenzo Giustino commençait à nous faire quelques frayeurs. Sera-t-il à la hauteur pour nous faire oublier la haute trahison de Julian ? Dieu sait que les premières minutes de la partie ne nous ont pas rassurés, du tout.

la FFL sauvée par les tie breaks

Puis la machine italienne s’est mise en route. Un deuxième set accroché voit notre Français se rendre jusqu’au jeu décisif. Ce jeu où la solidité psychologique compte plus que tout. Bien aidé par une nationalité qui pèse lourd dans ces moments, Moutet craquera à 9-7 pour remettre l’Italien en course. Le début de troisième tourne à l’avantage du transalpin avant que les éléments (et on ne parle de la voix suave de Nelson Monfort) ne viennent perturber les échanges. On reprendra lundi. Une journée qui allait rentrer dans les annales.

Hier après-midi. Mené 4-3 dans le 3e set, Corentin Moutet devait réagir immédiatement pour éviter une parution dans la FFL (que vous êtes en train de lire en ce moment). Chose faite en débreakant Giustino dans la foulée. Contrairement à ses collègues français du lundi, Moutet semble entrer sur le court armé d’un atout méconnu qu’on appellerait mental. On a bien dit semble.

Car oui, un nouveau jeu décisif aura raison des intentions victorieuses du jeune tricolore. Une nouvelle manche remportée 7-6 par Giustino, et les vautourédacteurs de la FFL se penchent sur ce match qui commence à devenir drôlement intéressant…

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Cependant, le set suivant le sera nettement moins. Comme au premier, Moutet est injouable pour son adversaire. Gifle du coup droit, revers slicé, amorti rebondissant pile derrière le filet, toutes les lignes imaginables trouvées. La palette du Français le mène au gain de la manche 6-2. La FFL craint une confirmation au 5ème. Mais la suite appartiendra à l’hHistoire.

5e set : duel de chokes

Début de la manche décisive. Comme son nom l’indique, il s’agit du set final qui va départager les deux joueurs. Enfin, s’ils le veulent bien. Moutet se reconcentre à force de ronchonnements bien sentis et oblige Giustino à mener rapidement 3-0. Le mental les amis. Mais comme un avant-goût de ce qui allait se passer, Corentin recolle à 3-3, break et mène même 4-3 service à suivre. Pas si vite. Débreak dans les dents. 4-4. Le mano a mano est lancé. Et il va durer.

6-6. Pas de tie-break dans la manche décisive. Un soulagement pour le Français. Ce sera deux jeux d’écart ou rien. Alors qu’on s’attend à un match marathon, Moutet s’approprie le service de son adversaire. Sur un « Vamooooos » à la suite d’un coup droit main gauche. Coude plié, raquette finissant derrière l’épaule. Bandeau vissé sur la tête. Notre Raphaël Nadalle à nous.

Mais ça me casse les c***lles ce match!

Moutet, dans son match

7-6 Moutet. Service Moutet. 30-0. Détrompez-vous, nous sommes pile poil à 2h de la fin du match. Deux mines dans le filet plus tard, Giustino recolle à 7-7, lui qui n’avait rien demandé. Pris dans son élan, il obtienra même une balle de match sur le service suivant de Coco. Mais c’est bien connu, la lose fait fi des frontières. Et c’est un game point loupé. Craquage à l’italienne.

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Et à la fin, ce sont les Français qui perdent…

13-13. 5h25 de jeu. Autant dire que les deux joueurs commencent à se faire littéralement chi*r sur le court. Aucun ne parvient à prendre le dessus sur l’autre. Jusqu’à ce que Corentin inflige un break blanc sans aucune raison à l’Italien, comme pour lui rappeler que sans break, ce match ne se terminera jamais.

Nan mais le mec c’est quoi sa potion magique? Sans déconner, il n’est même pas fatigué!

Moutet, toujours dans son match

Porté par les 17 supporters du court n.14, Moutet sert alors pour le gain du match. Et se fait débreaker, à la surprise générale (pas du tout).

Bien aidé par les jeux de service lunaires du fenomeno Lorenzo, Moutet re-re-re-re-breake dans la foulée et sert une troisième fois pour le gain du match. Vous connaissez la suite. Le pyromane Giustino vient éteindre ses propres incendies en recollant à 15-15. Et c’est reparti pour un tour. Sauvez-nous.

On m’a tout fait aujourd’hui, tout!

Moutet, encore et toujours dans son match

Après avoir servi à trois reprises pour la victoire, Moutet laissera une nouvelle fois échapper son service. Et se fera sortir dès le premier tour par ce prometteur italien de 29 ans qui n’avait encore jamais remporté le moindre match en Grand Chelem.

Mais la lose ne s’arrête pas là. Au terme d’une rencontre qui aura duré 6 heures et 5 minutes, Moutet et Giustino échouent à seulement 28 petites minutes du match le plus long de l’histoire de Roland-Garros. Tout ça pour ça. Mais rassurez-vous, le record reste entre de bonnes mains. Il est toujours détenu par le duel franco-français Clément – Santoro. Cocorico.

Il ne reste plus qu’à aller chercher cette troisième place qui nous échappe encore. Gillou, Richard, si vous nous lisez…

Tom