Renault | L’affaire du Spygate, le plus beau plan à trois de l’histoire de la F1.


L'affaire du Spygate

Dans les souvenirs de tous les suiveurs de la Formule 1, la saison 2007 est le théâtre d’un plan à trois entre Raikkonen, Hamilton et Alonso pour le titre mondial. Mais un autre triangle se forme cette année-là. Ferrari, McLaren et Renault, bien sûr.

L’histoire qui va suivre pourrait être tout droit tirée d’un scénario hollywoodien. Mais pas besoin de passer par Los Angeles quand on a la Formule 1 dans la vie. En 2007, la bataille fait rage entre Ferrari et McLaren. Après les deux sacres mondiaux de Fernando Alonso, chaussés des mythiques pneus Michelin, les Italiens et les Anglais comptent bien prendre le relais. Mais un scandale dans le microcosme de la F1 va rendre cette saison 2007 trépidante. Digne des séries les plus endiablées telles que Les Feux de l’Amour, au moins.

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Tout commence à l’hiver 2007. Nigel Stepney, chef mécanicien de Ferrari depuis plus d’une décennie, est mis à l’écart par la Scuderia. Stepney menace de quitter l’écurie, mais personne ne bronche. L’Anglais reste finalement, mais à quel prix. En effet, pour se venger, Stepney divulgue des informations capitales de la Ferrari à Mike Coughlan, ingénieur McLaren. Le crime de lèse-majesté parfait. Mais le chef mécanicien de Ferrari ne se doute pas une seule seconde que la personne qu’il a choisi d’informer chez McLaren, n’est autre que le François Pignon anglais.

Mike Coughlan, le Pierre Richard d’Angleterre

Jusque-là, rien n’a fuité. Jusqu’au jour où Mike Coughlan envoie sa femme Trudy photocopier les centaines de pages techniques concernant la Ferrari. Mais la gaffe ne s’arrête pas en si bon chemin. Trudy ne trouve pas de meilleure idée que de réaliser ces photocopies à Woking même. Petite ville connue mondialement pour abriter l’usine McLaren. C’est comme si ces photocopies avaient été réalisées à Maranello pour Ferrari. On a vu meilleure doublure au pays de James Bond.

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Suite à cet agissement étrange, le propriétaire du magasin à Woking décide de contacter personnellement la Scuderia. Photocopier des documents estampillés du logo Ferrari dans une ville accueillant l’usine McLaren, on avoue que ça peut porter à confusion. Et c’est là que cette histoire devient épique. L’information remonte à Luca Di Montezemolo, patron de la Scuderia. Celui-ci décide de porter plainte contre McLaren. Le Spygate, ou Stepneygate, vient de naître.

“Je veux remercier ce gentleman anglais qui, au mois de juin, a voulu nous informer qu’une personne liée à une équipe adverse est entrée dans sa boutique et lui a demandé de photocopier des dizaines de pages contenant des informations techniques sur notre voiture” L. Di Montezemolo

Une balance sans nom au passage. Ce roi.

Renault, la pièce manquante du puzzle

Mike Coughlan révèle très rapidement que McLaren était au courant de cette supercherie. L’écurie britannique voit tous ses points retirés au championnat, et écope d’une amende record de 100 millions de dollars. De quoi en faire le scandale le plus cher de l’histoire de la Formule 1. Ça fait drôlement cher le pompage.

Toutefois, vous vous demandez comment l’écurie Renault a été concernée par cette affaire ? Voyant qu’elle est en train de chuter toute seule, l’équipe McLaren décide d’accuser à son tour Renault. Dans le jargon, on appelle ça le geste du désespoir. Mais alors qu’on pense que Ron Dennis et sa clique ont tenté le tout pour le tout, il s’avère que l’accusation est finalement fondée.

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Après Nigel Stepney chez Ferrari, Mike Coughlan chez McLaren, place à Phil Mackereth chez Renault. Ingénieur du côté de McLaren, ce dernier migre vers Renault comme par hasard. Et pas avec les mains vides. En effet, il apporte à la marque au losange des documents techniques concernant la monoplace de l’écurie britannique. Un plan à trois du tonnerre on vous dit.

La défense de Renault ? On avait connaissance de ces documents, mais on ne les a pas consultés. Et le plus beau dans tout ça, c’est que le Conseil Mondial de la FIA y croit dur comme fer. Dit comme ça, on dirait qu’on a épluché tous les documents du procès à la Spotlight. Alors qu’on n’en sait fichtrement rien. Résultat ? Renault est reconnu coupable d’avoir possédé des documents en lien avec McLaren. Mais évite toute sanction car rien ne prouve qu’elle en a tiré profit. Les filous.

En tout cas une chose est sûre, le gentleman agreement n’existe pas en coulisses.

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