Paris – Dakar | Sunderland, le véritable Black Cat de Van Beveren.


C’est un rituel chaque année. Le Paris – Dakar lance la saison automobile dès les premiers jours de janvier. Et pour cette 44e édition, une autre tradition était au rendez-vous : le craquage d’un Français dans les ultimes instants. Adrien Van Beveren peut être fier de lui ; le voici officiellement en lice pour les FFL d’Or de fin d’année.

Adrien Van Beveren, retenez bien ce nom

Adrien Van Beveren. Si ce nom possède une forte consonnance flandrienne, on a toutefois la chance que ce pilote de moto soit bien né en France. Ou plus précisément dans la Flandre française, à Hazebrouck. Il faut dire que pour quelques kilomètres seulement, et à une frontière près, cet Hazebrouckois nous a offert l’une des plus belles prouesses tricolores sur l’épreuve du Paris-Dakar. On avait certes eu droit lors de l’édition 1989 à la fameuse erreur de navigation du non moins célèbre Ari Vatanen à bord de sa Peugeot 405 T16. Mais il n’en restait pas moins un Finlandais au volant d’une voiture tricolore. Là, c’est différent. Le pilote est français bon sang.

Agé de 31 ans, Adrien Van Beveren est au sommet de sa carrière. En effet le Nordiste compte à son palmarès pas moins de trois sacres à l’Enduropale du Touquet, soit la plus longue course sur sable du monde. Rien que ça. Si les succès se sont entassés durant sa carrière, une seule épreuve lui résiste encore ; le Paris-Dakar. Tandis que sa première participation dans la catégorie moto remonte en 2016, il la termine à une honorable 6e place. Mieux encore, l’année suivante il conclut sa seconde apparition au pied du podium, en 4e position, avec en prime une victoire d’étape. Une telle dynamique chez le commun des mortels fait très vite apparaître une vague d’espoir dans les yeux. Et c’est exactement à ce moment précis que nous entrons en jeu.

Dès lors, les quatre participations suivantes vont toutes se conclure sur des abandons. Entre chutes terribles et casses moteurs, le sort s’acharne sur le pauvre Adrien. Alors quand l’édition 2022 commence le 1er janvier dernier, il est évident que l’esprit de revanche anime le Nordiste pour tout broyer sur son passage. Rarement une phrase aura été à la fois si vraie et si fausse.

Un fauteuil pour deux en Arabie Saoudite

Le Paris – Dakar 2022 se déroule, comme son nom l’indique, en Arabie Saoudite. Si le duel entre les autos de Nasser Al-Attiyah et Sébastien Loeb a animé toute l’épreuve, niveau moto le parcours de Van Beveren lors de cette édition est digne du plus beau des accordéons. En effet le Nordiste talonne le Britannique Sam Sunderland, en tête du classement. Alors qu’il revient à 4 petites secondes de lui à l’issue de la troisième étape, il trouve le moment opportun pour réaliser un pilotage du tonnerre lors de l’étape suivante ; hors du top 10 et à près d’un quart d’heure du vainqueur du jour. Propre.

Puis arrive cette fameuse 7e étape. Ou du moins devrions-nous l’appeler le braquage. Si Van Beveren termine à une anonyme 10e place, ses concurrents directs sont relégués autour de la 30e position. À seulement cinq jours de l’arrivée, le Français reprend la tête du classement, et possède plus de 5 minutes d’avance sur Sunderland. Coup d’esbrouffe pour le natif de Hazebrouck.

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Mais comme vous vous en doutez, occuper la première place du classement n’est pas franchement ce qui ravit Van Beveren. Alors le Nordiste nous sort une nouvelle fois une étape de dingue, et plus de dix minutes de perdues sur Sunderland. Ce chassé-croisé commence fortement à ressembler au duel Hamilton – Verstappen avec un guidon.
Et le pire dans tout ça, c’est que Van Beveren reprend à nouveau les rênes du classement à l’issue de la 10e étape. Ce running gag commence à devenir fortement épuisant. Le Français possède 6 minutes d’avance sur Sunderland. À deux jours de l’arrivée. Autour vous dire que la dose d’espoir injectée dans le corps du natif de Hazebrouck est assez puissante.

« Quand on se trouve sur le podium virtuel et que ça se joue aussi peu il y a de la pression… mais jusqu’ici je la gère bien » A. Van Beveren

Si seulement l’avenir avait pu le briefer pour un cours de media training.

Sunderland, le chat noir de Van Beveren

Jeudi 13 janvier. Il reste à Adrien plus de 1000 kilomètres à parcourir avant de célébrer, pourquoi pas, la victoire la plus importante de sa carrière. Et même face aux ogres Honda, KTM et Gas Gas, le Nordiste ne se dégonfle pas. Petit hic, étant premier c’est lui qui doit ouvrir la route sur un parcours ensablé. Et donc livrer sur un plateau une trace de roue à ses adversaires. Mais il en faut plus pour le contrarier.

« Je suis peut-être le seul à ne pas voir de stratégie, et peut-être que ça marchera comme ça » A. Van Beveren

Qui a dit que la France était le pays le plus pessimiste du monde ? Qui ?

Mais il faut se rendre à l’évidence, être le lièvre de tous ses concurrents n’était pas forcément la meilleure tactique à appliquer. Le bougre termine 15e de l’étape, et perd plus de 21 minutes sur les leaders. Les limites du panache. La faute à une erreur de navigation. La suite ? Une longue traversée du désert. Sans aucun jeu de mot.

« J’ai cherché un way-point qui ne s’est pas ouvert… j’y ai lâché beaucoup de temps, ça m’a mis les nerfs. Je suis parti à fond, et ensuite j’ai aussi faillé tomber en panne d’essence » A. Van Beveren

Est-ce qu’on peut dire qu’il s’agit de la définition d’une étape totalement foirée ? Oui on peut. Van Beveren termine également 15e de la dernière étape reliant Bisha à Djeddah. Et finit ce Paris – Dakar à la plus belle des positions possibles : quatrième. À 18 minutes du vainqueur Sam Sunderland.

La gestion du money time chers amis.


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