Mondiaux de la frite | La performance indigeste de nos Français


On pensait que le record de la chenille humaine la plus longue du monde était la compétition la plus déjantée de ce bas monde, que nenni. A Arras, un tournoi bien singulier a eu lieu sur la Grand’Place ; le championnat du monde de la frite. Et pas celle qui vous permet de flotter dans l’eau. Non, la bonne vieille frite bien grasse à base de patate. 

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S’il existe un débat houleux au sujet du lieu de naissance de la pomme de terre frite, qui voit la France et la Belgique se l’arracher à la manière du mont Saint-Michel, une autre question a pu enfin trouver réponse à Arras ; qui cuisine le mieux ? Et pour cela, seuls les premiers Mondiaux de l’histoire pouvaient briser le mystère.

Une compétition qui frôle l’incident diplomatique

En matière de consommation de frites, la Belgique est LA championne du monde, avec 16 kg ingurgités par chaque personne tous les ans. Alors c’est en toute logique que ce pays faisait figure de grand favori pour les Mondiaux de la frite. A Arras, dès 8h du mat, les friteuses battaient à plein régime tel le ronronnement d’un V12. Avant même le début des hostilités, le critique gastronomique François-Regis Gaudry, présent sur place, se laisse aller à une touche de chauvinisme. Histoire de nous jeter dans le grand bain (de cuisson). Armez-vous de patience, ce n’est que le premier jeu de mots de cet article.

“Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui n’aime pas les frites” F-R. Gaudry

Petit point de vocabulaire avant de lancer les débats. Les compétiteurs engagés sont des “friteurs”. Oui, on se prend au sérieux dans le secteur de la frite. A l’occasion de la compétition, on en compte une trentaine venue des quatre coins du monde, comme le Québec, le Japon et bien sûr… la Belgique. Mais à l’instar de la demi-finale du Mondial 2018, les Diables Rouges ont vu une frite leur rester en travers de la gorge. Explications.

Au menu, quatre catégories composent ce tournoi : la frite familiale, la frite créative, la sauce frite de l’année et la frite authentique. Cette dernière fait tout simplement office de catégorie reine. Le 100 mètres de la frite quoi.

La France sur le toit du monde de la frite

Parmi les quatre finalistes de la frite authentique, ils sont anglais, belge, français et japonais. Mais garde à ce dernier qui cache bien son jeu ; son second n’est autre que le champion du monde du pâté en croûte en personne. Des méga stars à chaque poste, on pense bien évidemment au Real de la frite. En l’espace d’une heure et 10 minutes, les finalistes doivent convaincre le jury de la prodigiosité de leurs bâtonnets de patate.

Et à ce petit jeu, c’est Aurèle Mestré, travaillant dans une friterie à Lille, qui remporte le tournoi. Le voici premier champion du monde de la frite de l’histoire. Le secret de son exploit ? Résister à la chaleur infernale de la friteuse tout en gardant la tête froide. Un exercice d’équilibriste.

“J’ai tout simplement appliqué ce que je fais d’habitude, à savoir un premier bain à l’huile de tournesol, un deuxième bain à la graisse de bœuf pour avoir une frite croustillante et fondante. Le travail paie” A. Mestré

Au cas où vous ne l’auriez pas saisi, la frite, c’est technique.

Derrière ce sacre français qui ne nous plaît guère, nous avons une légère consolation. En effet, côté belge, on vous laisse imaginer leur réaction après avoir hérité de la place au pied du podium. La Belgique ne pouvait pas terminer quatrième du concours sans rejeter la faute sur quoi que ce soit.

“On a eu quelques désagréments au niveau de la friteuse” Candidats belges

Le “engine problem” du concours de frite.

Même au royaume de la frite, la France est injouable

Mais la catastrophe tricolore ne s’arrête pas là. Pour rappel, quatre catégories étaient prévues au début du concours. Et vous savez quoi ? Les quatre vainqueurs sont français. A deux doigts de demander la radiation à vie de la frite de notre fédération. Avec ce quadruplé historique, la FFL vient de s’exposer à un cas de lachanophobie aigüe.

La région des Hauts-de-France n’en est pas à son coup d’essai dans les tournois de zinzin. En septembre dernier, la braderie de Lille avait déjà battu le record du monde de la plus grande chenille avec 3941 participants. On a trouvé plus dingos que les Marseillais.

Tom